Passer subitement du langage chanté au langage parlé est une ficelle dramatique souvent utilisée à l’opéra. On en trouve un exemple fameux dans I Pagliacci, lorsque Canio, après avoir poignardé Nedda et son amant, abandonne le chant qui lui tenait lieu jusque là d’expression pour dire « La commedia è finita! ». Il faut être un sacré interprète pour parvenir à charger de sens ces quelques mots. Franco Corelli en 1954 dans les studios de la RAI adopte un ton accablé, presque inerte, qui contraste brutalement avec la violence des répliques précédentes. Et ça fonctionne ! Tito Gobbi derrière le rideau n’en mène pas large. On est impatient de voir comment Vladimir Galouzine, Canio sur la scène de l’Opéra de Paris du 13 avril au 11 mai, négociera le passage. Christophe Rizoud
Ruggero Leoncavallo, I Pagliacci, Opéra national de Paris. (plus d’informations)
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