Liedersängerin, Sonya Yoncheva ? Ses triomphes en Lucia ou en Violetta laissent plutôt deviner une bête de scène qu’une mélodiste cérébrale, éprise de langues et de poésie. Et pourtant, Roland Duclos nous avait prévenu dans son compte rendu de ce même récital à Clermont-Ferrand il y a quelques jours : sous son allemand valeureux, son français parfait, son espagnol ténébreux et son italien gourmand, les mélodies de Clara Schumann, de Pauline Viardot et de Carlotta Ferrari (pour les bis) sélectionnées par la soprano bulgare pour ce récital des Grandes Voix exclusivement féminin ne sonnent ni comme des scènes d’opéra dénaturées, ni comme des ariettes oubliées.
Dans un répertoire parfois virtuose, surtout chez Viardot (et y compris pour le pianiste, son accompagnateur Federico Brunello en sait quelque chose), mais où l’expressivité et l’émotion doivent moins jaillir que sourdre, Sonya Yoncheva, ni austère ni clinquante, réussit là où on pouvait la craindre désarçonnée, voire dépassée. Face à une Salle Gaveau conquise, ce vendredi 6 février 2015, elle offre même, parmi les bis, un extrait de son premier disque solo : « Ô Paris, gai séjour ». Sa Violetta et sa Iolanta, en 2016, confirmeront-elles l’histoire d’amour entre la France et la nouvelle étoile de la scène lyrique ?