Forum Opéra

La Damnation de Faust — Francfort

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
3 février 2011
Romantique mais abscons

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Légende dramatique en quatre tableaux
Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière,
d’après le Faust I de Goethe traduit par Gérard de Nerval

Détails

Mise en scène : Harry Kupfer
(reprise par Tobias Heyder)
Décors : Hans Schavernoch
Costumes : Yan Tax
Dramaturgie : Norbert Abels
Lumières : Joachim Klein
Vidéos : Peer Engelbracht / impulskontrolle

Marguerite : Claudia Mahnke
Faust : Russell Thomas
Méphistophélès : Simon Bailey
Brander : Dietrich Volle

Chœur de l’Opéra de Frankfurt-am-Main
Chef des chœurs : Matthias Köhler

Orchestre de l’Opéra de Frankfurt-am-Main

Direction musicale : Friedemann Layer

Frankfurt-am-Rhein, 3 février 2011

Œuvre puissamment romantique, La Damnation de Faust a suscité l’intérêt de bien des metteurs en scène, bien que l’œuvre ne soit pas vraiment un opéra. Parmi eux, seul Robert Lepage semble avoir offert une vision convaincante tandis que Kokkos ou Ronconi par exemple n’offraient qu’un livre d’images, belles mais assez creuses chez le premier, grotesques sinon franchement ridicules chez le deuxième.

C’est donc avec grand intérêt que l’on se rend à Frankfurt pour voir la mise en scène de Harry Kupfer à qui l’on doit des spectacles emblématiques, dont un prodigieux Vaisseau Fantôme à Bayreuth dans les années 1980 (avec Estes-Baslev-Salminen). Force est de constater que la déception est à la mesure de l’incompréhension qui nous saisit face à une vision fouillée et riche, trop riche sans doute au point de devenir confuse et absconse.

Le décor, unique, représente une loge d’opéra qu’encadrent des échafaudages métalliques derrière lesquels de nombreuses projections viennent varier les atmosphères. Ce décor est parfois caché par un rideau représentant… des échafaudages (devant lesquels Faust chante « Nature immense » !…) ou par une immense toile clairement inspirée de Bosch. Les costumes sont également des plus curieux. Cela va du glauque (les uniformes militaires tout en cuir noir) au kitch (les boas aux couleurs flashy, Méphisto tout en argenté) en passant par l’incongru (les clients de la taverne masqués, les étudiants affublés de long nez…). Et puis, cela n’est pas très beau.

Il serait long et fastidieux de décrire tout ce qui se passe sur scène d’autant plus que l’on a du mal à saisir les tenants et les aboutissants : le défilé militaire devant la loge d’opéra où trône je ne sais qui, l’énorme tombeau amené à l’avant-scène, Méphisto tenant Faust en laisse, la loge d’opéra explosant à la fin… Tout cela dénote en tout cas une ambiance décadente que seules viennent contrecarrer les maquettes d’une église de village et de petites maisons dont l’une sert de « refuge » pour Marguerite. C’est l’un des rares moments de poésie dans cette vision bien sombre et glauque.

Autre particularité, un épilogue des plus curieux : sur la (sublime) musique du chœur « céleste » (qui accompagne l’apothéose de Marguerite), on retrouve Faust vieux et barbu (alors qu’il a été englouti dans les enfers le tableau précédent), réaliser que la musique qu’il entend provient d’un phonographe caché derrière un paravent : tout cela n’aurait-il été qu’un rêve ? Mais pourquoi alors, voit-on Faust gagner l’avant-scène en se débarrassant de sa barbe et finir comme « victorieux », fermant lui-même le rideau… ? L’image est certes belle, sinon saisissante, mais le sens nous en a échappé… En tout cas, point de damnation pour cet étrange Faust qui semble au contraire ressusciter…

Sans doute une deuxième vision aiderait à comprendre ce qu’a voulu dire Harry Kupfer avec cette œuvre fascinante. Il n’en reste pas moins que la mise en scène est pensée, construite avec rigueur et qu’elle est en accord avec le romantisme débridé de la partition. C’est simplement que nous n’en avons pas trouvé la clef…

Œuvre puissamment romantique disions-nous plus haut et dont la démesure doit tant venir de la scène que de la fosse. Or, de démesure, nous n’en avons guère eue avec une direction d’un Friedemann Layer assez sage. Tout est parfaitement en place mais justement, un peu trop « propre » et lisse, parfois un poil pesant également. Manquent l’entrain, la folie, sinon l’outrance de Berlioz. Par ailleurs, le superbe Orchestre de l’Opéra de Frankfurt affiche une sonorité très ronde, policée, assez sourde, mais qui ne convient qu’imparfaitement à la clarté que réclame cette musique.

Du quatuor de chanteurs, c’est le fantastique Simon Bailey qui domine avec une voix claire et franche, un excellent français et une projection impeccable. Il campe un Méphisto démoniaque à souhait, mais aussi gouailleur voir comique. Une très belle réussite. Le Faust de Russell Thomas séduit par son timbre, des aigus assez crânement assurés, un chant élégant mais il pêche par une incarnation très placide et par une présence scénique assez atone…  Claudia Mahnke campe une ardente Marguerite et offre une superbe ligne de chant dans ses deux airs. Hélas, le français est peu compréhensible… C’est également le défaut d’un Dietrich Volle à la voix usée et par ailleurs tout à fait transparent en un Brander aussitôt oublié le tableau de la taverne terminé (le chanteur ne vient d’ailleurs même pas saluer au rideau final).  Curieusement, les chœurs manquent singulièrement d’impact malgré une excellente tenue.

Bilan mitigé donc pour une production intrigante qui mériterait sans doute d’être approfondie par une deuxième représentation.
 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Légende dramatique en quatre tableaux
Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière,
d’après le Faust I de Goethe traduit par Gérard de Nerval

Détails

Mise en scène : Harry Kupfer
(reprise par Tobias Heyder)
Décors : Hans Schavernoch
Costumes : Yan Tax
Dramaturgie : Norbert Abels
Lumières : Joachim Klein
Vidéos : Peer Engelbracht / impulskontrolle

Marguerite : Claudia Mahnke
Faust : Russell Thomas
Méphistophélès : Simon Bailey
Brander : Dietrich Volle

Chœur de l’Opéra de Frankfurt-am-Main
Chef des chœurs : Matthias Köhler

Orchestre de l’Opéra de Frankfurt-am-Main

Direction musicale : Friedemann Layer

Frankfurt-am-Rhein, 3 février 2011

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle