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Un jour, une création : 3 novembre 1770, à Vienne

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3 novembre 2020
Un jour, une création : 3 novembre 1770, à Vienne

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Par un étrange hasard de calendrier, c’est à Vienne qu’a été présenté voici 250 ans le nouveau « Dramma per musica » de Christoph Willibald Gluck et de son librettiste Ranieri de Calzabigi, Paride ed Elena.

En préambule à ce nouvel épisode d’Un jour, une création, ce hasard est une autre occasion de rappeler tout ce que la culture doit à Vienne, aujourd’hui si cruellement meurtrie ; et aussi d’adresser toutes nos pensées aux victimes de ce nouvel acte terroriste, aussi horrible que lâche.

Beaucoup voient dans OrfeoAlceste et Paride ed Elena une sorte de trilogie par laquelle Gluck, avec son librettiste fétiche d’alors, Ranieri de Calzabigi, aurait fondé sa réforme de l’art lyrique. Sans entrer dans ce débat, il est incontestable que Paride ed Elena est bien la troisième et dernière collaboration entre les deux hommes. Comme les deux précédentes œuvres, celle-ci est destinée au Burgtheater de Vienne, où elle est créée voici tout juste 250 ans.

Mais, un peu comme Alceste, cette création ne rencontre qu’un accueil poli, au soir du 3 novembre 1770. Gluck et son librettiste avaient pourtant pris soin de ne fâcher personne, en particulier à la Cour. D’abord, la partition est dédiée au duc de Toscane, Léopold Ier, qui deviendra souverain du Saint-Empire romain germanique à la mort de son frère Joseph II en 1790.  Ensuite, le choix du sujet supposant de parler d’adultère aux dépens du roi Ménélas, Calzabigi et Gluck sont allés au-devant des critiques impériales, qui voulaient du « galant sans diable », en édulcorant autant qu’ils l’ont pu le récit original, tiré d’Ovide. Dans ce « Dramma per musica », Hélène n’est pas encore l’épouse de Ménélas lorsque Pâris la séduit, ou du moins essaie de la séduire pendant 5 longs actes sur le mode du « Cèdera, cèdera pas ».

Le résultat est une certaine fadeur qui n’a échappé ni au public, ni aux auteurs eux-mêmes. L’œuvre ne sera représentée qu’à une vingtaine de reprises en 30 ans et Gluck ne mettra pas sa partition dans ses bagages pour Paris quelques années après. Il ne semble pas, 250 ans plus tard, que Paride ed Elena ait véritablement trouvé son public.

Et pourtant, la fadeur dramatique n’empêche pas la partition de compter des moments d’inspiration musicale dignes du grand Gluck, comme ce très célèbre « O del mio dolce ardor » que chante Pâris au premier acte.  Si Pâris a d’abord été créé par le castrat Millico, c’est bien Magdalena Kožená qui l’interprète ici  avec les Gabrieli Players sous la direction de Paul McCreesh

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