Gaspare Spontini n’a pas 30 ans en 1803 lorsqu’il décide de s’établir en France afin d’y tenter sa chance de jeune compositeur en s’attirant les bonnes grâces d’un régime considéré comme neuf et prometteur pour les artistes. Il ne tarde pas à se faire remarquer et devient en 1805 compositeur particulier de la nouvelle impératrice des français. C’est lors de cette fulgurante ascension qu’Etienne de Jouy lui propose un livret qu’avaient déjà rejeté rien moins que Méhul, Boieldieu et Cherubini, et qui adapte un récit de Tite-Live narrant l’amour impossible entre le jeune Licinius et Julia, une jeune vestale, déjà transformé en tragédie au milieu du XVIIIe siècle. Spontini accepte la proposition et termine son œuvre dès 1805. Il aura ensuite deux ans pour la peaufiner et superviser les répétitions, rassemblant une distribution idéale et bénéficiant de moyens considérables grâce à la protection généreuse de Joséphine. La création de La Vestale ce 15 décembre 1807, dans la salle Montansier de l’Opéra de Paris, remporte un immense succès, qui permettra à l’opéra de Spontini d’atteindre 300 représentations durant les 20 ans qui suivront et de faire le tour des temples lyriques européens. D’aucuns trouvent l’œuvre « bruyante », mais Napoléon complimente Spontini, dont la fortune est faite tandis que l’Institut proclame La Vestale « meilleur ouvrage lyrique de la décennie ».
Le rôle de Julia attirera les plus grandes cantatrices du siècle suivant, de Rosa Ponselle à Maria Callas et de Maria Caniglia à Régine Crespin, Renata Scotto ou Montserrat Caballé pour ne citer qu’elles. L’œuvre est énergique et novatrice, avec une orchestration riche, d’importants ensembles et un grand sens mélodique, qui ne manqueront pas d’influencer les générations suivantes.
Voici la fin de l’acte II, dans la langue originale de l’œuvre (elle sera traduite en italien en 1811), ici dans une interprétation donnée en public par l’orchestre radio-lyrique et le chœur de la radio-télévision française sous la baguette de Roger Norrington voici 40 ans. Cet acte II qu’appréciait vivement Berlioz, qui y voyait un « crescendo gigantesque » et qui ne manque en effet pas de vigueur ni de charme.