Pour sa rentrée parisienne, Juan Diego Flórez a concocté un programme ambitieux et original, qui couvre près de trois siècles de musique et témoigne de la volonté du ténor de diversifier son répertoire. Certes, Rossini, son compositeur fétiche, est présent mais seulement à travers trois mélodies intimistes qui voisinent avec des pages que l’on n’a guère coutume d’entendre au concert. Deux airs baroques italiens, dont le fameux « Tre giorni son che Nina » de Ciampi, qu’affectionnait Caruso, et que le ténor interprète ici avec une grande sensibilité, précèdent l’air de Médor, extrait du Roland de Piccini. Ce morceau, extrêmement ornementé, qui constitue pour beaucoup une découverte, permet à Juan Diego Flórez d’exploiter toutes les ressources de sa somptueuse technique : les vocalises sont exécutées avec une précision sans faille et une vélocité ébouriffante, le style est impeccable et l’aigu, un rien tendu cependant, a conservé toute son insolence. Changement de registre avec les trois mélodies de Rossini aux teintes mélancoliques, finement ciselées, où le ténor parvient à distiller une émotion à fleur de lèvres avant d’affronter le grand air D’Adriano, extrait du dernier opéra italien de Meyerbeer, qui conclut la première partie du récital dans un feu d’artifice vocal éblouissant, couronné cette fois par un aigu souverain. La seconde partie fait la part belle à l’opéra français. Si l’on a pu entendre des Roméo dotés d’un medium plus consistant, le timbre frais et lumineux de Juan Diego Flórez évoque de façon pleinement convaincante la jeunesse du personnage, avec de surcroît une prononciation de notre langue irréprochable. L’air de Mylo (Le Roi d’ys) est phrasé avec délicatesse et un emploi subtil de la voix mixte. Enfin, les couplets de Pâris (La Belle Hélène) que le ténor interprète avec une délectation évidente et juste ce qu’il faut de second degré, sont tout à fait réjouissants. Les trois airs espagnols qui suivent – notamment le célèbre « Amapola » – chantés avec une flamme et un chic irrésistibles, achèvent de galvaniser l’auditoire qui ne ménage pas ses applaudissements. C’est avec Donizetti que se conclut la soirée : d’abord avec l’air de Dom Sébastien, « Seul sur la terre », élégamment nuancé, suivi de trois bis, parmi lesquels une « Furtiva lagrima » particulièrement émouvante, avec dans la cadence finale un suraigu interpolé, du plus bel effet. Devant l’enthousiasme de la salle qui lui réclame un air de plus, le ténor consentira à chanter l’un de ses « tubes » favoris, l’extrait de La Fille du régiment avec ses contre-ut émis avec une facilité désarmante et sans la moindre trace de fatigue. Au piano, Vincenzo Scalera se montre excellent et versatile à souhait comme à l’accoutumée. Une soirée revigorante en somme, magnifiée par un artiste dans la plénitude de ses moyens. Que les fans de Juan Diego Florez se rassurent, le ténor sera de retour à Paris le 5 mai 2012 au Théâtre des Champs-Élysées, accompagné cette fois par l’Orchestre de chambre du Wurtemberg de Heilbronn. |
Les grandes voix – Florez — Paris (Pleyel)
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Détails
Juan Diego Flórez
Ténor
Vincenzo Scalera
Piano
Giovanni Battista Bononcini
« Per la gloria d’adorarvi » (Griselda, 1732)
Vincenzo Legrenzio Ciampi
« Tre giorni son che Nina » (Gli tre cicisbei ridicoli, 1749)
Niccolò Vito Piccini
« En butte aux fureur de l’orage » (Roland, 1778)
Gioacchino Rossini
« L’Esule » (Péchés de vieillesse, vol. III, 1858)
« La Promessa » (Soirées musicales, 1835)
« Tirana alla spagnola (rossinizzata) » (Péchés de vieillesse, vol.I, 1857)
Giacomo Meyerbeer
« Popoli dell’Egitto » (Il Crociato in Egitto, 1824)
Entracte
Charles Gounod
« L’amour, l’amour ! » (Roméo et Juliette, 1867)
Édouard Lalo
« Vainement, ma bien-aimée » (Le Roi d’Ys, 1888)
Jacques Offenbach
« Au mont Ida trois déesses » (La Belle Hélène, 1864)
Jose Padilla
« Princesita » (La Corte del amor, 1916)
Joseph La Calle
« Amapola » (1935)
Reveriano Soutullo et Juan Vert
« Bella enamorada » (El Ùltimo romántico, 1928)
Gaetano Donizetti
« Seul sur la terre » (Dom Sébastien, Roi de Portugal,1843)
Bis
Gaetano Donizetti
« Allegro io son » (Rita,1860)
« Una furtiva lagrima » (L’Elisir d’amore, 1832)
« Pour mon âme » (La Fille du régiment,1840)
Les Grandes Voix
Paris, Salle Pleyel, Mardi 4 octobre 2011
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Vincenzo Scalera
Piano
Giovanni Battista Bononcini
« Per la gloria d’adorarvi » (Griselda, 1732)
Vincenzo Legrenzio Ciampi
« Tre giorni son che Nina » (Gli tre cicisbei ridicoli, 1749)
Niccolò Vito Piccini
« En butte aux fureur de l’orage » (Roland, 1778)
Gioacchino Rossini
« L’Esule » (Péchés de vieillesse, vol. III, 1858)
« La Promessa » (Soirées musicales, 1835)
« Tirana alla spagnola (rossinizzata) » (Péchés de vieillesse, vol.I, 1857)
Giacomo Meyerbeer
« Popoli dell’Egitto » (Il Crociato in Egitto, 1824)
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Charles Gounod
« L’amour, l’amour ! » (Roméo et Juliette, 1867)
Édouard Lalo
« Vainement, ma bien-aimée » (Le Roi d’Ys, 1888)
Jacques Offenbach
« Au mont Ida trois déesses » (La Belle Hélène, 1864)
Jose Padilla
« Princesita » (La Corte del amor, 1916)
Joseph La Calle
« Amapola » (1935)
Reveriano Soutullo et Juan Vert
« Bella enamorada » (El Ùltimo romántico, 1928)
Gaetano Donizetti
« Seul sur la terre » (Dom Sébastien, Roi de Portugal,1843)
Bis
Gaetano Donizetti
« Allegro io son » (Rita,1860)
« Una furtiva lagrima » (L’Elisir d’amore, 1832)
« Pour mon âme » (La Fille du régiment,1840)
Les Grandes Voix
Paris, Salle Pleyel, Mardi 4 octobre 2011