Forum Opéra

Die Winterreise — Monte-Carlo

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
27 mars 2015
Le voyageur égaré

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Cycle de 24 lieder pour piano et voix sur des poèmes de Wilhelm Müller (1827)

Détails

Baryton

Kwangchul Youn

Piano

Burkhard Kehring

Opéra de Monte-Carlo, samedi 27 mars, 20h

D’origine coréenne, Kwangchul Youn a étudié le chant à l’Université de Chungju avant de remporter le premier prix du Concours national de Chant de Corée. De Séoul où il débute en 1988 en Giordano dans Fedora, il rejoint l’Europe parfaire sa formation et emporte plusieurs compétitions prestigieuses, dont la première édition d’Operalia, à Paris en 1993. Membre permanent du Staatsoper de Berlin de 1994 à 2004, il forge son répertoire : Sarastro (Die Zauberflöte), Philippe II (Don Carlos), Banquo (Macbeth), Marke (Tristan und Isolde), Fasolt (Das Rheingold), Hunding (Die Walküre)… Invité depuis sur les plus grandes scènes du monde entier, il prend pension chaque année ou presque à Bayreuth au point de considérer la colline sacrée comme sa deuxième maison.

Ce portrait sommairement brossé, on peut s’interroger sur la présence d’une basse d’obédience wagnérienne dans Winterreise. Le cycle de mélodies composé par Franz Schubert à la fin de sa vie est aujourd’hui chasse gardée des ténors et des barytons, Jonas Kaufmann  et Matthias Goerne tenant lieu de d’incontournable référence, chacun dans leur tessiture. Dans la catégorie masculine, il arrive à des voix plus graves de s’emparer de la partition – Hans Hotter, José van Dam ou Thomas Quasthoff sont interprètes historiques – mais à leur qualité de basse, elles adjoignent le plus souvent celle de baryton comme gage sinon de clarté du moins d’une certaine liberté dans l’aigu. La proposition de Kwangchul Youn est autre. Son entrée dans l’œuvre se fait d’un pas lourd. Le timbre sombre suggère inévitablement la maturité. Le voyageur semble moins las que plombé par le poids d’années portées comme un fardeau. Pourtant, ce n’est pas un vieillard hagard et fatigué qui va déambuler vingt-quatre mélodies durant. Dès le deuxième numéro, « Die Wetterfahne » avec au piano des trépignements inhabituels chez Schubert, la silhouette se redresse, autoritaire et courroucée. La voix tonne. Derrière l’éclat et les grondements, transparait coléreux plus qu’un homme, un dieu. Wotan, sors de ce corps !

Au fil de sa progression, le chant se prend alors à hésiter entre révolte et accablement, entre imprécations lancées à pleins poumons et lamentations livides à force d’allègements, comme si craignant de lasser l’auditeur, Kwangchul Youn cherchait à renouveler constamment le propos. Toutes les couleurs, tous les effets sont convoqués pour écarter toute tentation de monotonie. Si l’expression peut paraitre exagérée dans une œuvre qui, touchant au plus profond de l’âme, n’a que peu à faire de démonstrations, l’attitude du chanteur, introvertie, les yeux fermés, les bras figés, traduit l’extrême concentration. Schizophrénie ? Selon les mélodies, le résultat est inégal, tantôt saisissant – « Die Krähe » à la tristesse résignée –, tantôt décevant – « Frühlingstraum » aux contrastes trop soulignés – jusqu à un « Der Leiermann » hypnotique, qui laisserait abasourdi, peut-être conquis, si des applaudissements précoces, avant même que la musique se taise, ne venait rompre le charme.

Au piano, Burkhard Kehring, qui fut l’accompagnateur du dernier enregistrement de Dietrich Fischer-Dieskau, s’emploie tout au long du cycle à montrer la bonne direction. Malheureusement, son jeu, d’une intelligence révèlant une connaissance intime de l’œuvre, ne réussit que sporadiquement à remettre notre voyageur, trop souvent égaré, dans le droit chemin.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Cycle de 24 lieder pour piano et voix sur des poèmes de Wilhelm Müller (1827)

Détails

Baryton

Kwangchul Youn

Piano

Burkhard Kehring

Opéra de Monte-Carlo, samedi 27 mars, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle