Forum Opéra

Kindertotenlieder — Bruxelles (Bozar)

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
7 juin 2017
Star malgré lui

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Gustav Mahler

Blumine

Kindertotenlieder

Antonin Dvorak

Symphonie n° 8 en sol majeur op. 88

Matthias Goerne

Baryton

Staatskapelle de Dresde

Direction musicale

Daniel Harding

Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, mercredi 7 juin 2017, 20h

Les mots murmurés par le public juste avant d’entrer dans la grande salle Henry Le Bœuf ne trompent pas. Sur toutes les lèvres, un seul nom, celui du baryton allemand. La Staatskapelle de Dresde a beau être l’orchestre le plus ancien d’Europe, et selon beaucoup d’experts, le meilleur, c’est bien pour Matthias Goerne que les gens sont là.

Pourtant, Daniel Harding a bien des choses à dire. D’abord dans un très rare « Blumine » de Mahler, mouvement lent écarté par le compositeur parce qu’il allongeait par trop sa Première symphonie. Les timbres moelleux des Saxons y font merveille, guidés par une baguette amoureuse. On ne sait qu’admirer le plus, de la trompette idéale de force et de tendresse ou du délicat contrechant des violoncelles. On sent tout ce que le jeune Gustav doit à Wagner, mais ces dix minutes passent comme un rêve, et déjà l’imposant baryton fait son entrée.

Goerne, c’est d’abord une présence physique immense, reflet d’une voix qui semble surgir des entrailles de la terre pour s’élever vers les étoiles. La frêle silhouette du chef fait ressortir la largeur du chanteur, sa puissance qui paraît démesurée mais qui est utilisée avec une parcimonie qui trouve son reflet dans les dosages instrumentaux millimétrés voulus par le compositeur. Pas question de donner de la voix pour impressionner la galerie, tout ici est intérieur, pensé, médité, donné avec une sincérité qui bouleverse. Ces Kindertotenlieder, si éteints ou mornes lorsqu’ils sont chantés par des artistes qui leur restent extérieurs, acquièrent ce soir une dimension cosmique. C’est toute la douleur du monde qui est exprimée ici. Le silence médusé du public dit plus que bien des discours la profondeur d’émotion atteinte en ce soir de juin. Quarante secondes entre les dernières mesures de « In diesem Wetter » et les applaudissements. De mémoire de mélomane bruxellois, ça n’étais plus arrivé depuis très longtemps.

Qu’importe dès lors que la seconde partie du concert nous donne à entendre une Huitième symphonie de Dvorak aussi gorgée de lumière, toute bouillonnante de la sève des instrumentistes les plus virtuoses et les plus significativement beaux de la planète, qu’importe que Daniel Harding montre une fois de plus une conception de l’œuvre à la fois claire et conquérante, qu’il déchaîne les houles de sa phalange ou qu’il obtienne des pianissimi sublimes, comme tombés du ciel. Au milieu de toutes ces splendeurs, nos coeurs sont devenus comme sourds. C’est qu’ils sont encore avec Matthias Goerne, et qu’ils le resteront longtemps, à pleurer ces enfants morts qui sont désormais les nôtres pour l’éternité.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Gustav Mahler

Blumine

Kindertotenlieder

Antonin Dvorak

Symphonie n° 8 en sol majeur op. 88

Matthias Goerne

Baryton

Staatskapelle de Dresde

Direction musicale

Daniel Harding

Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, mercredi 7 juin 2017, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle