Umberto Giordano avait assisté à Naples à une représentation de la pièce de Victorien Sardou, Fedora, à la fin des années 1880, avec Sarah Bernhardt dans le rôle titre. Il avait demandé à l’auteur de pouvoir utiliser son œuvre et Sardou accepta après avoir eu vent du triomphe d’Andrea Chenier. C’est Aurturo Colautti qui adapte la pièce en livret et on ne peut pas dire qu’il ait beaucoup contriubé à rendre cette dernière plius lisible.
L’action se concentre sur une princesse russe, Fedora Romazov, et développe une histoire des plus cosmiques qui demande une concentration permanente, ou bien une connaissance du livret par cœur, comme on voudra. Bref, contentons-nous de dire que Fedora meurt à la fin comme dans tout bon mélodrame. La création au Teatro lirico internazionale de Milan voici tout juste 120 ans, est un nouveau succès pour Giordano, moins grâce à son œuvre que grâce au créateur du rôle du héros-ténor Loris, un certain Enrico Caruso, qui brûle les planches et lance ainsi sa carrière. Bonne pioche ! L’opéra sera repris de très nombreuses fois jusqu’au milieu du siècle dernier avant de disparaître presque totalement.
L’un des principaux airs de la partition est pour le ténor, même si les plus grandes divas se sont emparé de ce rôle de grande aristocrate au fort tempérament. Voici donc l’air « Amor ti vieta », bissé le soir de la création, mais dans une interprétation un peu étrange. En 2002, un orchestre enregistre la partie pour orchestre et accompagne ainsi à 100 ans d’écart la voix un peu trainante du créateur du rôle , Caruso lui-même ! Curieux retour vers le futur… comme une sorte d’hologramme sonore…