Forum Opéra

Récital de Sandrine Piau — Paris (TCE)

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
19 janvier 2019
Quand l’évidence succède à la brillance

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe Torelli
Concerto grosso op.8 n°5 et n°12

Leonardo Leo
« Rendimi il figlio moi », air extrait d’Il Ciro Riconosciuto

Nicola Porpora
« Mentre rendo a te la vita », air extrait d’Angelica e Medoro
Sinfonia (deuxième mouvement), extraite de la Festa d’Imeneo
« Smanie d’affano », air extrait de Polifemo

Johann Adolf Hasse
Cleofide, Ouverture
« Farò ben io fra poco », air extrait de Ruggiero

Georg Friedrich Handel
« Sen vola lo sparvier », air extrait d’Admeto
« Dunque i lacci d’un volto… Ah crudel », air extrait de Rinaldo

Bis
« Molto voglio, molto spero », air extrait de Rinaldo
« Verso già l’alma col sangue », air extrait d’Aci, Galatea e Polifemo

Sandrine Piau, soprano

Kammerorchester Basel
Anne Katharina Schreiber, violon solo et direction

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, Samedi 19 janvier 2019, 20h

Quatre ans après son dernier récital avec le même ensemble en ces lieux, Sandrine Piau revient avec la même formule mêlant raretés baroques et arias plus connus de Haendel. On est encore dubitatif sur le choix de certains airs qui ne mettent pas vraiment en valeur ses qualités vocales, mais sa prestation est d’une excellence coutumière, après de 30 ans de carrière. On émet aussi des réserves cette fois sur le Kammerorchester Basel qui l’accompagne : certes ils sont en nombre respectable (une vingtaine), certes on les sent animés d’un véritable amour pour cette musique. Les concerti grossi de Torelli sont joués avec finesse, mais cela reste de la musique aussi aimable qu’oubliable. L’ouverture de Cleofide est terriblement ampoulée, privant son premier mouvement de tout l’allant qui devrait nous griser. Heureusement, ils sont d’excellents accompagnateurs et on sent notre héroïne en parfaite confiance.

Dans l’air de Leo, où elle incarne une mère éplorée, elle ne manque ni d’intensité ni de technique, mais d’envergure dans le medium, surtout en début de concert lorsque la voix est peu chauffée. La cadence vient cependant rappeler à quel point son registre aigu reste assuré. La sensualité morbide et séduisante de l’Angelica de Porpora ne lui convient guère mieux car, avec les années, sa voix naturellement minérale a perdu en ductilité, et le morceau lui est trop peu familier pour qu’elle le rende assez chaleureux. Heureusement la première partie se conclut avec le magnifique air du Ruggiero de Hasse, dans lequel l’ampleur de la rage désespérée du personnage s’incarne dans un canto di sbalzo parfaitement exécuté, ouvrant sur des vocalises belliqueuses. Certes on peut toujours déplorer l’absence de trilles, mais on la sent portée par cette écriture qui, pour galante qu’elle soit, n’oublie jamais de saisir une vérité psychologique.

Celle qui nous confiait être de nature assez triste, et davantage se reconnaitre dans les affects douloureux que dans les gazouillis, s’attaque après l’entracte à des pièces dans lesquelles elle est plus entière. Le « Smanie d’affano » de Porpora d’abord, où elle se montre aussi bouleversante que Karina Gauvin, mais dans une vision moins plaintive. Son désespoir est attendri par des accents plus doux sur « consolorami » qui font écho au balancement rythmique de la mélodie. Comme une berceuse appelant la mort plus que le sommeil.

Viennent enfin les arias de Handel : « Sen vola lo sparvier » d’abord, qu’elle avait déjà interprété à Beaune il y a 20 ans. Il ne faut plus attendre les aigus piqués émaillant le da capo, et il faut reconnaitre que les vocalises sont moins liquides qu’autrefois, mais quelle maitrise toujours remarquable ! Il faut la voir chanter cela comme en badinant, le corps un peu raidi comme à son habitude, mais avec un sourire qu’elle communique au public. Avec « Ah crudel », celle que l’on aurait plus immédiatement associée à Almirena démontre qu’Armida pourrait bien aussi être dans ses cordes. Que ce soit pour cette plainte ou le « Molto voglio, molto spero » qui la voit darder des regards provocateurs à la hautboïste concertante (et d’ailleurs un peu défaillante). Le second bis la retrouve suprême dans la mort d’Acis : il est difficile de décrire une interprétation à la fois si parfaite et si avare d’effets faciles ou remarquables. C’est une forme d’adéquation si parfaite à la musique et à la situation dramatique que l’on ne saurait sur le coup imaginer d’autres options, une évidence.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe Torelli
Concerto grosso op.8 n°5 et n°12

Leonardo Leo
« Rendimi il figlio moi », air extrait d’Il Ciro Riconosciuto

Nicola Porpora
« Mentre rendo a te la vita », air extrait d’Angelica e Medoro
Sinfonia (deuxième mouvement), extraite de la Festa d’Imeneo
« Smanie d’affano », air extrait de Polifemo

Johann Adolf Hasse
Cleofide, Ouverture
« Farò ben io fra poco », air extrait de Ruggiero

Georg Friedrich Handel
« Sen vola lo sparvier », air extrait d’Admeto
« Dunque i lacci d’un volto… Ah crudel », air extrait de Rinaldo

Bis
« Molto voglio, molto spero », air extrait de Rinaldo
« Verso già l’alma col sangue », air extrait d’Aci, Galatea e Polifemo

Sandrine Piau, soprano

Kammerorchester Basel
Anne Katharina Schreiber, violon solo et direction

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, Samedi 19 janvier 2019, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle