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Un jour, une création : 3 juin 1922, Igor prend une buffo

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3 juin 2022
Un jour, une création : 3 juin 1922, Igor prend une buffo

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En 1922, Stravinsky vit essentiellement sur la côte basque, à Anglet, puis à Biarritz, où il restera quelques années. C’est là qu’après avoir composé en région parisienne quelques œuvres instrumentales, il reprend l’idée d’un nouvel opus lyrique qu’il avait un temps destiné à Moscou et qu’il va reprendre pour l’Opéra de Paris.

Concilier la tradition de la commedia dell’arte qu’il aime tant avec l’opéra russe classique dont il vénère les pères, de Glinka à Rimski-Korsakov, en passant par Tchaïkovski, tel est l’objectif que se fixe Igor Stravinski lorsqu’il aborde son troisième opéra. Le caractère bouffe d’une partition serait le tribut à l’Italie et pour la Russie classique, ce serait l’argument.

Le livret choisi est  donc naturellement tiré de l’oeuvre de Pouchkine : La petite maison de Kolomma, adaptée par Boris Kochno, qui ne retiendra que l’idée générale, mais rien du texte. «  Sur le plan musical, ce poème de Pouchkine me menait droit à Glinka et Tchaïkovski et résolument, je me rangeais de leur côté. Je précisais ainsi mes goûts et mes préférences, mon opposition à l’esthétique contraire et reprenais la bonne tradition établie par ces maîtres. », écrira Stravinski dans ses souvenirs.

L’argument tient en peu de phrases : Paracha, jeune villageoise russe, tombe amoureuse de Vassili, un hussard. Pour ne pas trop le perdre de vue, elle le fait engager comme… cuisinière chez sa mère. Et voici comment Vassili devient Mavra. Mais tout grimé qu’il est, Mavra ne peut pas empêcher sa barbe de repousser un peu trop vite. Alors Mavra se rase et est surpris par la mère de Paracha, qui s’évanouit tandis que le jeune homme s’enfuit.

La partition d’une demie-heure est découpée en sept parties entrecoupées de dialogues sur une musique de style néo-classique, adopté par Stravinsky depuis Pulcinella. Le compositeur puise largement dans le folklore russe, et insère çà et là des chants tziganes et du jazz. L’œuvre est le seul opéra russe qui emprunte aux comédies basées sur le travestissement, dont on peut penser que Stravinsky les a parodiées.

Mavra, dédiée à Tchaïkovski (mais aussi à Glinka et Pouchkine), est jouée en privé à l’Hotel Continental à Paris, le 29 mai 1922, avec l’auteur au piano. La création scénique a lieu voici tout juste cent ans aujourd’hui à l’Opéra de Paris. Mais c’est un échec. « Mavra fut considérée comme une boutade déconcertante de ma part et fut pour beaucoup une vraie déconvenue. Telle la considéra également toute la critique, notamment la gauche d’avant-garde. Elle condamna l’œuvre d’emblée sans lui attacher la moindre importance et comme ne valant pas la peine d’être examinée de plus près. Seuls quelques musiciens appartenant à la jeune génération apprécièrent Mavra et se rendirent compte du tournant qu’elle marque dans ma pensée musicale ».

Puisque c’est l’Opéra de Paris qui a abrité la création de la pièce, en voici une captation d’une de ses très rares reprises, en 2001, au Palais Garnier. Et comme on n’a pas tous les jours cent ans, voici même Mavra dans son intégralité.

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