Forum Opéra

Grisey : Quatre chants pour franchir le seuil — Paris (Philharmonie)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
20 octobre 2020
Grisey sanguin

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Stèle, pour deux percussionnistes (1995)

Vortex temporum, pour piano et cinq instruments (1995)

Quatre chants pour franchir le seuil, pour soprano et quinze instruments (1998)

Détails

Sophia Burgos, soprano

Dimitri Vassilakis, piano

Ensemble intercontemporain
Direction musicale
Matthias Pintscher

Vendredi 16 octobre 2020 à 20h30

Une fois de plus, l’actualité se plaît à jouer des tours aux Quatre chants pour franchir le seuil de Gérard Grisey. Alors que Barbara Hannigan en proposait sa version discographique des faits en plein confinement, voici que l’œuvre est jouée par l’Ensemble intercontemporain à la veille d’un couvre-feu national.

Cet étrange dialogue entre deux grosses caisses qui ouvrait ce concert monographique, Stèle, est écrit en hommage au jeune compositeur Dominique Troncin, et se présente comme une conversation hiératique entre deux instruments. Bien que la pièce use volontiers de processus systématiques pour s’organiser, le discours n’en est pas moins expressif et contrasté. Le jeu précis et concentré des percussionnistes Gilles Durot et Samuel Favre est tout à l’honneur du langage de Grisey, et il permet d’oublier rapidement une petite étourderie dans la régie lumière.

Vortex temporum n’est certainement pas la pièce la plus accessible du compositeur. Cette réflexion sur le son et sur son développement dans différents temps musicaux a beau être réalisée avec brio, elle court parfois le risque de laisser le néophyte sur le carreau. Penser cela, c’est manquer de confiance envers les interprètes de la soirée : chauffés à blanc par une musique extrêmement virtuose, les solistes de l’Intercontemporain se surpassent dans une interprétation incandescente (incroyable Dimitri Vassilakis dans la cadence du premier mouvement !). Matthias Pintscher nous fait oublier les savants calculs de la pièce, et lui insuffle en retour un souffle expressionniste et hédoniste bienvenu.

Du point de vue instrumental, les mêmes qualités sont à souligner dans l’interprétation du plat de résistance de la soirée que sont ces Quatre chants pour franchir le seuil. Cette « masse grave, lourde et cependant somptueuse et colorée », Pintscher la laisse enfler ou s’amincir au fil du discours, et fait se relier texte et musique comme jamais. Ici encore, la performance de la section de percussions est à saluer plus particulièrement.
Invitée à chanter pour la première fois depuis le confinement, Sophia Burgos confirme sa nature d’interprète de choix de la musique d’aujourd’hui. La soprano portoricaine ne fait qu’une bouchée des difficultés d’intonation de la pièce, et sa maîtrise intellectuelle de la partition ne fait aucune doute. C’est pourtant du côté physique qu’il faut pointer un léger manque : souvent mise en difficulté par sa tessiture médium et grave, la chanteuse peine parfois à passer au dessus d’un ensemble instrumental particulièrement riche en cuivres graves. Est-ce la conscience de ce manque qui déstabilise la chanteuse ? Il est difficile de le dire, mais elle semble occupée par autre chose que la musique lors des nombreuses plages d’attentes qu’il lui incombe d’habiter. On perd ainsi la belle concentration du deuxième chant, et le discours semble parfois s’effilocher dans les autres mouvements.

Il est certain que Sophia Burgos possède les qualités requises pour interpréter cette partition, et que le temps et la reprise d’une activité scénique régulière sauront lui redonner l’assurance qui y est nécessaire.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Stèle, pour deux percussionnistes (1995)

Vortex temporum, pour piano et cinq instruments (1995)

Quatre chants pour franchir le seuil, pour soprano et quinze instruments (1998)

Détails

Sophia Burgos, soprano

Dimitri Vassilakis, piano

Ensemble intercontemporain
Direction musicale
Matthias Pintscher

Vendredi 16 octobre 2020 à 20h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle