Un total régal, le récital de Véronique Gens au Capitole de Toulouse !
Lorsque les mélodies françaises fleurissent sur les lèvres de Véronique Gens, on assiste à l’éclosion du plus beau des printemps.
Qu’il est dommage que les récitals de mélodies ne soient pas plus répandus ! Il y a tant de bonheur à y trouver ! On est ici à la source-même de l’art vocal. Ici, le chant n’est pas habillé de cuirasses, coiffé de perruques, paré de capes, ceinturé d’épées, environné de décors. Il apparaît dans sa pureté originelle.
D’aucuns diront que l’art de la mélodie appartient aux plaisirs démodés. Qu’il rappelle les salons de Proust – le temps où Madame Verdurin accueillait Vinteuil au piano et Swann dans son canapé. Plaisirs surannés de la recherche d’un temps perdu ! Eh bien, on peut vous affirmer, vous assurer, vous certifier qu’on peut être comblé, de nos jours, par ces plaisirs-là. Et cela à tout âge ! Ados et jeunes compris !
On ne peut qu’être charmé par la caresse de la mélodie française.
Ce bonheur-là, Véronique Gens nous l’a élégamment donné. Elle ne nous a pas servi les Fauré, Debussy, Ravel, Duparc qu’on pouvait attendre mais des mélodies d’autres compositeurs qui nous ont pareillement comblés. De Gounod, bien sûr. De Duparc également, avec sa « Chanson triste » qui nous alla au fond du cœur. Mais aussi de Théodore Dubois – oui, l’auteur sévère et respecté des fameux Traités d’harmonie, qu’on a découvert ici en gracieux messager des vers de Sully Prudhomme. Mais encore d’Edmond de Polignac – ce mécène aristocrate qui avait une bien belle plume de mélodiste. Mais aussi de Reynaldo Hahn dont l’inspiration a peu de chose à envier à Fauré.
On eut droit à une guirlande d’œuvres riches de ruissellements, de clairs de lune et de frémissements amoureux. Véronique Gens déroula cette guirlande avec une grâce exquise, d’une belle voix homogène à la musicalité irréprochable.
© Patrice NIn (Opéra deToulouse)
A côté d’elle, la pianiste Susan Manoff était l’accompagnatrice idéale que l’on connaît depuis longtemps. Leur complicité se voyait jusque dans les sourires qu’elles échangeaient. A la fin de chaque mélodie (ou presque), la pianiste lançait ses bras en l’air comme les ailes d’un moulin à vent. Cela déclenchait d’irrésistibles applaudissements.
On eut droit pour finir à deux friandises : des fables de La Fontaine mises en musique par Offenbach – deux opéras de quelques minutes dans lesquels les personnages étaient la cigale, la fourmi, le corbeau ou le renard.
Cela participa également à notre bonheur.
Mais la plus belle des fables, nous venions de la vivre. Elle avait pour titre : la chanteuse et la pianiste. Elle avait pour morale : qu’on soit friand de symphonies, ou de grands opéras, on a toujours besoin de mélodies chez soi !