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Curlew River — Rome

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Spectacle
27 juin 2013
Poignante traversée

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Benjamin Britten

Curlew River
Parabole pour l’église
Livret de William Plomer,
Adapté du drame Nō médiéval Sumidagawa de Juro Motomasa
Créé en l’église d’Oxford, dans le Suffolk, le 12 juin 1964

Mise en scène
Mario Martone
Costumes
Ursula Patzak
Lumières
Pasquale Mari

La Femme folle
Benjamin Hulett
Le Passeur
Anthony Michaels-Moore
Le Voyageur
Philipp Addis
L’Esprit du jeune garçon
Marta Pacifici / Filippo Chierici
L’Abbé
Derek Welton

Orchestre et choeur de l’Opéra de Rome
Chef du chœur
Roberto Gabbiani
Direction musicale
James Conlon

Basilique de Santa Maria in Aracoeli, Rome, 27 juin 2013

 

Britten est à nouveau à l’honneur à l’Opéra de Rome, qui poursuit son cycle après Le Songe d’une nuit d’été en 2012. Pour le centenaire du grand compositeur britannique, place à Curlew River une œuvre parmi les plus rares, pour une seule représentation dans un cadre unique.

Choisie pour abriter cette parabole écrite pour être représentée dans une église, la basilique de Santa Maria in Aracoeli, dressée sur l’emplacement de ce qui fut le temple de Junon au sommet de la colline du Capitole, est l’une des plus belles et des plus anciennes de Rome. Le public tourne le dos au maître autel et partage une partie de la nef, aux superbes plafonds en caissons, avec les instrumentistes et les membres du chœur masculin, dirigés par Roberto Gabbiani, placé face au chef d’orchestre, ce qui donne l’occasion d’admirer directement son travail, précis, concentré. La scène, pour ainsi dire, se déroule au centre de la nef. Une petite plateforme mobile, poussée par deux techniciens, figure la barque sur laquelle se dresse le Passeur. Des vêtements posés en tas seront revêtus par chacun des artistes, puis laissés, dans la même disposition, à la fin de la représentation. D’habiles jeux de lumières ponctuent l’action, notamment le passage sur l’autre rive. Mario Martone met ainsi l’accent sur la sobriété. L’économie de gestes rappelle l’élégance du théâtre Nō qui a inspiré l’œuvre.
 

Britten ayant conçu son opéra pour son compagnon Peter Pears, toute la force dramatique de l’œuvre se concentre sur la Femme folle, qui nécessite donc un interprète d’exception. Tel est le cas,  de Benjamin Hulett. Déguisée en sans-domicile fixe, qui pousse son caddie au hasard, il prend le public à la gorge et ne le lâche plus. Son travail méticuleux dans la gestuelle hyper réaliste, sans être exagérée, illustrant la folie de cette mère désespérée suscite immédiatement un étrange sentiment de compassion et de gêne, comme ceux qu’on éprouve en croisant ces vagabonds en perdition dans les rues. La voix ne tremble pas dans ces variations difficiles, si caractéristiques de Britten, qui figurent la complainte et l’obsession de son personnage. Très à l’aise dans les aigus, elle emplit tout l’édifice. On sent néanmoins la fatigue s’installer, en particulier dans le bas de la tessiture, sans que jamais l’artiste ne se mette en danger. La performance physique est fabuleuse. Lorsqu’il revient s’asseoir, débarrassé de ses oripeaux, aux côtés des choristes pour l’ultime choral « Te lucis ante terminum », on le voit, ruisselant et visiblement profondément marqué par ce qu’il vient de réaliser. Les colonnes romaines de la basilique résonneront sans doute encore longtemps du triomphe justement reçu par le jeune ténor britannique.

Alors que le personnage, ainsi incarné, pourrait écraser les autres membres de la distribution, Anthony Michaels-Moore impose un Passeur sévère, plein d’autorité et dont le baryton très nuancé garde encore un bel éclat. Une diction parfaite, comme à l’accoutumée, vient couronner cette excellente prestation. Philipp Addis, qui fut un excellent Demetrius dans Le Songe d’une nuit d’été l’an dernier, incarne le plus mystérieux des Voyageurs, auquel il prête son élégante voix de baryton, très sonore et bien servie par l’acoustique un peu réverbérée de la basilique.
 
Pour parfaire ce magnifique tableau, les comprimari ont tous des voix descendus du ciel, de l’abbé de Derek Welton, excellente basse un peu claire, à la voix de l’Esprit du jeune garçon, seul soprano de l’œuvre, et à qui Marta Pacifici et Filippo Chiarici, qui incarne le spectre, confèrent à la fois par la voix et la présence, grâce, émotion, beauté.

En Fermant les yeux durant les interventions des excellents choristes masculins de l’opéra de Rome lors des chœurs religieux, on a le sentiment de se trouver dans un monastère. Parfaitement en place, le chœur répond au doigt et à l’œil à son chef, placé face à lui.

Maître d’œuvre de ce miracle sur le plan musical, James Conlon dirige avec ferveur et sobriété un groupe d’instrumentistes de l’opéra de Rome, impressionnant de tenue et de précision, même si les percussions sont parfois envahissantes. L’atmosphère créée par les musiciens fait beaucoup pour rendre ce court voyage sur la rivière aux courlis inoubliable.

 

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Benjamin Britten

Curlew River
Parabole pour l’église
Livret de William Plomer,
Adapté du drame Nō médiéval Sumidagawa de Juro Motomasa
Créé en l’église d’Oxford, dans le Suffolk, le 12 juin 1964

Mise en scène
Mario Martone
Costumes
Ursula Patzak
Lumières
Pasquale Mari

La Femme folle
Benjamin Hulett
Le Passeur
Anthony Michaels-Moore
Le Voyageur
Philipp Addis
L’Esprit du jeune garçon
Marta Pacifici / Filippo Chierici
L’Abbé
Derek Welton

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