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Un jour, une création : 1er mai 1769, une (fausse) simplette de 250 ans.

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1 mai 2019
Un jour, une création : 1er mai 1769, une (fausse) simplette de 250 ans.

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En septembre 1767, la famille Mozart au complet entreprend un voyage de Salzbourg à Vienne pour tenter de profiter de la manne que peuvent représenter pour des musiciens les nombreuses fêtes données pour les noces de l’archiduchesse Maria-Josepha avec le roi de Naples. Las ! Une épidémie de variole se déclare au moment même où les quatre Mozart arrivent dans la capitale. Ce terrible fléau empêche Wolfgang et son père de se produire et les plonge dans un sérieux embarras financier. La mort en octobre de l’archiduchesse, frappée par la maladie, aggrave évidemment les choses. Léopold Mozart emmène sa famille hors de Vienne pour voir venir, ce qui n’empêche pas Wolfgang puis sa sœur Nannerl d’être à leur tour atteints par la variole, dont ils réchappent heureusement. De retour à Vienne début 1768, les Mozart tentent à nouveau leur chance. Léopold et Wolfgang sont reçus par l’impératrice Marie-Thérèse et son fils co-régnant Joseph II. Mais aucune commande ne leur est passée. L’effet Wolfgang, si fort quelques années auparavant lorsqu’il était enfant prodige, ne joue plus. Gluck et Haydn règnent en maître sur la vie musicale. Toujours dévoré d’ambition pour son fils, Léopold décide de lui faire composer un opéra, qui serait le premier ouvrage lyrique complet du jeune garçon, qui vient d’avoir 12 ans et qui pourrait ainsi frapper les esprits. Il écrit à cette fin au comte Affligio –nom prédestiné- directeur assez sulfureux du Burgtheater et du Hetztheater de Vienne. Un contrat de 100 ducats est signé.

Le livret choisi est tiré d’une comédie de Goldoni. Ce sera donc un opera-buffa, adapté par Marco Coltellini sous le titre de La finta semplice, la fausse simplette (ou la fausse naïve comme on voudra). La partition avance vite. Mozart imite en effet le genre buffa  italien popularisé par Pergolese et sa Serva padrona, non sans facilités. Mais la création est sans cesse remise. On attend le retour de Joseph II, parti en Hongrie. La situation dérive pendant des mois même après le retour du co-empereur et voilà que le prince archevêque de Salzbourg, Sigismond von Schrattenbach, dont Léopold est le vice-maître de chapelle et à qui il avait donné un congé temporaire pour aller à Vienne, s’agace de la longueur du congé et lui coupe les vivres. Pendant ce temps, l’opéra, bien qu’achevé, n’est toujours pas représenté. Affligio est un inconséquent notoire et les Mozart ont beaucoup d’ennemis. L’impresario prétend que l’opéra est magnifique mais « pas assez théâtral », donc trop risqué. Joseph II, fâché par cette affaire, promet une enquête mais ne fait pas pour autant jouer l’œuvre. Les Mozart repartent donc piteux à Salzbourg. Entretemps, Wolfgang est déjà passé à autre chose et écrit notamment son singspiel Bastien et Bastienne.

De retour dans leur ville près de 18 mois après l’avoir quittée, les Mozart retrouvent heureusement leur situation initiale et donc Léopold son poste. Pas rancunier, le prince-archevêque, bien plus sympathique que son futur successeur, le terrible Colloredo, entend rétablir l’honneur des Mozart qui avait été bafoué à Vienne et c’est lui qui ordonne la création de la Finta semplice voici tout juste 250 ans, à l’occasion de sa propre fête.

Pour célébrer dignement cet anniversaire, voici le charmant air d’entrée de la fameuse fausse simplette, Rosina, « Senti l’eco », chanté ici par Diana Damrau, lointaine héritière de la créatrice du rôle, Magdalena Lipp, qui était devenue depuis peu Mme Joseph Haydn.

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