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Stabat Mater — Clermont-Ferrand

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Spectacle
18 mars 2014
A bon entendeur…

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Philippe Jaroussky
contre-ténor

Antonio Vivaldi
Sinfonia RV 192
Clarae stellae, scintillate RV 625
Concerto en do mineur pour cordes et clavecin RV120
Stabat Mater RV 621
Concerto per archi RV 157
Salve Regina RV 618
Concerto en ré majeur pour cordes et clavecin RV 123
« Longe Mala, Umbrae Terrores » RV 629

Bis

« Domine Deus » du Gloria RV 588
« Amen » du Nisi Dominus
« Cum dederit » du Nisi Dominus

Ensemble Artaserse

Clermont-Ferrand, Opéra, mardi 18 mars 2014, 20 heures

 

Avisé mélomane qui laisse au vestiaire habitudes d’écoute et autres a priori ! Bel exemple avec le très attendu récital de Philippe Jaroussky mardi à l’Opéra de Clermont-Ferrand dans le cadre du programme Récital Grande Voix du Centre Lyrique d’Auvergne. Au point que l’on croyait sa prestation entendu d’avance. Tout spécialement s’agissant du Stabat Mater de Vivaldi. Connaissant ses précédentes interprétations du chef-d’œuvre du Prete Rosso, on peut préférer des timbres plus typés dans les graves, une tonalité plus investie dans le pathétique et les contrastes. Tout au contraire Jaroussky exploite les spécificités, pour reprendre l’expression d’Alfred Deller, de cette « sonorité de colombe » qui est sa signature. Mais à présent que la voix a mûri tout en conservant sa souplesse et son émission « en avant », il peut approfondir son jeu, aller plus loin dans les nuances et les voluptés chromatiques. On est moins dans la déploration extatique d’un Andreas Scholl, les tourments de l’affliction d’un David Daniels ou le vertical mysticisme d’un Bowman, mais bien plus dans un sensualisme pudique aux raffinements savamment calculés. Un Jaroussky moins éloquemment introspectif et incarné qu’il l’est avec Spinosi ? Indéniablement, et à la fois plus proche de la version dirigée par Malgoire. On y perçoit une fièvre toute intérieure portée par un chant d’une ductilité en apesanteur sur le « pertransivit gladius », comme si ce « glaive » n’en finissait pas de « transpercer » l’âme de la « Mère des douleurs ». De même la plainte d’une infinie souffrance sur le « dolentem » du « Qui non posset contristari », semble ne jamais devoir prendre fin.

L’étendue et la richesse de ses moyens techniques portent davantage notre contre-ténor vers une hyper esthétisation du chant doloriste aussi bien que jubilatoire, sans pour autant s’en tenir aux effets de manche et autres artifices vocaux affectés. C’est un chant vécu dans l’évidence, la conviction que l’univers vivaldien dépasse le simple objet décoratif. L’éclat et la vigueur du « Nunc Jubilare » du Clarae Stellae sont d’abord chez Jaroussky, au service d’un jaillissement autant que d’une plénitude spirituelle. Les qualités objectives du phrasé lui suffisent pour s’assurer une fluidité, une justesse et une conviction de ton toujours fascinantes. Au point que la suavité des aigus et la moire du bas médium trouvent des accents presque lascifs dans un Salve Regina RV 618 dont le flamboyant et passionné « Eia Ergo », bouleversant de précision, reflète l’obsession du détail d’un chanteur avant tout soucieux de perfectionnisme. Une maîtrise et une sérénité qui lui permettent de franchir les pires écueils avec une aisance et un naturel inégalés. Le « Virgo Maria » conclusif culmine ainsi sur des aigus de cristal et sur des vocalises à couper le souffle.

Virtuose aussi son Longe mala, umbrae, terrores RV 629, mais sans se départir de ce panache au service d’une ferveur toujours sincère. Les inflexions frémissantes d’un « Tolle maerorem » aux implorations séraphiques sont un morceau d’anthologie que vient conclure un stratosphérique « Alleluia » ! Vaillance de la théâtralisation sur un mot, qui donne à lui seul toute la dimension du talent de Jaroussky. Homogénéité d’un timbre sur toute la tessiture que vient confirmer la générosité de trois rappels, d’un poignant « Domine Deus » du Gloria, au pyrotechnique « Amen » du Nisi Dominus pour conclure sur un extatique « Cum dederit ».

S’il est une vertu cardinale qui peut qualifier Jaroussky c’est bien cet alliage de sincérité et de charisme du chant. Mais aussi cet élan infaillible et cette aisance de la projection faite d’éclat et de justesse stylistique. Sur ce dernier registre on n’oubliera pas l’exceptionnelle cohésion de l’Ensemble Artaserse pour la transparence de sa lecture et la mise en valeur de la mécanique harmonique de la Sinfonia RV 192, du Concerto per archi RV 157 et des Concerti pour cordes et clavecin en do mineur RV120 et en ré majeur RV 123. Le jeu aérien du premier violon, Alessandro Tampieri est bien de taille à soutenir la comparaison avec le prince des contre-ténors.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Philippe Jaroussky
contre-ténor

Antonio Vivaldi
Sinfonia RV 192
Clarae stellae, scintillate RV 625
Concerto en do mineur pour cordes et clavecin RV120
Stabat Mater RV 621
Concerto per archi RV 157
Salve Regina RV 618
Concerto en ré majeur pour cordes et clavecin RV 123
« Longe Mala, Umbrae Terrores » RV 629

Bis

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