Forum Opéra

Die Schöne Magelone — Paris (TCE)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
26 novembre 2009
Pas si belle, la Maguelonne

Note ForumOpera.com

1

Infos sur l’œuvre

Détails

Récital de Matthias Goerne
Johannes Brahms, Die Schöne Magelone, op.33
Matthias Goerne (baryton)
Andreas Haefliger (piano)
Eric Génovèse (récitant)
Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 26 novembre 2009

Imaginons que nous ne soyons pas allé écouter ce récital. Certainement nous en eussions eu du regret. L’œuvre n’est pas fréquemment donnée, et plus rarement encore par un baryton de ce renom. La présence d’un récitant achève de démontrer que l’on entendait respecter la forme que Brahms désirait : une alternance de récitation décrivant l’action, et de lieder l’illustrant.

 

Puisque nous y fûmes, avouons que notre regret fut que cette conception apparemment idéale n’ait pas bien marché.

 

D’abord parce que le texte allemand de Tieck est de Tieck. C’est-à-dire pas d’un moindre poète ni d’un écrivaillon de la dernière espèce. Or le récit qui est dit par Eric Génovèse est la traduction de ce texte ; traduction entre toutes difficiles, car la prose de Tieck est pleine de détours, imagée, et présente une sorte de rythme intime qui sans doute séduisit Brahms – à tel point que les lieder eux-mêmes respectent avec minutie la cadence des poèmes. Avec raison, le traducteur épure, simplifie, coupe parfois : cela donne un texte français plus direct, plus vif, plus aisé à dire. Ce faisant, ce texte n’est plus de Tieck. Eric Genovèse dit ce texte avec la clarté et la conviction qu’on lui connaît, mais ce grand diseur n’a guère de grain à moudre. La période s’est évanouie, l’élément suggestif s’est appauvri. Le texte français est une habile transcription, non une traduction. A quoi bon, alors ? Eric Génovèse fait un peu avec très peu, mais il ne peut faire davantage.

 

Ensuite parce que Matthias Goerne est fidèle à ses limites – qui sont aussi son charme mais qui, ici, gênent. Son timbre assez mat est compensé par un sens supérieur de la ligne, qui nous vaut de magnifiques moments, notamment dans les lieder les plus extatiques ou les plus intérieurs (Sind est Schmerzen, Ruhe, Süssliebchen). Les lieder de Brahms dans La Belle Maguelonne ne sont toutefois pas exactement des piécettes, mais des ballades. Cela requiert souvent de l’éclat, de l’abattage, de la projection – autant de vertus dont le baryton est, on le sait, dépourvu. L’exigence vocale le déborde, la voix se bouche, la couleur s’éteint. Le piano falot d’Andreas Haefliger n’aide pas. Ajoutons une dégaine dont on se demande, sans excès de conservatisme, si elle est adaptée, et une agitation physique digne d’un ours dansant.

 

Le contraste entre le raffinement d’Eric Génovèse tirant le meilleur d’un texte émasculé et Goerne peinant à satisfaire une partition aux nombreuses facettes est flagrant, et dérange.

 

Que reste-t-il alors de La Belle Maguelonne ? Eh bien, sa niaiserie, hélas. Réduit à sa trame, le texte conte sans charme une histoire un peu bête, et le chanteur ne fait pas exister les personnages. Comment ne pas excuser le public qui, à la fin, pouffe devant les invraisemblables avanies des héros ? Comment ne pas comprendre cette voisine soufflant en un sourire « C’est grotesque » ? Rien n’aura été fait en somme pour restituer la fraîcheur et l’allant de cette œuvre, non plus que sa profondeur et sa richesse littéraire. Le succès final récompense des intentions et un dispositif ingénieux, mais les amoureux de Brahms n’auront certes pas eu leur content.

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

1

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Récital de Matthias Goerne
Johannes Brahms, Die Schöne Magelone, op.33
Matthias Goerne (baryton)
Andreas Haefliger (piano)
Eric Génovèse (récitant)
Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 26 novembre 2009

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle