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Aladin et la lampe merveilleuse — Strasbourg

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Spectacle
10 mars 2010
Génial !

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4

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Aladin et la lampe magique (Rota, Monteil – Strasbourg)

Nino ROTA (1911-1979)

 

Aladin et la lampe magique

Conte lyrique en trois actes

Livret de Vinci Verginelli d’après Les Mille et Une Nuits

Nouvelle production de l’Opéra Studio

Coproduction Opéra National du Rhin / Opéra de Lausanne

 

Création française

 

  

Mise en scène : Waut Koeken

Décors : Marnik Baert, Marcoen Dolhain

Costumes : Carmen Van Nyvelseel

Lumières : Glen D’haenens

Adaptation du livret en français : Benoît Deleersnyder

 

Aladin : Xin Wang

Le Magicien du Maghreb : Andrey Zemskov

Princesse Badr’-Al-Budur : Anaïs Mahikian

Mère d’Aladin : Eve-Maud Hubeaux

Le Sultan : Jean-Philippe Emptaz

Le Grand Vizir : Young-Min Suk

Le Génie de la lampe : Olivier Déjean

Le Génie de l’anneau : Jean-Gabriel Saint-Martin

 

Ensemble orchestral et étudiants chanteurs

du Conservatoire National de Région de Strasbourg

 

Direction musicale : Vincent Monteil

 

Illkirch-Graffenstaden, L’Iliade, 10 mars 2010

 

 

 

  

Génial !

 

En matière de spectacles pour enfants et adolescents, l’Opéra National du Rhin a toujours choisi de tirer le jeune public vers le haut avec des ouvrages ambitieux comme par exemple L’Histoire du soldat de Stravinsky, Mahagonny Songspiel de Kurt Weill, Le Pont des ombres, un opéra contemporain (en création mondiale) d’Olivier Dejours, ou cet Aladin et la lampe merveilleuse de Nino Rota, autant d’œuvres qui ne versent pas dans la facilité, qui réclament une réelle préparation du public mais dont l’accueil enthousiaste qu’elles suscitent ne peut que pousser à continuer sur cette même voie d’excellence et d’exigence. Car si l’excellence réside dans la programmation, elle réside également dans l’interprétation et les moyens alloués à ces spectacles. On ressort ainsi de cet Aladin émerveillé tant musicalement que scéniquement.

 

La mise en scène du jeune metteur en scène Waut Koeken est en effet confondante d’ingéniosité et d’imagination. Le décor se compose d’un immense tapis volant agrémenté d’éléments de décors mobiles et d’une multitude de trappes permettant une circulation des personnages extrêmement habile. De superbes éclairages et projections (par exemple sur les pages d’un livre géant) permettent de camper des atmosphères très différentes. Les beaux et amusants costumes parachèvent cet enchantement visuel. Mais surtout, la prodigieuse direction d’acteurs laisse pantois. Il y a une incroyable vie sur le plateau et les personnages sont remarquablement campés et incarnés par les jeunes chanteurs de l’Opéra Studio qui se donnent à fond.

 

Ces artistes se sont déjà produits dans les productions de la maison (comme Louise de Charpentier ou Ariadne auf Naxos de Strauss) où certains s’y sont fait remarquer. On retrouve ainsi avec plaisir celles qui formaient un très beau trio de femmes dans Ariadne dont Anaïs Mahikian, ici une superbe et ample Princesse, et Eve-Maud Hubeaux en mère d’Aladin dont on se délecte du très beau mezzo. L’Aladin de Xin Wang met un certain temps à se chauffer mais révèle une belle voix de ténor joliment menée. On sera hélas plus circonspect sur le magicien d’Andrey Zemskov dont le chant trop en force durcit la voix. Le reste de la distribution est enchanteur, tout particulièrement le génie de l’anneau, le baryton Jean-Gabriel Saint-Martin, superbe de timbre, de ligne et de prononciation.

 

L’ensemble instrumental formé par des élèves du Conservatoire National de Région de Strasbourg est également excellent (on notera tout particulièrement le trompettiste et le timbalier). Ces jeunes musiciens montrent déjà un professionnalisme étonnant, car jouer en fosse n’est en rien similaire à jouer en symphonique. L’extrême attention qui doit être portée au chef et aux chanteurs nécessite une réactivité et une faculté d’adaptation importantes que ces musiciens ont acquises avec maestria. Il faut aussi louer leur chef, Vincent Monteil, qui sait les guider à la perfection et faire superbement sonner ce petit ensemble d’une vingtaine de musiciens. La partition de Nino Rota n’est en effet pas une pochade et renferme des passages d’un symphonique qui penche vers Wagner ou le grand opéra français. On reconnaît ça et là la patte du compositeur de musiques de films, mais sans ostentation : Rota a bien voulu écrire de la musique « savante » et il y a réussi.

 

Pierre-Emmanuel Lephay

 

 

 

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