Forum Opéra

Un soir de réveillon — Paris

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
13 novembre 2017
Aux Brigands, les mélomanes reconnaissants

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opérette en deux actes, livret de Paul Armont et Marcel Gerbidon, lyrics de Jean Boyer et Albert Willemetz

Créée aux Bouffes-Parisiens, le 17 décembre 1932

Détails

Mise en scène

Vladislav Galard

Scénographie et costumes

Robert Hatisi

Monique Lepage

Marie Oppert

Gérard Cardoval

Romain Dayez

Honoré

Flannan Obé

Viviane

Emmanuelle Goizé

Carbonnier / M. Lepage / Langier

Gilles Bugeaud

Rémi Oswald, guitare

Rodrigue Fernandes, Accordéon

La Nouvelle Eve, Paris, lundi 13 novembre, 20h30

Où se trouve le monument à Albert Willemetz ? Sans doute pas à Paris, où il naquit en 1887 ; peut-être à Marnes-la-Coquette, où il mourut en 1964. S’il n’y en a pas, les mélomanes devraient se cotiser pour rendre hommage à ce librettiste sans lequel l’opérette française de l’entre-deux-guerres n’aurait pas la même saveur. Ayant commencé à œuvrer peu avant la Première Guerre mondiale, auteur des textes d’Andalousie pour Francis Lopez, Willemetz fait le lien entre deux époques, mais il reste attaché aux années 1920 et 1930.

Les « lyrics » qu’il écrivit contiennent bien sûr leur dose obligée de jeux de mots – parfois un peu démodés – mais jouent aussi avec le genre opéra : dans Un soir de réveillon, opportunément ressuscité par Les Brigands, on trouve une citation du récit de Micaëla qui ouvre son duo avec José, mais aussi et surtout ce qui est quasiment une parodie de la ballade du Roi de Thulé chez Gounod : l’air « Dans ma baignoire » entrelace une narration (« C’était deux amoureux très économes ») et des considérations intempestives (« J’aime beaucoup mon nombril »), évidemment sur un mode moins noble que ce chante Marguerite.

Si son art est un peu plus daté, Raoul Moretti (1893-1954) n’en était pas moins un compositeur doué et qui connut en son temps de grands succès qui n’ont pas encore revu le jour. Merci donc aux Brigands qui, loin de nous dépouiller, nous enrichissent au contraire en remettant sous le feu des projecteurs des titres oubliés. Un soir de réveillon (1932) avait néanmoins une raison de rester dans les mémoires : le susdit « Dans ma baignoire », chanté par… Arletty à la création, puis dans le film réalisé en 1933 par Karl Anton, avec entre autres l’immense Dranem.


M. Oppert, F. Obé, E. Goizé © Claire Besse

Autant dire qu’il y avait à lutter contre d’illustres ancêtres, mais ce n’est pas la première fois que Les Brigands relèvent ce genre de défi. Un soir de réveillon est donné dans le cadre inhabituel du cabaret parisien La Nouvelle Eve, mais la troupe est habituée aux spectacles « légers », au décor constitué de quelques accessoires, avec lesquels compose habilement la mise en scène signée Vladislav Galard, et à la partition arrangée (par qui ?) pour un orchestre moins fourni – deux instrumentistes seulement, mais Rémi Oswald à la guitare et Rodrigue Fernandes à l’accordéon sont épatants et savent se mêler à l’action autant qu’il faut (même si le rôle de Bob s’en trouve fortement réduit). Car le nombre de chanteurs est lui aussi très limité : cinq seulement pour tenir tous les rôles indispensables.

Vétéran de la briganderie, Gilles Bugeaud en cumule quatre avec son brio habituel, parmi lesquels on distinguera le clerc de notaire Landier et l’architecte Lepage ; et même si c’est en Carbonnier qu’il a, au premier acte, le plus à chanter, on rend les armes devant son extraordinaire parodie de théâtre japonais lors de la scène située au restaurant. Emmanuelle Goizé compte elle aussi pas mal de spectacles brigandesques à son actif, mais le personnage de Viviane, qu’elle campe fort bien scéniquement, ne lui laisse finalement que peu à chanter, en dehors du fameux air de la baignoire, qu’elle a l’intelligence d’interpréter à sa manière, sans chercher le moins du monde à imiter Arletty. Flannan Obé est également un Brigand reconnu, et il assume sans faiblir la lourde succession de Dranem : dans le rôle du vieux domestique Honoré, chaperon de la jeune héroïne, il est aussi irrésistible qu’il pouvait l’être, par exemple, dans Croquefer et L’Ile de Tulipatan. Sa formation d’acteur s’avère ici un atout précieux, mais le chanteur n’est pas en reste, et il fait de ses deux grands airs (« Quand on perd la tête » et « C’est fini ») deux sommets de la représentation.

Deux nouveau-venus complètent la distribution. Le baryton Romain Dayez est tout à fait à l’aise dans son rôle de jeune premier fêtard, et l’on guette avec intérêt son retour dans Les P’tites Michu de Messager, monté prochainement par les mêmes Brigands. Quant à Marie Oppert, révélée dans Les Parapluies de Cherbourg au Châtelet, elle apporte une grande fraîcheur à son personnage d’ingénue : non sonorisée, cette fois, sa voix possède de belles qualités, même si l’aigu semble souvent encore fragile, mais on pardonnera volontiers à une interprète de 20 ans tout rond.

Nouvelle réussite, donc, à mettre à l’actif des Brigands, à voir pour encore six représentations, les lundi de novembre et les mardi de décembre.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opérette en deux actes, livret de Paul Armont et Marcel Gerbidon, lyrics de Jean Boyer et Albert Willemetz

Créée aux Bouffes-Parisiens, le 17 décembre 1932

Détails

Mise en scène

Vladislav Galard

Scénographie et costumes

Robert Hatisi

Monique Lepage

Marie Oppert

Gérard Cardoval

Romain Dayez

Honoré

Flannan Obé

Viviane

Emmanuelle Goizé

Carbonnier / M. Lepage / Langier

Gilles Bugeaud

Rémi Oswald, guitare

Rodrigue Fernandes, Accordéon

La Nouvelle Eve, Paris, lundi 13 novembre, 20h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle