Forum Opéra

The Rape of Lucretia — Paris (Bouffes du Nord)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
19 mai 2021
Dans l’intimité d’une chambre

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Composition
Benjamin Britten

Livret
Robert Duncan

Opéra en deux actes, d’après la pièce d’André Obey inspirée du poème de Shakespeare

Création le 12 juillet 1946 au festival de Glyndebourne, Angleterre

Détails

Mise en scène
Jeanne Candel

Chœur masculin, Tobias Westman / Kiup Lee

Direction musicale
Léo Warynski

Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, du 19 au 29 mai 2021

Alors que la réouverture des salles est imminente, l’enthousiasme était de mise parmi les quelques éclaireurs qui ont eu la chance d’assister à la nouvelle production de l’Académie de l’Opéra de Paris au Théâtre des Bouffes du Nord vendredi 14 mai. Contingence du calendrier et choix de la scène, le lever de rideau est donc intimiste, à l’image de l’œuvre et de son sujet :  le Viol de Lucrèce composé en 1946 par Benjamin Britten.

Le librettiste, Ronald Duncan, tire son œuvre de la pièce éponyme d’André Obey, lui-même puisant son inspiration dans l’histoire antique Romaine : Lucrèce, la femme vertueuse de l’officier Collatinus est violée par le prince étrusque Tarquin, jaloux de cette fidélité maritale. Préférant la mort que le déshonneur, elle se suicide, entraînant la révolte du peuple et la chute du tyran en faveur de la République.

Ecrit dans une Angleterre meurtrie et dévastée par la guerre, cet « opéra de chambre » singulier est écrit pour un effectif musical réduit : un orchestre de treize musiciens et deux « chœurs », incarnés par un chanteur et une chanteuse, ici Andrea Cueva Molnar et Tobias Westman, dont on peut déjà souligner la grande qualité de la diction. La partition, sans démonstration grandiloquente nécessite toutefois une précision exigeante ; un défi pour les huit jeunes chanteurs de l’Académie de l’Opéra de Paris qui doivent en plus assumer une présence scénique suffisante pour porter la force poétique du texte.  

Mais cette petite troupe ne tremble pas malgré cette configuration et ce sujet délicat. Elle démontre à la fois tout son potentiel vocal et sa capacité à s’engager pleinement sur scène, offrant une prestation très convaincante.

© Studio J’adore ce que vous faites / OnP

La basse Aaron Pendleton se distingue par son coffre imposant et incarne un Collatinus fier mais impuissant devant le malheur qui touche son foyer ; le baryton Alexander York est un sauvage et sensuel Tarquin, débordant d’orgueil. La mezzo Marie-Andrée Bouchard-Lesieur grâce à la ligne claire de sa voix, sait, avec beaucoup de justesse, incarner une Lucrèce édifiante, victime finalement jamais terrassée. A noter également la performance de l’autre mezzo, Cornelia Oncioiu, dont le timbre chaud et le jeu expressif permettent de donner à Bianca son caractère coloré qui dénote dans cette sombre tragédie.

Et des couleurs, il n’en manque pas non plus dans la partition de Britten que les jeunes musiciens de l’Orchestre-atelier Ostinato interprètent avec envie, menés par la baguette précise de Léo Warinsky. Qu’on songe aux stridulations de la harpe dans le premier acte ou à la complainte du cor anglais qui se mêle à la douleur de Lucrèce au retour de Collatinus : l’apparente simplicité des moyens laisse place à une intensité pénétrante.

La mise en scène, discrète mais pertinente, y participe aussi largement. Puisque le destin de Rome s’est joué dans la noirceur d’une chambre, pour la metteure en scène Jeanne Candel il s’agit ici de jouer entre les fils délicats des relations intimes qui forment les nœuds inexorables de l’Histoire. De quoi suggérer la complexité du récit et la violence des événements. Mais aussi d’enchevêtrer la musique au théâtre par la place qu’occupe l’orchestre sur scène, rappelant par ailleurs le travail des compagnies lyriques labellisées autour du « théâtre musical ». Dans tous les cas, c’est l’occasion d’un « théâtre laboratoire », comme elle le mentionne – qui invite à une interprétation atemporelle de l’oeuvre.

Britten aurait insisté auprès de Duncan pour proposer une lecture messianique de cet événement, afin que, malgré l’horreur, le spectateur, tout juste sorti de la guerre, puisse garder l’espérance des jours meilleurs. A l’heure où la crise a fragilisé nos horizons, cette production nous permet au moins de garder l’assurance que « le monde d’après » ne manquera pas de talents.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Composition
Benjamin Britten

Livret
Robert Duncan

Opéra en deux actes, d’après la pièce d’André Obey inspirée du poème de Shakespeare

Création le 12 juillet 1946 au festival de Glyndebourne, Angleterre

Détails

Mise en scène
Jeanne Candel

Chœur masculin, Tobias Westman / Kiup Lee

Direction musicale
Léo Warynski

Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, du 19 au 29 mai 2021

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle