Après quelques hésitations, à la suite du Tryptique créé à New York, Puccini accepta la proposition de mettre en musique l’adaptation par le journaliste Simoni et le librettiste Adami de l’œuvre de Carlo Gozzi, Turandotte, déjà transformée en opéra par Ferruccio Busoni en 1917. Puccini eut de grandes difficultés à avancer, étudiant la musique chinoise et attendant parfois avec appréhension les parties achevées du livret. Bon an, mal an, la partition était déjà bien avancée fin 1922. Restait le dernier acte, que Puccini redoutait entre tous et pour lequel il nourrissait de grandes ambitions. Hésitant, prêt à renoncer tant il craignait de ne pas trouver l’inspiration, il s’y attaqua enfin à l’été 1923. Mais dans le même temps, il était taraudé par des maux de gorge très violents et le diagnostic d’un cancer inopérable tomba à l’automne 1924 alors qu’il lui restait le duo final à achever. Puccini emporta les esquisses de ce duo qui lui donnait tant de mal dans un voyage de la dernière chance à Bruxelles où il devait suivre un traitement innovant, dont il ne réchappa pas et mourut fin novembre. Personne ne voulut pour autant abandonner ce qui serait donc sa dernière œuvre lyrique et on chercha quelqu’un pour la terminer. Le fils de Puccini récusa Zandonai et le choix se porta, avec l’accord de Toscanini qui devait créer l’œuvre à Milan, sur l’assistant de Puccini, Franco Alfano, lequel écrivit le final grandiloquent qu’on connaît aujourd’hui et qui n’est pas pour rien dans le succès de l’œuvre, contrairement à ce qu’on entend souvent. Pourtant, lors de la création, le 25 avril 1926, Toscanini posa sa baguette à la fin de l’air de Liù, qui vient de se suicider par amour pour ne pas révéler le nom de Calaf à l’horrible Turandot et se tourna vers le public milanais pour lui dire « C’est ici que le Maître interrompit son travail. La mort, cette fois, fut plus forte que l’art ». On ne créa le nouveau finale que quelques jours plus tard. Certaines productions, dont celle de l’opéra de Rome il y a peu, optent pour ce même choix et clôturent l’opéra à la mort de Liù. Mais on sent bien qu’il manque quelque chose. Il faut donc choisir entre un finale imposant et celui, plus intimiste mais pas forcément beaucoup plus convaincant, de Luciano Berio, créé en 2002. Et pour ne pas choisir, voici donc la scène du sacrifice de Liù, ici dans la célèbre production technicolor et des plus chargée de Zeffirelli, il y a près de 30 ans, au Metropolitan Opera de New York.
Un jour, une création : 25 avril 1926, le triomphe post-mortem de Puccini
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25 avril 2016
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