Forum Opéra

Giovanna d'Arco — Milan

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
13 décembre 2015
La chevalerie n’est pas morte

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Drame lyrique en quatre actes
Livret de Temistocle Solera
D’après Die Jungfrau von Orléans de Friedrich Schiller
Créé à la Scala de Milan le 15 Février 1845

Détails

Mise en scène
Moshe Leiser et Patrice Caurier
Décors
Christian Fenouillat
Costumes
Agostino Cavalca
Lumières
Christophe Forey
Vidéo
Etienne Guiol
Chorégraphie
Leah Hausman

Carlo VII
Francesco Meli
Giovanna
Anna Netrebko
Giacomo
Devid Cecconi
Talbot
Dmitry Beloselskiy
Delil
Michele Mauro

Choeur et Orchestre du Teatro alla Scala
Chef du choeur
Bruno Casoni
Direction musicale
Riccardo Chailly

Teatro alla Scala, dimanche 13 décembre 2015, 15h

Cent cinquante ans après sa dernière apparition in loco, l’opéra à l’origine de la brouille entre Verdi et la Scala de Milan revient par la grande porte, l’institution milanaise lui faisant les honneurs de la Prima au soir de la Saint-Ambroise. Dit « de jeunesse » ou composé pendant « les années de galère », il est un défi pour l’équipe artistique qui s’y attelle. Comment donner vie à cette vierge hardie mais désirante, égérie que Schiller a éloignée du personnage historique ? Comment rendre crédible Giacomo, ce père anti-verdien, qui déclenche et répare le cataclysme ? Comment enfin donner à voir la chevalerie sans tomber dans le carton-pâte ?

On pourrait croire que Patrice Caurier et Moshe Leiser se sont fait une spécialité de mettre en scène des opéras fortement liés à un contexte historique (les druides de Norma, l’Angleterre de Marie Stuart, la Venise triomphante d’Otello etc.). Ici ils recourent à un subterfuge fort peu original. Dans une chambre datée du XIXe siècle, une jeune femme, folle ou dans des délires grabataires, s’imagine héroïne, rêve d’un prince doré et se réconcilie avec son père castrateur. Mais n’a pas la finesse d’analyse d’un Claus Guth qui veut. Et là, sur cette scène scaligère, où l’allemand usait du même expédient pour faire de Die Frau Ohne Schatten une plongée abyssale dans la psyché du personnage en s’appuyant sur l’écriture « freudienne » d’Hofmannsthal, le duo de metteurs en scène s’échine en cherchant des ressorts psychanalytiques que l’œuvre ne comporte en rien. Pour autant, cette fièvre et cette rêverie permettent de surmonter les principales difficultés – d’aucuns diraient les faiblesses – du livret : les scènes de triomphe ou les batailles qui envahissent l’espace sont du plus bel effet, bien servies par des projections vidéos de qualité (Etienne Guiol). Espace intime, la chambre resserre les rapports des trois personnages qui y gagnent en crédibilité.

Au pupitre Riccardo Chailly règne en maitre. Le Milanais, qui déjà en 1989 défendait l’œuvre à Bologne (Susan Dunn et Renato Bruson), emporte la soirée : tempi vifs appuyés sur des attaques cinglantes aux cordes, des premiers temps marqués fortissimo aux pizzicati que contrebalance le moelleux de la petite harmonie. Tout en contraste, ornée de piani soudain et de brusques crescendos, sa direction est comme la respiration et la palpitation qui nourrit la scène. Pour les chanteurs, en permanence soutenus ou mis en valeur, c’est un luxe dont le confort n’a d’égal que la beauté.

Si le chœur de la Scala n’est pas dans son meilleur jour tout au long de la soirée, la prestation des trois solistes ne cessera de gagner en qualité. Timbre clair et léger défaut de projection handicapent tout d’abord le Giacomo de Devid Cecconi que l’on voudrait plus noir. Lorsque le personnage rejoint la lignée des pères verdiens bienveillants, le baryton séduit enfin pleinement. Francesco Meli d’emblée fait montre des qualités de son chant : brillance, phrasé, nuances. D’autant que la voix a gagné en volume. Toutefois le premier acte le met en défaut sur le souffle et les fins de phrases sont peu soutenues… défaut rapidement balayé dès le duo du deuxième acte. Anna Netrebko vient à bout des écarts meurtriers de l’écriture vocale de son personnage. Ce n’est pas sans raideur dans les notes de passages en début de représentation, mais rapidement l’agilité, la facilité se déploient telles qu’à l’accoutumée. Au-delà de ces qualités techniques, l’incarnation est pleine et entière : de la guerrière à la femme de chair, de l’amazone à la fille fragile. Elle vient saluer avec son naturel habituel puis narquoise, elle lève le poing vers les galeries où quelqu’un s’époumone à huer. En réponse, elle raccompagnera l’ensemble des interprètes pour plusieurs rappels devant un parterre debout.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Drame lyrique en quatre actes
Livret de Temistocle Solera
D’après Die Jungfrau von Orléans de Friedrich Schiller
Créé à la Scala de Milan le 15 Février 1845

Détails

Mise en scène
Moshe Leiser et Patrice Caurier
Décors
Christian Fenouillat
Costumes
Agostino Cavalca
Lumières
Christophe Forey
Vidéo
Etienne Guiol
Chorégraphie
Leah Hausman

Carlo VII
Francesco Meli
Giovanna
Anna Netrebko
Giacomo
Devid Cecconi
Talbot
Dmitry Beloselskiy
Delil
Michele Mauro

Choeur et Orchestre du Teatro alla Scala
Chef du choeur
Bruno Casoni
Direction musicale
Riccardo Chailly

Teatro alla Scala, dimanche 13 décembre 2015, 15h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle