Forum Opéra

La Melancholia — Paris (Philharmonie)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
12 novembre 2011
Dis, Pascal, c’est quoi, un opératorio ?

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Igor STRAVINSKY

Requiem Canticles

Pour contralto, basse, choeur et orchestre

Créé à l’université de Princeton, le 8 octobre 1966

John CAGE

Seventy-Four

Pour orchestre, créé à Carnegie Hall, New York, le 8 novembre 1992

Pascal DUSAPIN

La Mélancholia

Opératorio pour quatre voix solistes, trio de cuivres, douze voix mixtes, orchestre et bande (voix parlées)

Créé au Théâtre du Châtelet, Paris, le 17 mars 1992

Anu Komsi, soprano

Helena Rasker, contralto

Tim Mead, contre-ténor

Alexander Yudenkov, ténor

Rudolf Rosen, baryton

SWR Vokalensemble Stuttgart,

Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden & Freiburg

Direction musicale

Jonathan Stockhammer

Cité de la Musique, Paris, samedi 12 novembre 2011, 20h

 

Alors qu’approche à grands pas la création d’une nouvelle œuvre lyrique de Pascal Dusapin, O Mensch !, annoncée comme un opéra alors qu’il s’agit à première vue plutôt d’un cycle de mélodies, dont le compositeur lui-même assurera la « mise en scène », la question mérite d’être posée : qu’est-ce qu’un « opératorio » ? Le mot a été repris par plus d’un, on l’applique même parfois au Saint-François d’Assise de Messiaen, mais quelle est la différence par rapport à un opéra ou un oratorio ? D’un bout à l’autre de sa carrière de compositeur lyrique, de Roméo & Juliette (1989) à Passion (2008), Dusapin ne cesse de revisiter le genre, mais c’est peu dire que ses œuvres théâtrales n’ont rien de spécialement dramatique. A chaque fois se pose la question du livret, dont le compositeur est le plus souvent l’auteur : ce sont des opéras sans action ni héros, mais sans doute les notions de narrativité et de personnage sont-elles désespérément has been aux yeux de Pascal Dusapin. Que reste-t-il, alors, pour rattacher ces œuvres à des genres hérités du passé ?

Pour cette dernière soirée de la thématique « Mélancolie » à la Cité de la Musique et à la Salle Pleyel, le programme s’ouvre sur le Requiem composé par un Stravinsky à bout de souffle et à court d’inspiration. Cet exercice de style très Sixties lorgne tantôt vers Stockhausen, tantôt vers Boulez, et cultive en virtuose l’inexpressivité. Les interventions de deux solistes sont soigneusement dénuées de tout sentiment : réussite totale de ce point de vue. Vient ensuite une œuvre de John Cage exactement contemporaine de La Melancholia, et dont le titre renvoie en fait au nombre d’instrumentistes nécessaires à son interprétation. Œuvre fascinante que ce Seventy-Four qui pourrait semble-t-il n’avoir ni fin ni commencement, musique lancinante, étirée, qui superpose les timbres orchestraux de manière moins aléatoire qu’elle n’en a l’air. L’orchestre symphonique du SWR l’interprète d’ailleurs sans chef, puisqu’un métronome suffit apparemment.

 

Après l’entracte vient le fameux « opératorio ». Pour le livret, Pascal Dusapin a procédé à un collage érudit de citations dans diverses langues vivantes ou mortes, tirées de textes de mystiques et de philosophes européens. Les effets de superposition, lorsque le chœur chante autre chose que les solistes, par exemple, garantissent l’inintelligibilité totale de ces paroles, sauf si on lit le livret en même temps. Oratorio, à la rigueur, mais opéra, pourquoi ? On saluera au passage la prestation impeccable du SWR Vokalensemble, d’où se dégagent de nombreuses voix isolées. Quant au quatuor de solistes, on ne peut pas dire que Dusapin les ait gâtés. Comme dans Faustus, The Last Night, la soprano est presque systématiquement confinée dans le suraigu le plus strident, et Anu Komsi se plie sans faillir aux exigences d’une partition qui la transforme en caricature postmoderne de la Reine de la Nuit. A la contralto échoient en revanche les seuls vrais moments d’émotion de la partition, lors d’un passage où la soliste dialogue avec le chœur ; la voix onctueuse de Helena Rasker impressionne fortement, dans ces instants dépouillés entre deux déchaînements de l’orchestre. Le très sonore contre-ténor Tim Mead, connu pour ses prestations haendeliennes, et le ténor Alexander Yudenkov, qui bénéficie malgré tout d’un « air », ont beaucoup moins l’occasion de briller. Chacune des trois parties de l’œuvre se conclut par la diffusion d’une bande enregistrée, où une voix de femme lit un texte en grec, tandis que le jeune Louis Dusapin, fils du compositeur, en lit la traduction en français. Tiens, c’est peut-être à lui qu’il faudrait poser la question : il doit bien avoir une idée de ce qu’est un « opératorio »…

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Igor STRAVINSKY

Requiem Canticles

Pour contralto, basse, choeur et orchestre

Créé à l’université de Princeton, le 8 octobre 1966

John CAGE

Seventy-Four

Pour orchestre, créé à Carnegie Hall, New York, le 8 novembre 1992

Pascal DUSAPIN

La Mélancholia

Opératorio pour quatre voix solistes, trio de cuivres, douze voix mixtes, orchestre et bande (voix parlées)

Créé au Théâtre du Châtelet, Paris, le 17 mars 1992

Anu Komsi, soprano

Helena Rasker, contralto

Tim Mead, contre-ténor

Alexander Yudenkov, ténor

Rudolf Rosen, baryton

SWR Vokalensemble Stuttgart,

Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden & Freiburg

Direction musicale

Jonathan Stockhammer

Cité de la Musique, Paris, samedi 12 novembre 2011, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle