Dans les années 70, Montserrat Caballé interpréta plusieurs fois le rôle de Gemma di Vergy (à Paris, Naples et Barcelone notamment) avant de l’abandonner, considérant qu’il était aussi difficile que « de chanter trois Norma » !
Enregistré dans la foulée d’un concert donné à Carnegie Hall, le 14 mars 1976, le présent enregistrement est d’une qualité parfaite, très largement supérieure aux autres témoignages de la diva espagnole (pardon : catalane !). On retrouve ici le soprano avec ses immenses qualités, mais déjà des défauts qui tourneront plus tard à la caricature : suraigus parfois criés, coups de glotte, graves excessivement poitrinés dans des effets dramatiques un peu outrés, consonnes qui disparaissent à l’approche d’un passage aigu, absence de variations… Au positif, on retrouve un timbre unique, un souffle inépuisable, un art de la coloration et de belles nuances, trouvant leur apothéose dans la grande scène finale saluée par une juste ovation du public.
Louis Quilico semble avoir été choisi pour l’insolence de son registre aigu, mais le chanteur est plus verdien que donizettien tant son style est éloigné du bel canto. Sans doute en méforme, le baryton canadien a de plus quelques notes un peu éraillées.
Luis Lima était un artiste dramatiquement très engagé à la scène. A la seule écoute, on est un peu loin du compte. Le ténor argentin chante avec vaillance, mais lui aussi est bien éloigné du style belcantiste : peu de coloration, pas de variations mais l’inévitable suraigu final. Bizarrement, la voix n’est pas très timbrée, à la limite de l’opérette, un peu nasale.
Eve Queler dirige l’Opera Orchestra of New-York avec son enthousiasme habituel mais passe à côté du drame. Gemma di Vergy attend toujours son enregistrement de référence.