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Parsifal — Madrid

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Spectacle
24 avril 2016
Tout Kampe, tout flamme

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Festival scénique sacré (Bühnenweihfestspiel) en 3 actes

Créé à Bayreuth (Festspielhaus) le 26 juillet 1882

Coproduction de l’Opéra de Zúrich et du Gran Teatre del Liceu de Barcelona

Détails

Mise en scène

Claus Guth

Scénographie et décors

Christian Schmidt

Lumières

Jürgen Hoffmann

Chorégraphie

Volker Michl

Video

Andi A. Müller

Amfortas

Detlef Roth

Titurel

Ante Jerkunica

Gurnemanz

Franz Josef Selig

Klingsor

Evgeny Nikitin

Kundry

Anja Kampe

Parsifal

Klaus Florian Vogt

Chevaliers du Graal

Vicenç Esteve

David Sánchez

Ecuyers

Ana Puche

Kai Rüütel

Alejandro González

Jordi Casanova

Six Filles fleurs

Ilona Krzywicka

Khatouna Gadelia

Kai Rüütel

Samantha Crawford

Ana Puche

Rosie Aldridge

Une voix

Rosie Aldridge

Coro y Orquesta Titulares del Teatro Real

Chef du chœur

Andrés Máspero

Direction musicale

Semyon Bychkov

Madrid, Teatro Real, Dimanche 24 avril, 18h

Déjà représenté à Barcelone en mars 2011 puis à Zurich quelques mois après, Parsifal réinterprété par Claus Guth fait étape à Madrid.  Le temps n’a en rien altéré l’intelligence d’un spectacle, alors abondamment commenté : le détournement du drame sacré en conte profane ; la transposition de l’intrigue dans les années folles ; la lutte fratricide entre Amfortas et Klingsor ; Montsalvat converti en hôpital militaire ; Parsifal le « rédempteur », présenté à la fin de l’opéra sanglé dans une capote, dominant ses troupes tel un dictateur ; etc. Le parti-pris, s’il engendre des images d’une force indéniable, n’en est pas moins discutable tant certaines propositions vont à l’encontre du livret. Sources de suppositions stimulantes pour l’esprit, les divagations et les contresens s’avèrent finalement moins gênants que le principe du décor sur tournette qui, à trop tourner, agace et distrait. Par ce mouvement incessant, le metteur en scène a-t-il voulu conjurer l’immobilisme de l’action ? Le temps n’en parait pas plus court. Faute d’une direction d’orchestre toujours inspirée, le troisième acte tire en longueur. L’enchantement du Vendredi saint n’aura pas lieu.

Semyon Bychkov adopte pourtant un tempo raisonnable qui porte la durée totale de l’œuvre à quatre heures et quart. Sous sa battue régulière, le rituel religieux voudrait pour s’accomplir plus de transparence. Valse supposée alanguie, la ronde des filles-fleurs s’apparente aux piaillements d’une volière en déroute, sans que l’on parvienne à démasquer les coupables. Les oreilles sensibles s’abstiendront. Sonoriser le chœur des jeunes gens à la fin du premier acte est une idée désastreuse pour l’équilibre de cette page, une des plus lumineuses de la partition. A la fin de l’œuvre, les voix célestes, si « douces » qu’on devrait « les entendre à peine », défient moins les lois de l’acoustique que celles de la justesse. Elles ne sont pas les seules. Klingsor hargneux, au timbre amer et aux accents acerbes, Evgeny Nikitin chante souvent faux. Amfortas confronte Detlef Roth à ses propres limites. Que la voix, d’une ampleur moindre, semble prête à céder aux coups de l’écriture rend encore plus déchirantes les souffrances du roi. Il n’est pas certain que l’effet soit volontaire. L’angélisme de Klaus Florian Vogt, cette émission particulière qui enlève au son tout relief, confine dans les passages les plus dramatiques à la mièvrerie. Parsifal n’a jamais autant paru « chaste fol » mais le chant répond en lumière et en volume à toutes les sollicitations tandis que la silhouette blonde parachève l’incarnation. Le ténor allemand est décidément un des interprètes incontournables du rôle, nul ne peut le contester.


© Javier del Real |  Teatro Real

Avec Ante Jerkunica, on continue de frôler l’exception, parce que la mise en scène extirpe Titurel de l’ombre pour lui donner une épaisseur dramatique originale et parce que la voix de la basse croate a désormais atteint une plénitude impressionnante. Existe-t-il enfin aujourd’hui meilleurs interprètes de Gurnemanz que Franz Joseph Selig et de Kundry qu’Anja Kampe ? Noblesse, endurance, sens du récit, usage de la couleur : on reste suspendu aux lèvres du premier, si interminables puissent parfois sembler ses monologues. La seconde fascine, non par l’étendue de la voix – certains aigus peuvent sembler tirés – mais par l’acuité d’une interprétation de bout en bout saisissante. Anja Kampe existe déjà par sa seule présence. Le troisième acte ne lui concède qu’une réplique – « Dienen… Dienen » – et il nous semble n’avoir entendu qu’elle, n’avoir vu qu’elle. Mais auparavant, la présence seule ne saurait suffire à emplir le deuxième acte. Là, Wagner concentre l’essentiel du rôle, exigeant l’impossible ou presque. Seule une voix incendiaire peut sans se consumer venir à bout d’un duo où il lui faut parcourir en même temps que la portée ,sur près de deux octaves, une vaste palette expressive. Soprano résolument dramatique aux graves belliqueux et aux rires toxiques, fatale enchanteresse inspirée de Rita Hayworth, Anja Kampe est cette lueur obsédante sans laquelle la représentation glisserait dans la nuit de la mémoire.

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Festival scénique sacré (Bühnenweihfestspiel) en 3 actes

Créé à Bayreuth (Festspielhaus) le 26 juillet 1882

Coproduction de l’Opéra de Zúrich et du Gran Teatre del Liceu de Barcelona

Détails

Mise en scène

Claus Guth

Scénographie et décors

Christian Schmidt

Lumières

Jürgen Hoffmann

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Andi A. Müller

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Semyon Bychkov

Madrid, Teatro Real, Dimanche 24 avril, 18h

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