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Un jour, une création : 11 mars 1867, l’opéra « né dans le feu et les flammes » a 150 ans.

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11 mars 2017
Un jour, une création : 11 mars 1867, l’opéra « né dans le feu et les flammes » a 150 ans.

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Lorsqu’en juillet 1865, Léon Escudier , ami de Verdi, se rend à la propriété de ce dernier à Sant’Agata, non loin de Parme, il ne doit pas en mener large. Il est mandaté par Emile Perrin, directeur de l’Opéra de Paris, qui veut passer commande d’un grand opéra en vue de l’Exposition universelle qui débutera dans la capitale française 18 mois plus tard. Or, on le sait, Verdi maugrée beaucoup dès qu’il s’agit de cette « grande boutique » qui lui avait donné tant de motifs d’énervement lors des Vêpres siciliennes 10 ans plus tôt. Verdi était depuis retourné à Paris pour régler l’adaptation de son Macbeth. Approché une première fois par Perrin à cette occasion, Verdi avait sèchement refusé de mettre en musique une Judith, initialement prévue pour Meyerbeer, mort l’année précédente. L’opération Escudier a donc pour but de ramener Verdi à de meilleurs sentiments. Escudier propose deux projets des librettistes Du Locle et Méry : une Cléopâtre et une adaptation du Don Carlos de Schiller . Verdi choisit cette dernière, « drame magnifique », sans hésiter. Marché conclu par un contrat signé à Paris le 12 décembre suivant. Méry meurt quelques mois après et c’est Camille Du Locle qui achèvera à grand peine le livret infernal, d’autant que Verdi, comme à son habitude, participe très activement à la rédaction, de manière à ce qu’elle colle à sa musique et à ses vœux dramatiques, malgré son français hésitant. La composition de la partition lui donne beaucoup de fil à retordre. En mai 1866, deux actes sur les 5 sont achevés, le second ayant particulièrement fatigué le compositeur (« la scène entre le roi et Posa m’a fait cracher les poumons ! »  ou encore : « créer un opéra en français est un travail de bœuf !»). Il tente même d’annuler le contrat pour protester contre la politique de la France à l’égard de la poursuite de l’unification italienne à la suite de la défaite autrichienne contre la Prusse, mais sans succès. La partition terminée, les répétitions commencent en août et l’intransigeance de Verdi conduire à en faire 270… tout en déplorant que tout soit si long à Paris, tant tout le monde lui paraît manquer de discipline (une tradition française !). De sombres histoires de jalousies entre interprètes achèvent de l’excéder et Verdi doit même atténuer le rôle de Carlos pour le mettre au niveau du ténor Morère, qui trouvait là ses limites. D’ultimes coupures, dont le chœur introductif, sont réalisées pour que l’opéra soit un peu moins long et permette aux spectateurs de dîner et d’assister à la représentation sans risquer de manquer les derniers trains pour les banlieues. La création dans ces conditions, devant le couple impérial, est loin d’être un triomphe. Théophile Gautier, par exemple, se dit « fasciné », mais Bizet se montre très critique. La presse est frileuse.

Ce Don Carlos parisien ne satisfaisait pas Verdi non plus, qui ne cessera de le réviser pendant les 20 ans qui suivront, jusqu’à la version en 5 actes et en italien dite de Modène en 1886.

Parmi les moments forts de ce qui constitue malgré tous ces événements un immense chef d’œuvre de l’art lyrique, le fameux serment entre Carlos et Posa est sans doute à lui seul un monument, mais il y en a tant d’autres. Le voici dans sa version originale en français lors de la fameuse production de Luc Bondy au Châtelet en 1996, avec Alagna et Hampson, sous la baguette de Pappano.

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