Une ruche. Voilà à quoi a ressemblé le Palais des congrès de Nantes. Des centaines, des milliers de gens allaient et venaient dans une ambiance bourdonnante, montaient ou descendaient les escaliers roulants, tenaient joyeusement à main des poignées de billets d’entrée aux concerts, envahissaient les sept salles de 150 à 2000 places qui étaient ouvertes du matin au soir.
Ainsi se sont déroulées les « Folles journées » consacrées cette année à Schubert : 800 artistes, 210 concerts.
Cela fait vingt-huit ans que René Martin organise ces Journées infatigablement, contre vents et marées, et même contre pandémie.
Des centaines, des milliers de gens, oui. Et encore, cette année les jauges avaient été réduites à 80 % et le kiosque à musique du grand hall d’entrée avait été supprimé !
Pendant quatre jours, nous avons été immergés dans la musique de Schubert : Lieder, sonates pour piano, musique de chambre, symphonies. La musique de Schubert est celle de la tendresse et du réconfort. Elle nous saisit au cœur, adoucit notre mélancolie. Elle ne le fait pas de manière exaltée, ne nous donne pas de grandes tapes dans le dos mais nous prend par la main, nous insuffle la joie, nous console… Schubert for ever ! Schubert à la folie…
Vendredi soir nous était proposé le programme du dernier concert qui fut donné par Schubert le 28 mars 1828, huit mois avant sa mort à 31 ans. Ce soir-là – qui tombait le jour du premier anniversaire de la mort de Beethoven, Schubert créa ses dernières œuvres : le sublime 2e Trio, le bouleversant 15e Quatuor, mais aussi des œuvres vocales bien oubliées depuis, les Lieder « Die Sterne »( les Etoiles), « Der Kreuzzug » ( la Croisade), « Der Wanderer an den Mond » (Le voyageur de la lune), mais encore une pièce pour soprano, piano et cor intitulée « Auf dem Strom » (Sur le fleuve) dédiée à Beethoven ainsi qu’une Sérénade pour mezzo et… chœur d’hommes et une œuvre pour… deux chœurs d’hommes intitulée « Schlachtlied » (Chant de bataille).
Lors de la résurection de ce concert à Nantes, les Lieder bénéficièrent du velours de la voix du ténor français François Rougier aux couleurs barytonnantes. Il nous a profondément touché dans ce répertoire mélodique pourtant étranger à son quotidien. (Il fait partie de la troupe de l’Opéra Comique).
La mezzo Raquel Camarinha mit sa voix mozartienne au service d’un chant tout en finesse.
Placés en demi-cercle, droits comme des i, les hommes de l’Ensemble vocal de Lausanne, firent dialoguer avec vigueur et rigueur des deux choeurs masculin de« Schlachtlied », rappelant ainsi les polyphonies de la Renaissance, mais dans un style romantique.
Pour leur part les Psophos et les Karénine s’exprimèrent avec finesse dans le 15e Quatuor et le 2e Trio.
On aurait aimé que ce week-end ne s’achève point. Hélas, tout a une fin – à l’exception de la Symphonie inachevée de Schubert !