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Récital Ian Bostridge – Julius Drake — Schwarzenberg

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Spectacle
24 juin 2022
Entre ravissement et déception

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Franz Schubert

Vier Lieder op.8

Der Jüngling auf dem Hügel (Hüttenbrenner) D.702

Sehnsucht (Mayrhofer) D.516

Erlafsee (Mayrhofer) D.586

Am Strome (Mayrhofer) D.539

Drei Lieder OP.13

Der Schäfer und der Reiter (Fouqué) D.517

Lob der Tränen (A.W.v.Schlegel) D.711

Der Alpenjäger (Mayrhofer) D.524

Drang in die Ferne (Leitner) op.71 D.770

Vier Lieder nach Gedichte von Johann Gabriel Seidl op.105

Widerspruch D.865

Wiegenlied D.867

Am Fenster D.878

Sehnsucht D.879

Widerschein (Schlechta) D.639

Alinde (Rochlitz) D.904

Rastlose Liebe (Goethe) D.138

Geheimes (Goethe) D.719

Versunken (Goethe) FD.715

Der Winterabend (Leitner) D.938

Die Sterne (Leitner) D.939

Strophe aus “Die Götter Griechenlands“ (Schiller) D.677

An den Mond (Goethe) D.259

Bis :

Der Wanderer an dem Mond (Seidl) D.870

Der Jüngling an der Quelle (Salis-Seewis) D.300

Ian Bostridge, ténor

Julius Drake, piano

Schwarzenberg, Angelika Kauffmann Saal, jeudi 23 juin 2022, 20h

Il n’a jamais rien fait comme tout le monde. Depuis le tout début de sa carrière, Ian Bostridge cultive son originalité, ces façons de faire qui ne sont qu’à lui, et qui, à côté d’un évident talent, l’ont porté à côté de quelques autres au sommet de l’univers du Lied. On pardonnait ses excentricités, son étrange maintien en scène (ou doit-on plutôt parler d’absence de maintien ?) sa prononciation exagérément articulée, aux limites de la préciosité, ses attaques agressives, sa façon aussi de faire ressortir une syllabe comme pour réveiller l’auditeur, au risque de briser la ligne du chant. La voix est belle, reconnaissable entre toutes, riche de mille couleurs, l’homme est intelligent, très cultivé et musicien, que demander de plus…

Alors, était-ce un soir de méforme, ou déjà un signe du temps qui passe sur la voix après presque trente ans de carrière, toujours est-il que ce que nous avons entendu hier n’était plus en mesure de faire oublier tout le reste : le visage torturé de grimaces et de rictus du chanteur, comme s’il subissait Dieu sait quelle souffrance épouvantable, le corps comme secoué de spasmes, les mains nouées, le balancement d’un pied sur l’autre sans jamais trouver de position d’équilibre, un incessant remue-ménage à l’opposé de ce qu’on pourrait attendre – dans Schubert du moins – de simplicité et de sérénité et qui détourne tant l’attention qu’on finit par décider de fermer les yeux.

La voix elle aussi, a un peu de mal à trouver son équilibre : les aigus sont un peu moins souples, moins gouleyants que par le passé, la couleur des voyelles est souvent altérée, avec des A très assombris, et des I pointus comme des flèches. Les qualités qu’on lui connaît depuis toujours sont bien présentes cependant : richesse des couleurs, soin apporté aux détails, diction très claire, sens du texte et parfaite connaissance du romantisme allemand.

Et lorsqu’on ferme effectivement les yeux, ainsi débarrassé des mimiques du chanteur et de son encombrant manège, ce qu’on entend le mieux, et c’est un pur délice, c‘est le pianiste. Julius Drake, partenaire de Bostridge depuis de très nombreuses années, apporte par sa réconfortante présence, sa régularité, son sens de la phrase et sa vision toujours inspirée du texte, le climat musical et poétique qu’il faut ; si l’un n’est que charge, caricature et exagération, l’autre n’est que rondeur, mesure et poésie.

Balançant ainsi entre émerveillement et agacement, l’auditeur fait son miel de quelques moments choisis, un magnifique Lob der Tränen où le pianiste développe des merveilles de poésie, un délicieux Wiegenlied, également superbement accompagné, Die Sterne, grand moment de poésie, un exceptionnel Strophe aus « Die Götter Griechenlands », au prix de quelques autres moments très contestables, Rastlose Liebe rempli de pitreries qui cachent mal une certaine faiblesse vocale, Versunken attaqué avec violence et beaucoup trop rapidement, jusqu’au An dem Mond final où le chanteur, complètement déconcentré butte sur un mot – ça arrive – ne parvient pas à se reprendre, se prend la tête entre les mains dans un geste de désespoir. Imperturbable et souriant, Julius Drake sans s’interrompre rejoue l’introduction et le chanteur reprend, mais la magie, elle, a disparu pour de bon.

 

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Franz Schubert

Vier Lieder op.8

Der Jüngling auf dem Hügel (Hüttenbrenner) D.702

Sehnsucht (Mayrhofer) D.516

Erlafsee (Mayrhofer) D.586

Am Strome (Mayrhofer) D.539

Drei Lieder OP.13

Der Schäfer und der Reiter (Fouqué) D.517

Lob der Tränen (A.W.v.Schlegel) D.711

Der Alpenjäger (Mayrhofer) D.524

Drang in die Ferne (Leitner) op.71 D.770

Vier Lieder nach Gedichte von Johann Gabriel Seidl op.105

Widerspruch D.865

Wiegenlied D.867

Am Fenster D.878

Sehnsucht D.879

Widerschein (Schlechta) D.639

Alinde (Rochlitz) D.904

Rastlose Liebe (Goethe) D.138

Geheimes (Goethe) D.719

Versunken (Goethe) FD.715

Der Winterabend (Leitner) D.938

Die Sterne (Leitner) D.939

Strophe aus “Die Götter Griechenlands“ (Schiller) D.677

An den Mond (Goethe) D.259

Bis :

Der Wanderer an dem Mond (Seidl) D.870

Der Jüngling an der Quelle (Salis-Seewis) D.300

Ian Bostridge, ténor

Julius Drake, piano

Schwarzenberg, Angelika Kauffmann Saal, jeudi 23 juin 2022, 20h

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