Forum Opéra

Récital Stanislas de Barbeyrac, Alphonse Cemin (A la bien-aimé lointaine) — Paris (Athénée)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
19 février 2018
Les fleurs qui lui seront jetées

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Ludwig van Beethoven

Adelaide

An die ferne Geliebte

Hector Berlioz

Les Nuits d’été

Francis Poulenc

Banalités

Bis

Piotr Illitch Tchaikovski

Serenada Don Juana

Georges Bizet

« La fleur que tu m’avais jetée » (Carmen)

Planquette

« J’ai fait trois fois le tour du monde » (Les Cloches de Corneville)

Stanislas de Barbeyrac, ténor

Alphonse Cemin, piano

Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, lundi 19 février, 20h

Bordeaux gardera longtemps en mémoire son premier Pelléas au début de l’année ; Paris a applaudi furieusement son Chevalier de La Force dans Dialogues des Carmélites il y a quelques jours au Théâtre des Champs-Élysées. Deux exploits en deux mois n’est-ce pas suffisant ? Non, pas lorsque l’on a 33 ans et la promesse d’une carrière brillante. Déjà, Stanislas de Barbeyrac aborde un exercice autrement dangereux, le récital en ce qu’il a de plus exigeant : un piano nu – Alphonse Cemin enlumineur et paysagiste à la fois –, un public nombreux qui donne à la soirée l’apparence d’un événement dans une salle délicieusement petite où la proximité est obstacle supplémentaire : les lundis musicaux de l’Athénée

Le programme ajoute à la difficulté. Deux cycles majeurs dans l’histoire du répertoire mélodique – An die ferne Geliebte et Les Nuits d’été – réveillent des fantômes que le jeune chanteur devra combattre. Poulenc aussi est casse-gueule à sa manière, en ce qu’il veut plus d’esprit que de voix, plus d’audace que de courage, plus de mots que de notes. 

Adelaide, tube beethovenien ajouté en préambule, est une nécessaire mise en place. La main s’accroche à la partition tandis que l’aigu cherche ses marques. La langue allemande aime la lumière franche du timbre. Les consonnes claquent sur un medium en béton armé. Derrière le portrait de plus en plus animé d’une femme idéale, perce l’ombre du meilleur Tamino de sa génération. L’ombre seulement.

« J’entends du velours » glisse une dame à son voisin une rangée derrière. Du velours ? Moins la douceur molle et feutrée du tissu pourtant que la raideur noble d’un métal qui veut le vent et l’eau du quatrième Lied d’An die ferne Geliebte pour gagner en souplesse. Le son se mixe, les vers se colorent. L’attitude reste sage et la partition toujours ouverte continue d’encager l’interprète derrière la grille de la portée.

C’est à travers ces mêmes barreaux que s’échapperont les effluves de Nuits d’été encore fraîches. La diction est irréprochable ; le mot pourrait cependant avoir plus de poids, exception faite de quelques effets attendus et bienvenus telle cette « âme » du Spectre de la rose exhalée pianissimo. La maîtrise du volume autorise l’emphase autant que la confidence. Berlioz dans la version idéale de sa partition – piano et ténor – serait remarquablement servi si la comparaison avec certains grands interprètes n’était inévitable.

Même punition pour Poulenc. Stanislas de Barbeyrac est jeune homme trop bien élevé pour débiter des banalités, fussent-elles dictées par Apollinaire. La gouaille fait défaut à ces pièces que le compositeur de Dialogues des Carmélites aurait voulu chantées à la manière de Maurice Chevalier. Le rondeau d’Henri, extrait des Cloches de Corneville, abordé en bis comme s’il s’agissait de la cavatine de Faust soulève la même question : où est l’humeur fripouille nécessaire à cette musique ?

Pourtant le ténor sait se détendre lorsqu’après une Sérénade de Don Juan d’une male fierté, il propose de choisir le compositeur suivant : Tchaïkovski, Planquette ou Bizet ? Le public se prend au jeu. Les noms fusent. Le dernier des trois l’emporte et c’est « La fleur que tu m’avais jetée » que le chanteur offre en une interprétation mémorable. Oubliés la partition, l’excès de sérieux, le manque de liberté. Don José n’est pas seulement vivant à travers une prononciation idéale et une maîtrise de l’émission jusqu’au si bémol d’une douceur déchirante ; il existe par le regard éteint, la mine défaite, la silhouette accablée ; faible mais fort d’une certitude : les fruits tiendront la promesse des fleurs.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Ludwig van Beethoven

Adelaide

An die ferne Geliebte

Hector Berlioz

Les Nuits d’été

Francis Poulenc

Banalités

Bis

Piotr Illitch Tchaikovski

Serenada Don Juana

Georges Bizet

« La fleur que tu m’avais jetée » (Carmen)

Planquette

« J’ai fait trois fois le tour du monde » (Les Cloches de Corneville)

Stanislas de Barbeyrac, ténor

Alphonse Cemin, piano

Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, lundi 19 février, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle