« Qu’il est ennuyeux, ce respect ! », s’exclame dans Platée la nymphe-grenouille, lasse du « respect » au nom duquel nul homme ne répond à ses ardeurs. La France se montrerait-elle trop respectueuse dans sa manière d’aborder les œuvres de Rameau ? Après le décoiffant Hippolyte et Aricie proposé à Glyndebourne cette année (voir compte rendu), on pourrait le croire, à voir ce que le redoutable Calixto Bieito a fait de Platée pour l’opéra de Stuttgart en 2012 : fausses poitrines, faux sexes, une Folie transformée en rock-star, le tout dans un décor de boîte de nuit, nous sommes à cent lieues des prétendues reconstitutions à la manière du XVIIIe siècle. Enfin, peut-être Paris est-elle la seule ville où l’on croit bon de nous servir un Rameau empesé, car Strasbourg, avec la Platée de Mariame Clément, ou Toulouse, avec les Indes galantes de Laura Scozzi, ont bien montré qu’une autre approche était possible. En attendant de savoir ce que Robert Carsen fera de Platée la saison prochaine à l’Opéra-Comique, cette bande-annonce laisse entrevoir ce que Bieito en fit à Stuttgart.