Forum Opéra

Liszt & Wagner — Paris (Pleyel)

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
5 mars 2011
La leçon d’humanité de Petra Lang

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Franz LISZT (1811-1886) Danse à l’auberge du village (extrait des Deux Episodes du Faust de Lenau) S. 11o Richard WAGNER (1813-1883) Tannhäuser (Ouverture et Bacchanale) Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Prélude) Le Crépuscule des Dieux (Voyage de Siegfried sur le Rhin Marche Funèbre de Siegfried Scène finale) Budapest Festival Orchestra Petra Lang, soprano Iván Fischer, direction
Salle Pleyel, Paris, samedi 5 mars 2011, 20 h

On sort enthousiaste et ébloui de ce concert. Dieu sait pourtant s’il avait commencé avec cette saveur surannée des concerts symphoniques wagnériens de nos grands pères, le dimanche après-midi, chez Colonne ou Lamoureux, où se succédaient des extraits orchestraux d’opéras. C’est avant tout l’occasion pour Ivan Fischer, dont l’énergie, l’enthousiasme et la ténacité ne sont plus à vanter, de s’en donner à cœur joie en sculptant avec vigueur des blocs sonores impressionnants, et en faisant ressortir avec fierté la rutilance de son splendide orchestre du Festival de Budapest (souverains chefs de pupitres des cordes, brillante petite harmonie, superbes cors et trombones). Qui oserait d’ailleurs le lui reprocher ? C’est son enfant. Il l’a mis au monde, avec Zoltán Kocsis, alors que le communisme commençait à vaciller. Et voici qu’après bien des tempêtes, il est aujourd’hui au sommet. Le gouvernement hongrois si prompt à flatter actuellement un antisémitisme sournois ferait bien de se souvenir que les quatre frères Fischer de Budapest (tous chefs d’orchestre) sont, à l’étranger, la plus noble et la plus généreuse des ambassades. Ils font honneur à la Hongrie.

 

Le concert débute, d’ailleurs, par une œuvre de Franz Liszt, dans le cadre de cette année de commémoration. Portion congrue cependant : il s’agit de la seule Danse à l’auberge (intitulée plus communément Méphisto Valse) des Deux Episodes du Faust de Lenau que Liszt avait composé de 1859 à 1862. Ivan Fischer y fait montre d’une science inouïe des couleurs, des dynamiques et des rythmes en dosant si justement ces silences suspendus qui parcourent l’œuvre de Liszt. Il a placé les huit contrebasses au fond, sur des praticables surélevés, comme un orgue tellurique. Les musiciens passent avec brio l’examen de passage. Mais pourquoi n’avoir pas respecté le souhait du compositeur en jouant cette oeuvre intégralement ?

 

La deuxième partie du concert monte heureusement d’un cran et enchaîne trois extraits du Crépuscule de Dieux comme une ample symphonie avec chant où, à travers l’énumération des leitmotiv du Voyage de Siegfried, l’auditeur s’immerge aussitôt dans l’épopée avant de se laisser envahir par les flots d’amours et de générosité de la scène finale. Ivan Fischer est ici le plus inspiré des chefs et, grâce à la présence et à la voix de Petra Lang, atteint une bouleversante d’humanité. Ce qui frappe avant tout chez Petra Lang, outre la technique impeccable et le timbre si ensoleillé et chaleureux (et jamais métallique), c’est la jeunesse qu’elle sait exprimer. Il faut entendre Lang caractériser chaque épisode de cette scène finale : l’être bouleversé par la mort de l’aimé, sa préparation au sacrifice et la soudaine illumination du don de soi en affirmant cet amour que les Dieux voulaient détruire. C’est une tout jeune fille qui scande l’émouvant « Nul autre » (« Als er liebte kein andrer ») que Wagner à écrit si justement dans le grave et qui est ainsi si touchant. Quelle force dans son invective aux Dieux (« heilige Hüter ») grâce à un legato profond et une voix qui se noircit soudain. Quel soleil ensuite dans la voix quand elle part au sacrifice en se jouant des difficultés d’une tessiture inhumaine. Tout s’articule autour du passage de la voix avec ses la et si bémols, et ce si naturel du feu, qui ne doivent être que plénitude. Des aigus qui ne sont jamais d’airain mais bien de velours comme une humanité à la fois douloureuse et pleine d’espoir.

 

Marcel Quillévéré

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Franz LISZT (1811-1886) Danse à l’auberge du village (extrait des Deux Episodes du Faust de Lenau) S. 11o Richard WAGNER (1813-1883) Tannhäuser (Ouverture et Bacchanale) Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Prélude) Le Crépuscule des Dieux (Voyage de Siegfried sur le Rhin Marche Funèbre de Siegfried Scène finale) Budapest Festival Orchestra Petra Lang, soprano Iván Fischer, direction
Salle Pleyel, Paris, samedi 5 mars 2011, 20 h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle