Donizetti avait travaillé d’arrache-pied aux côtés du grand ténor Adolphe Nourrit et du librettiste Cammarano, afin d’adapter le Polyeucte de Corneille pour le San Carlo de Naples. C’était sans compter avec la censure du très autoritaire régime des Bourbons locaux… Les virtuoses du ciseau du roi Ferdinand II interdirent donc la représentation de ce Poliuto, jugé totalement inacceptable. Si cette catastrophe aggrava les démons intérieurs de Nourrit, en fin de course vocale et qui perdit la raison jusqu’à se défenestrer, Donizetti se refusa à abandonner les belles pages écrites ensemble. Il décida donc de l’adapter pour la salle Le Peletier à Paris, avec Eugène Scribe pour librettiste, qui s’appuya davantage que Cammarano sur la pièce de Corneille. La partition fut fortement remaniée, transformée en 4 actes au lieu de 3 et le tout avec un nouveau titre : Les Martyrs.
L’œuvre nouvelle remporta un fort succès public lors de sa création, mais disparut bien vite du répertoire. Un regain d’intérêt semble néanmoins poindre ces dernières années, comme le prouve ce récent enregistrement fort réussi sous la direction de sir Mark Elder. Il s’agit du grand et impressionnant finale du nouvel acte trois.