Forum Opéra

L'Amour africain — Paris

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
28 février 2018
Emile qui rit, Prosper qui pleure

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique en deux actes, livret d’Ernest Legouvé d’après Mérimée

Créé à l’Opéra-Comique le 8 mai 1875

Détails

Margarita Duval / Mojana

Aurélie Ligerot

Paul Delatour / Nouman

Sébastien Obrecht

Raymond Duval / Zein

L’Oiseleur

La comtesse de Beaulieu

Chloé Chaume

Le comte de Beaulieu / Mustapha

Ambroise Divaret

Martin Robidoux, chef de chœur

Mary Olivon, pianiste et chef de chant

Temple du Luxembourg, mercredi 28 février, 20h

Parmi les gloires musicales oubliées de la France, on pourrait s’étonner qu’Emile Paladilhe n’ait pas encore connu un retour en grâce, car ce compositeur aurait pourtant de quoi retenir l’attention par-delà ses seuls mérites artistiques. Comment refuser notre intérêt à celui qui fut en 1860 le plus jeune lauréat du Premier Grand Prix de Rome, remporté à l’âge de 16 ans avec la cantate Le Tsar Ivan IV ? Hélas, à l’exception d’un ou deux airs exceptionnellement enregistrés dans le cadre de récitals téméraires, la musique de Paladilhe reste ignorée par le disque, à l’exception de ses compositions sacrées qu’a eu à cœur de défendre l’ensemble « Chœur et Orchestre français d’oratorio » dirigé par Jean-Pierre Loré.

Il reste donc beaucoup à faire, et l’on remerciera donc une fois de plus la Compagnie de l’Oiseleur d’avoir inscrit à son programme une de ces raretés qu’elle aime à révéler. Créé Salle Favart deux mois après Carmen, L’Amour africain est un étrange livret qui réunit les deux actes les plus différents qui soient, en partie inspiré d’une des pièces réunies par Mérimée dans son Théâtre de Clara Gazul. Le premier acte, entièrement dû à Ernest Legouvé (futur beau-père de Paladilhe), relève de la plus franche comédie, avec notamment un duo réunissant une comtesse éprise de cuisine et son époux qui se rêve impresario, et une « Complainte du prix de Rome » ironisant sur les déboires des lauréats auquel on oppose toujours le succès de leur fameuse cantate. Le deuxième acte, en revanche, reprend le court drame conçu par Mérimée, où deux hommes sont prêts à s’entretuer pour l’amour d’une belle (amour « africain » parce que les protagonistes en sont des Maures dans la Cordoue du Moyen Age). La tragédie se termine néanmoins par une pirouette, et les morts se relèvent puisqu’il s’agissait simplement d’un « opéra dans l’opéra » interprété par les trois artistes qui, au premier acte, rendaient visite au comte et à la comtesse. Ce rapprochement étonnant du rire et des larmes a le grand mérite de nous offrir un aperçu de la diversité de l’art de Paladilhe. Et l’on admire le talent d’un compositeur à l’inspiration mélodique constante, capable de subtile ironie, prêt à satisfaire le désir d’exotisme de ses contemporains (« Chanson italienne » du premier acte, « Marche arabe » du second), et habile à soutnir la tension dramatique du long duo puis trio qui sert de dénouement aux amours contrariées de Zeïn et Nouman pour Mojana.

La résurrection s’annonçait prometteuse : elle fut hélas en partie amputée par un refroidissement qui a privé la distribution d’un de ses membres. Le baryton Benjamin Mayenobe étant dans l’impossibilité de chanter son rôle, il a fallu trouver en moins de 24 heures une solution pour sauver le concert, en sacrifiant seulement un des airs qu’il devait interpréter, et hélas le quintette final du premier acte. Ambroise Divaret, normalement membre du chœur, s’est chargé de déclamer le texte du comte et de chanter sa partie dans le premier quintette, tandis qu’à l’Oiseleur en personne revenait la lourde charge d’ajouter la susdite « Complainte du prix de Rome » à son propre rôle. Par chance, le chef de troupe est particulièrement en voix ce soir-là, et il livrera au second acte une interprétation passionnée du « Chant du cheval », l’air qui est à l’origine de son intérêt pour cet opéra-comique. Le ténor Sébastien Obrecht complète dignement la distribution masculine dans le rôle exigeant de Paul Delatour, alias Nouman au deuxième acte.

Parmi les dames, Chloé Chaume n’intervient guère que dans deux morceaux du premier acte, mais son timbre séduisant prête toute la distinction voulue à la « comtesse du Pot-au-feu ». Le grand rôle féminin est néanmoins celui de Margarita, où Aurélie Ligerot trouve l’occasion de déployer une belle virtuosité et des aigus d’une assurance enviable, en particulier dans sa « Chanson italienne », tandis que le rôle de Mojana sollicitera davantage ses ressources expressives.

N’intervenant que deux fois au cours de la soirée, le chœur dirigé d’une main ferme par Martin Robidoux remplit fort bien son office. Et cette résurrection de L’Amour africain est évidemment portée de bout en bout par la pianiste Mary Olivon, également chef de chant, indispensable pilier de cette opération comme elle l’était déjà en décembre pour L’Inde de Weckerlin.

Rassurez-vous, si vous avez manqué l’un des concerts lors desquels la Compagnie de l’Oiseleur fait revivre ces œuvres françaises négligées, vous aurez bien d’autres possibilités de vous rattraper, puisque sont annoncées bien d’autres gâteries pour les deux années à venir, avec des partitions signées Reynaldo Hahn (La Reine de Sheba), Victor Massé (Paul et Virginie) ou Cécile Chaminade (Les Amazones), entres autres…

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique en deux actes, livret d’Ernest Legouvé d’après Mérimée

Créé à l’Opéra-Comique le 8 mai 1875

Détails

Margarita Duval / Mojana

Aurélie Ligerot

Paul Delatour / Nouman

Sébastien Obrecht

Raymond Duval / Zein

L’Oiseleur

La comtesse de Beaulieu

Chloé Chaume

Le comte de Beaulieu / Mustapha

Ambroise Divaret

Martin Robidoux, chef de chœur

Mary Olivon, pianiste et chef de chant

Temple du Luxembourg, mercredi 28 février, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle