Forum Opéra

Un jour, une création : 24 février 1979, Lulu jusqu’au bout.

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Zapping
24 février 2019
Un jour, une création : 24 février 1979, Lulu jusqu’au bout.

Infos sur l’œuvre

Détails

Nous sommes en 1927. Alban Berg, après Wozzeck, cherche un nouveau sujet d’opéra et il se penche sur les créations contemporaines au théâtre. Son choix se porte bientôt sur Et Pippa danse, de Grehart Hauptmann, une pièce écrite en 1906, en plein renouveau théâtral allemand. Il y est question d’une femme, fille d’un verrier, dont l’image idéale rend les hommes à peu près fous. Seulement voilà, Hauptmann veut bien que Berg fasse de sa pièce un opéra, mais exige des conditions, notamment financières, inacceptables pour le compositeur. Berg se tourne alors vers une autre œuvre contemporaine, beaucoup plus sulfureuse et réaliste, un dyptique  de Frank Wedeking, L’esprit de la terre ou Lulu et La boîte de Pandora, datant respectivement de 1895 et de 1902. Wedeking était mort en 1918 et Berg obtient les droits des pièces de sa veuve sans grande difficulté. C’est lui-même qui réalise le livret les synthétisant en 3 actes sous le titre de Lulu. Il commence à composer en 1928 et se lance dans rien moins que le premier opéra réalisé selon la technique professée et pratiquée par Arnold Schonberg sur la base des 12 sons de la gamme chromatique, le fameux dodécaphonisme. La partition avance très lentement et n’est pas achevée lors de l’arrivée des nazis au pouvoir à Berlin début 1933. 

Berg, soucieux de tester le public, commence par orchestrer, à partir de la partition pour piano-chant une série de 5 pièces symphoniques qu’il confie à Erich Kleiber, lequel les crée à Berlin en novembre 1934. Berg s’attèle entretemps à son Concerto à la mémoire d’un ange, après le choc que lui procure la mort à 18 ans de Manon Gropius, la fille de Walter Gropius et d’Alma Mahler. Lorsqu’il se remet à composer Lulu, il est trop tard : il meurt d’une septicémie foudroyante à la veille de Noël 1935.

L’œuvre est alors inachevée. Berg n’a orchestré que deux actes et moins de 300 mesures du dernier. Bien qu’il y ait alors largement matière à l’achever aisément (ce que refusent pourtant tous les amis de Berg, Schönberg en tête), la veuve de Berg, Hélène, interdira toute sa vie (et même au-delà, puisqu’elle l’avait indiqué dans son testament) qu’on y touchât. Il faut dire qu’elle détestait le sujet choisi par son mari, sur un thème qu’elle trouvait obscène et choquant. Si bien qu’après sa création à Zurich le 2 juin 1937 et durant des décennies, Lulu ne sera présentée qu’en deux actes avec l’ajout, après 1950, d’une pantomime basée sur les 300 mesures orchestrées, accompagnant la mort de Lulu.

Ce n’est qu’en 1976, à la mort d’Hélène Berg, que le compositeur Friedrich Cerha, qui vient d’ailleurs de fêter ses 93 ans voici quelques jours, révèle qu’il a été engagé par les éditions Universal dès le début des années 60 pour achever la partition. La Fondation Alban Berg, fidèle aux dispositions d’Hélène Berg, attaque le projet en justice avant de renoncer.

Voici donc comment après bien des péripéties, l’œuvre désormais intégrale s’impose sans peine lors de sa création à Paris voici précisément 40 ans, sous la direction de Pierre Boulez et dans une mise scène digne de l’événement signée Patrice Chéreau, en coproduction avec la Scala de Milan. On en trouve peu d’extraits en ligne, et notamment pas de ce fameux dernier acte, mais voici la seconde scène du 1er, avec la saisissante Teresa Stratas.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
Un jour, une création : 24 février 1979, Lulu jusqu'au bout.

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Un jour, une création : 7 avril 1923, mettez donc un peu de Ciboulette dans votre opérette.

Un jour, une création : 7 avril 1923, mettez donc un peu de Ciboulette dans votre opérette.
Zapping

Un jour, une création : 6 mars 1853, une Traviata, mais laquelle ?…

Zapping

Un jour, une création : 4 mars 1913, la noble broderie de Fauré…

Zapping

Un jour, une création : 27 février 1833, quand un opéra en masque un autre…

Zapping