Forum Opéra

Israel in Egypt — Saint-Antoine l’Abbaye

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
23 août 2021
Le chef ignore le « piano »

Note ForumOpera.com

1

Infos sur l’œuvre

Détails

Georg Friedrich Haendel

Concerto en fa majeur pour orgue, HWV 295

Israel in Egypt, HWV 54

Florie Valiquette, soprano
Melody Louledjian, soprano
Ambroisine Bré, alto
Krešimir Špicer, ténor
Andreas Wolf, basse
Tomislav Lavoie, basse

François Saint-Yves, orgue positif

Le Concert Spirituel, Chœur et Orchestre

Direction musicale

Hervé Niquet

Festival Berlioz, La Côte Saint-André

Église Abbatiale de Saint-Antoine-L’Abbaye

Samedi 21 Août 2021 – 21h00

C’est dans le cadre exceptionnel de la nef de l’église abbatiale de Saint-Antoine l’Abbaye qu’est donné l’oratorio, dans sa version amputée de la première partie (reprise de l’anthem pour les funérailles de la reine Caroline). Le fait était courant du vivant même de Haendel, et la plupart des interprètes adoptent cette formule. En guise d’ouverture, pour éviter de commencer par un récitatif, le concerto pour orgue en fa majeur, joué par François Saint-Yves, qui restera au positif pour assurer le continuo tout au long de l’ouvrage.

Le double-chœur a pris place latéralement de part et d’autre, à quatre par partie. Mais une large proportion des effets de polychoralité sera amoindrie par cette disposition et par l’acoustique généreuse. Les effectifs instrumentaux sont conformes. Le placement des cordes devant occultera les hautbois/flûtes à bec, plus discrets que les sacqueboutes, trompettes, bassons et timbales, et c’est dommage car la partition ne réduit pas leur rôle à du simple remplissage.

Dès l’introduction, les qualités habituelles des musiciens – familiers de ce répertoire – sont manifestes, même si la rondeur du premier mouvement surprend, comme la banalité de la sicilienne. Le premier chœur (« They loathed… »), affirmatif, est chanté tout en force, et le jeu des bois et des cuivres n’est pas valorisé. Il en ira de même des figuralismes, essentiels dans la peinture des sept plaies d’Egypte. La direction d’Hervé Niquet, selon toute vraisemblance, joue davantage pour les micros (Radio-Classique enregistre) que pour le public, qui souffre de la réverbération naturelle de l’édifice. On cherchera vainement la clarté durant tout le concert, comme les contrastes accusés qu’appelle le texte musical. Le plus souvent dans l’observation de sa partition, le chef, dont on connaît la direction extravertie, doit considérer que le mezzo-forte est la nuance la plus ténue du registre. Le souci expressif fait largement défaut, réduit à une énonciation projetée, en place car les interprètes sont familiers de ce répertoire, mais dont ne retient que la vigueur, à défaut de poésie et d’émotion. Le texte anglais est rarement intelligible. Les vocalises chorales, réservées à quelques moments exceptionnels (Moses and the children of Israel, au début de la seconde partie) sont précises, mais dépourvues de tout sens musical, scolaires et appliquées. Est-il cruel ici de renvoyer à ce que d’autres chefs familiers de l’ouvrage nous ont laissé ? Les progressions sont bien là. Cependant, elles perdent une partie de leur force expressive pour partir d’une nuance médiane. En dehors de la puissance, que retenir ? L’acoustique n’y est pas étrangère, mais n’est-ce pas le rôle du chef d’adapter ses tempi, sa dynamique au lieu ? Tout se passe comme s’il y avait mépris du texte, donc du chant, pour traiter l’ensemble comme une masse compacte, avec pour principal projet la mise en place et la force constante de l’émission. Les choristes, sollicités de façon permanente, font ce qu’on leur demande, avec conviction, mais on se prend à rêver de ce que tant de qualités individuelles pourraient produire, dans d’autres conditions.


Israel in Egypt © Bruno.Moussier

La seconde partie, traduisant la joie de la délivrance et la reconnaissance envers Yahvé, nous réserve quelques beaux moments, particulièrement toute la fin. Ainsi l’aria de ténor « The enemy said », auquel Krešimir Špicer, sonore, expressif, intelligible, donne tout son sens. Son intervention suivante, dans le duo, sera de la même eau, bienvenue. Mais l’orchestre n’est pas tenu dans l’air intermédiaire « Thou didst blow », où l’unisson des basses de l’orchestre, trop puissant, fait oublier le jeu des hautbois. Ambroisine Bré, appréciée depuis le début, nous vaut un « Thou shalt bring them in » dont le chant réjouit. Les deux basses (Andreas Wolf et Tomislav Lavoie), équilibrées, nous ont offert un beau duo. Quant à Florie Valiquette et Melody Louledjian, étaient-elles le meilleur choix, compte-tenu de la puissance constante de l’orchestre ? C’est dommage, car la qualité individuelle de chacune appelait une autre mise en valeur.

La fin fait oublier nombre des réserves : « The people shall ear », sur un orchestre haletant, est fort bien conduit. Le final, triomphal, jubilatoire, comme attendu, parfaitement en place, appelle des applaudissements nourris du public.

 

 

 

 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

1

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Georg Friedrich Haendel

Concerto en fa majeur pour orgue, HWV 295

Israel in Egypt, HWV 54

Florie Valiquette, soprano
Melody Louledjian, soprano
Ambroisine Bré, alto
Krešimir Špicer, ténor
Andreas Wolf, basse
Tomislav Lavoie, basse

François Saint-Yves, orgue positif

Le Concert Spirituel, Chœur et Orchestre

Direction musicale

Hervé Niquet

Festival Berlioz, La Côte Saint-André

Église Abbatiale de Saint-Antoine-L’Abbaye

Samedi 21 Août 2021 – 21h00

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle