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Un jour, une création : 18 juin 1821, la révolution Weber a deux siècles.

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17 juin 2021
Un jour, une création : 18 juin 1821, la révolution Weber a deux siècles.

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Dès le début des années 1810, Carl-Maria von Weber avait pensé adapter une vieille légende parlant de balles magiques et diaboliques, mais il avait abandonné l’idée. C’est son ami Johann Kind, à Dresde, qui lui fait découvrir quelques temps plus tard la nouvelle de Johann Appel, Der Freischütz, ein Volkssage (Le franc-tireur, un conte populaire), histoire fantastique propre à stimuler le génie mélodique de Weber, dont Kind, qui en tire le livret pour l’opéra à venir, change le cours pour imposer une fin joyeuse. Quitte à changer, Weber retire aussi la scène de la rencontre entre Agathe et l’ermite, sur la suggestion pressante de sa fiancée, Caroline Brandt. Il décide d’appeler son opéra La fiancée du chasseur.

Weber planche pendant 3 ans et destine la partition à Berlin, où le comte von Brühl, gouverneur des théâtres, la destine à l’opéra royal et lui propose quelques aménagements. Roi du teasing, Weber présente d’abord son ouverture un peu partout, et n’est pas déçu par l’accueil qu’elle reçoit. 

Mais ce n’est rien à côté du triomphe que l’opéra remporte à sa création il y a deux siècles, avant de faire le tour de l’Europe sous diverses formes et avec diverses adaptations qui n’ont pas fait obstacles à son succès. 

C’est que l’événement est considérable et le public, qui a tant attendu, ne s’y trompe pas. Plus que tout autre, Der Freischütz inaugure l’opéra national allemand, affranchi des influences italiennes, et dont les caractéristiques essaimeront dans toute l’Europe centrale et orientale. Weber, ne part pas de rien : il reprend et renouvelle la tradition du Singspiel avec ses dialogues parlés, a beaucoup écouté ses contemporains Spohr et Hoffmann dans l’utilisation de l’orchestre, dans le choix d’un sujet fantastique à grand spectacle à la française, sans renoncer au charme mélodique finalement très italianisant. En somme, Weber réussit une synthèse proprement nationale qui ouvre une nouvelle ère menant à Wagner. 

En France, celui qui reçoit l’œuvre comme une révélation, c’est Berlioz. Il la découvre à l’Odéon en 1824, mais dans un pastiche réalisé par Castil-Blaze. Pastiche ou pas, le jeune compositeur est subjugué et reverra l’opéra plusieurs fois en quelques mois. « Ce nouveau style, contre lequel mon culte intolérant et exclusif pour les grands classiques m’avait d’abord prévenu, me causa des surprises et des ravissements extrêmes, malgré l’exécution incomplète ou grossière qui en altérait les contours. Toute bouleversée qu’elle fût, il s’exhalait de cette partition un arôme sauvage dont la délicieuse fraîcheur m’enivrait. Un peu fatigué, je l’avoue, des allures solennelles de la muse tragique, les mouvements rapides, parfois d’une gracieuse brusquerie, de la nymphe des bois, ses attitudes rêveuses, sa naïve et virginale passion, son chaste sourire, sa mélancolie, m’inondèrent d’un torrent de sensations jusqu’ alors inconnues. » Berlioz se lance dans la recherche de la partition originale et n’aura de cesse de l’étudier avec toute sa rigueur scientifique et se fera le héraut de Weber en France, si bien que lorsque l’Opéra décidera de monter l’œuvre, la vraie, 20 ans après sa création, c’est Berlioz qui en supervisera l’adaptation, écrivant des récitatifs –puisqu’à l’Opéra il n’est pas question de proposer des dialogues parlés – et en guise de ballet, lui aussi incontournable comme on sait, il orchestre une autre pièce de Weber, l’Invitation à la valse. Malgré tout le soin qu’il apporte à cette adaptation pour éviter tout charcutage qu’il avait tant en horreur, il n’en sera pas moins accusé une décennie plus tard d’avoir défiguré une œuvre qu’il vénère. Mais c’est une autre histoire…

Parmi les grands airs de l’œuvre, voici le solo de l’héroïne Agathe, à l’acte 2,  qui tremble pour son franc-tireur de Max, tenté par le diable pour réussir le concours de tir qui lui permettra de l’épouser. Ce solo « Wie nahte mir der Schlummer » est ici superbement interprété par Nina Stemme, finaliste lors du concours « Singers of the world » à Cardiff en 1993, avec Carlo Rizzi à la baguette et où l’on remarque dans le jury, Dame Joan Sutherland.

 

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