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Récitals Ronan Caillet/Malte Schäfer et Ekaterina Chayka-Rubinstein/Maria Yulin — Paris (Salle Cortot)

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Spectacle
6 avril 2021
Talents d’avenir [streaming]

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

PROGRAMME
Ronan Caillet, ténor et Malte Schäfer, pianiste – Prix de mélodie

Gabriel Fauré, Lydia, op. 4/2 (Leconte de Lisle)

Reynaldo Hahn, Les Fontaines (Henri de Régnier)

André Caplet, Berceuse , Le vieux coffret (Rémy de Gourmont)

Henri Duparc, Extase (Jean Lahor)

Nadia Boulanger, La Mer (Paul Verlaine)

Lili Boulanger, Vous m’avez regardé , Clairières dans le ciel, n° 8 (Francis Jammes)

Ernest Chausson, La Cigale, op. 13/4 (Leconte de Lisle)

Robert Schumann : Aufträge, op. 77/5 (Christian L’Egru) , Du bist wie eine Blume , Myrthen, op. 25/24 (Heinrich Heine), Die Sennin , Sechs Gedichte, op. 90/4 (Nikolaus Lenau)

Clara Schumann, Die Lorelei (Heinrich Heine)

Robert Schumann : Der Nussbaum , Myrthen, op. 25/3 (Julius Mosen) , Der Hidalgo , Drei Gedichte, op. 30/3 (Emanuel Geibel)

PROGRAMME
Ekaterina Chayka-Rubinstein, mezzo-soprano et Maria Yulin, pianiste – Prix de lied

Claude Debussy, En sourdine , Fêtes galantes, 1er recueil, 2e version (Paul Verlaine)

Robert Schumann, Abends am Strand , Romanzen und Balladen, op. 45/3 (Heinrich Heine); Lied der Suleika , Myrthen, op. 25/9 (Marianne von Willemer) , Es leuchtet meine Liebe , Lieder und Gesänge, op. 127/3 (Heinrich Heine)

Lili Boulanger, Dans l’immense tristesse (Bertha Galéron de Calonne)

Franz Schubert, Waldesnacht, D 708 (Friedrich von Schlegel)

Henri Dutilleux, Féerie au clair de lune (Raymond Genty)

Piotr Ilitch Tchaikovsky : Ia li v pole da nie travouchka byla [N’étais-je pas comme un brin d’herbe],

Ronan Caillet, ténor

Malte Schäfer, piano

Ekaterina Chayka-Rubinstein, mezzo soprano

Maria Yulin, piano

Paris (Salle Cortot)

Dimanche 4 avril 2021

Après la parenthèse lumineuse d’un récital créatif de Marie Perbost et sa comparse Joséphine Ambroselli,  le CNLB [Centre International Nadia & Lili Boulanger] poursuit, en partenariat avec l’École Normale de Musique de Paris, institution chère à Nadia Boulanger, ses rendez-vous musicaux pour nous faire découvrir les lauréats des concours duo chant-piano. En ce dimanche pascal, en un temps presque estival sur la capitale, la salle Cortot accueillait deux tandems de lauréats 2019 : le ténor Ronan Caillet et le pianiste Malte Schäfer d’une part, et Ekaterina Chayka-Rubinstein, mezzo-soprano et la pianiste Maria Yulin, d’autre part, pour un double récital dédié à la mélodie française et au Lied. Le tout avec la complicité d’Anna Sigalevitch journaliste, pianiste et comédienne, maitresse de cérémonie d’un jour, et animatrice de la désormais traditionnelle discussion d’après concert avec les artistes. Echange auquel les spectateurs derrière leur écran pouvait d’ailleurs participer via la plateforme RecitHall, le récital étant également diffusé en streaming.

On pressent d’emblée dans la prestation croisée de ces jeunes artistes, le chemin parcouru depuis le concours duo 2019. Ronan Caillet âgé alors de 25 ans, qui nous avait laissé l’empreinte d’une voix juvénile et aérienne, au timbre agréable, est sans doute celle des deux voix qui a le plus progressé. Dans un bouquet équilibré entre mélodie française et Lieder, le jeune ténor évolue avec aisance même si c’est dans l’art du chant français qu’il capture d’emblée l’attention. Dans l’alternance de pièces intimistes, parmi lesquelles des œuvres de Caplet et des sœurs Boulanger, l’artiste atteint un palier suplémentaire tant dans son incarnation des textes que dans l’amplitude vocale. La voix claire fait désormais montre d’une belle puissance bien dosée, qui remplit aisément l’espace sans l’envahir, avec une pointe de vibrato donnant à certaines pièces le charme d’une élégance passée qui nous porte encore plus vers l’émotion. Dans la fragilité et la retenue s’affirme une urgence à dire les textes dont le piano de Malte Schäfer souligne avec l’exactitude d’un métronome tous les contours. Le ténor est au cœur de la mélodie française dans son jardin et se distingue par une diction impeccable. Dans les Lieder, notamment schumaniens, il se laisse porter par la précision de son accompagnateur, qui semble le guider dans un labyrinthe dont le duo donne l’impression qu’il ne peut être exploré qu’à deux, tant les deux artistes sont complémentaires dans une synergie évidente. Et sans doute cette complémentarité facilite la tâche du ténor dans les passages les plus escarpés des pièces du compositeur notamment dans les extraits de Myrthen. Malte Shäfer exalte le romantisme de l’écriture, avec une vive ardeur mais qui reste toujours cohérente.

Dans le concours 2019, la mezzo ukrainienne Ekaterina Chayka-Rubinstein alors agée de 21 ans avait capté l’attention dans l’art du Lied grâce à une voix chaude et prenante fort bien conduite. Ce que nous avons pu entendre aujourd’hui, confirme cette première impression d’écoute. D’emblée on est interpellé par la maturité de l’artiste pour son jeune âge. Les Lieder sont une terre de prédilection et cela s’entend. Elle habite avec conviction ces pièces allemandes dont on retrouve ici le Myrthen schumanien. Elle traduit parfaitement cette « innere Stimme » qui habite les œuvres du compositeur, cet art de dire les émotions avec introspection. La voix est fraîche, longue et le timbre grave est séduisant. C’est dire déjà le bonheur éprouvé à l’écoute. Dans Waldesnacht de Schubert, tout est là, servi avec sincérité, dans le frémissement et l’impatience. Elle montre une maîtrise également dans le « La li v pole da nie travouchka byla » de Tchaïkovsky, dont elle semble épouser parfaitement l’âme. On la sent toutefois plus distante avec les mélodies de Lili Boulanger et d’Henri Dutilleux dans cette langue française qui lui résiste encore. La compréhension du texte, la diction ne sont pas encore des rives familières. On sent d’ailleurs de sa part une réserve craintive, comme si l’artiste se tenait volontairement au seuil des œuvres sans véritablement vouloir franchir plus avant la distance qui sépare interprétation et incarnation. Mais la jeune mezzo est parfaitement consciente de ses limites, comme elle l’exprime dans l’entretien à bâtons rompus d’après concert, et elle sait qu’il lui faudra encore travailler ce français qui ne vient pas à elle naturellement. La pianiste, Maria Yulin qui l’accompagne ne démérite pas  dans un style enlevé et nerveux mais qui sait épouser les articulations, les touchers, les phrasés pour s’accorder au chant et à l’esprit de chaque pièce.

Les rives de la jeunesse sont salvatrices, elles nous poussent toujours et encore à la découverte, c’est sans doute pourquoi on court avec bonheur vers ces quelques parenthèses musicales privilégiées, denrées rares dans nos vies à ce jour suspendues. Et à cet égard, la fraicheur, la spontanéité et la lucidité des propos de fin de concert de ces jeunes artistes, malgré les difficultés ambiantes, nous ramènent aux vibrations positives de la vie.

 

 

 

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Ronan Caillet, ténor et Malte Schäfer, pianiste – Prix de mélodie

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Dimanche 4 avril 2021

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