Pour ses œuvres lyriques, Ferruccio Busoni, qui aurait eu 150 ans cette année, accordait une importance vitale au livret et à sa profondeur. Pour ce qui allait être son dernier opéra, il choisit donc Faust, mais sans adapter directement le grand chef d’œuvre de Goethe. Il préféra remonter aux sources plus anciennes de cette légende. Travail énorme qui lui prit au total 8 ans. La partition, serrée, complexe, foisonnante, ne lui prit pas moins de temps et il mourut avant de l’achever. Son élève Philippe Jarnach compléta les scènes manquantes dont la scène finale et ce Doktor Faust fut créé à Dresde sous la direction de Fritz Busch, moins d’un an après la mort du compositeur. La découverte d’autres esquisses de ce dernier près de 50 ans plus tard conduisit le musicologue et chef d’orchestre Antony Beaumont à proposer une autre version des scènes manquantes.
Voici le finale tel que créé en 1925 de ce chef d’œuvre sombre, tout droit sorti des noirceurs de la Grande guerre, dans une mise en scène de Klaus Grüber, et sous la direction de Philippe Jordan à Zurich, avec les excellents Thomas Hampson (Faust) et Gregory Kunde (Mephisto), Busoni ayant choisi d’inverser les tessitures héritées de Gounod et Berlioz pour ses personnages.