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Récital Allen Boxer (The Arts Arena) — Paris

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Spectacle
12 septembre 2016
Paris, une fête ?

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2

Infos sur l’œuvre

Détails

Hugo Wolf (1860-1903)

Extraits de Liederstrauss

Sie haben heut’Abend Gesellschaft

Aus meinen grossen Schmerzen

Mein Liebchen, wir sassen beisammen

Franz Schubert (1797-1828)

Extraits de Schwanengesang, D. 957

Der Atlas

Ihr Bild

Das Fischermädchen

Die Stadt

Am Meer

Der Doppelgänger

Richard Wagner (1813-1883)

Les deux grenadiers, WWW 60

Robert Schumann (1810-1856)

Dichterliebe, Op. 48

Bis

Cole Porter (1891-1964)

I love Paris

Frederick Loewe (1901-1988)

If Ever I Would Leave You

Allen Boxer, baryton

Michael Schütze, piano

The Arts Arena, Paris, George C. Marshall Center, Hôtel de Talleyrand, jeudi 8 septembre, 19h30

Paris est une fête… foraine depuis que la grande roue, supposée éphémère, s’est installée durablement place de la Concorde, barrant de ses lampions circulaires une des plus belles perspectives de France ; mais une fête tout de même, chargée d’une histoire toujours lisible à travers ses monuments ou ses hôtels particuliers, tel celui de Talleyrand-Périgord, aujourd’hui propriété américaine, à deux pas de la Concorde précisément, dont l’enfilade de salons dorés témoigne de la munificence d’une époque.

C’est sous ses lambris d’une exubérance tempérée par une rigueur toute française, que The Arts Arena – un laboratoire de synergies culturelles internationales fondé en 2007 par Margery Arent Safir – proposait jeudi dernier un récital du baryton Allen Boxer, jeune lauréat du prestigieux Curtis Institute of Music, applaudi à Nancy pas plus tard que l’an passé dans Die Tote Stadt.

Paris était déjà une fête dans les années 1830, lorsque Heinrich Heine, fasciné par le bouillonnement intellectuel de la ville, décida de s’y installer… éternellement. Mort avenue Matignon, il est aujourd’hui enterré au cimetière Montmartre. Trois de ses poèmes mis en musique par le jeune Hugo Wolf servent de tour de chauffe à une voix séduisante, naturelle, plutôt claire, plutôt courte, attisée par un tempérament que l’on pressent déjà très – trop – ardent.

Heine encore inspira à Franz Schubert – son exact contemporain – quelques-uns de ses derniers lieder réunis de manière apocryphe après la mort du compositeur sous le nom de Chant du Cygne (Schwanengesang). Cette coupe amère et désespérée est-elle de celle à laquelle porter de jeunes lèvres ? Trop noire, trop grave, trop empreinte de sombres pressentiments, d’afflictions et d’angoisses existentielles, au-delà des capacités expressives d’un baryton qui, à cet âge et avec ses moyens, pourrait sillonner de long en large le répertoire mozartien, formateur par excellence, quitte à brider ses aspirations profondes.

Heine toujours approuva la traduction française par François-Adolphe Loeve-Veimar de son poème Die Grenadiere (Les Deux Grenadiers), utilisé par Richard Wagner lors de ses années parisiennes pour tenter de séduire une ville peu empressée à reconnaître son génie. L’opportunisme a vraisemblablement dicté la citation de La Marseillaise à la fin de cette  mélodie patriotique, véritable opéra de poche dont l’écriture, très lyrique, pousse l’interprète dans ses retranchements. Les notes aigues sur le mot « empereur » sont impitoyables. Si la tension vocale est perceptible, la clarté de la prononciation permet de suivre mot à mot ou presque cette histoire de deux soldats napoléoniens retournant en France après la campagne de Russie.

Jusqu’alors discret, accompagnateur attentif mais réservé, Michael Schültze révèle l’acuité de son jeu dans Les amours du poèteDichterliebe, le plus célèbre des cycles romantiques sur des poèmes de… Heine. Certes, le piano fait part égale avec la voix dans cette constellation de seize mélodies narrant, avec une brièveté non exempte de cruauté, une trajectoire amoureuse malheureuse, de la naissance du sentiment à la résignation en passant par la trahison et le désespoir. Mais le pianiste sait exprimer, mieux que le chanteur, le miroitement des émotions, leur instabilité et leur fragilité – la nostalgie d’arpèges chatoyants dans « Ich will eine Seele tauchen » (n°5), l’ironie hébétée de « Das ist ein Flöten und Geigen » (n°9), les contretemps narquois de « Ein Jüngling liebt ein Mädchen » (n°11) ou à la fin du cycle la douceur apaisée des dernières mesures. Non qu’Allen Boxer puisse être taxé de placidité. C’est en usant de l’excès inverse, au contraire, qu’il tente d’imposer son interprétation, surlignant le dégoût, surjouant l’accablement quand plus de sobriété pourrait engendrer plus d’intensité.

Deux songs remercient le public de ses applaudissements. Le baryton y confirme les affinités génétiques qu’un chanteur entretient malgré lui, avec son répertoire, juste de ton, brillant, charmant – charming – dans « If Ever I Would Leave You » extrait de Camelot, une comédie musicale américaine d’Alan Jay Lerner et Frederick Loewe (1960), et carrément irrésistible lorsqu’il lance avec un sourire prometteur « Every time I look down on this timeless town », premières paroles d’une chanson composée par Cole Porter en 1953, lorsque Paris n’était encore qu’une fête.

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Dichterliebe, Op. 48

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