En 1906, Nikolaï Rimsky-Korsakov est un peu perdu. Profondément marqué par les troubles qui agitent depuis l’année précédente sa chère Russie, il a en outre eu à affronter quelques cabales au Conservatoire de Saint-Pétersbourg qui l’ont laissé amer. C’est alors qu’il choisit pour argument d’un nouvel opéra un conte de Pouchkine dont il confie l’adaptation au librettiste Bielsky. En 10 mois, Le Coq d’or est prêt. Comme la nouvelle de Pouchkine est en fait une féroce satire du pouvoir, son adaptation lyrique n’échappe pas à la vigilance de la censure, qui sort ses plus gros ciseaux. Rimsky refuse et n’entendra donc jamais son dernier opéra puisqu’il meurt d’une angine de poitrine en 1908. Le Coq d’or n’est créé qu’un an plus tard à Moscou, découpé comme le voulait la censure. Il lui faudra attendre longtemps avant d’être joué dans sa version intégrale.
Voici le fameux hymne au soleil, redoutable exercice de style, dans la superbe production très japonisante d’Ennosuke Ishikawa, créée il y a plus de 30 ans et reprise ici au Théâtre du Chatelet il y a presque 15 ans sous la direction de Kent Nagano.