Giovanni Battista PERGOLESE (1710-1736) : SALVE REGINA
Antonio VIVALDI (1678-1741) : SINFONIA « AL SANTO SEPOLCRO »
Francesco GEMINIANI (1687-1762) : LA FOLIA
Sopraniste, Fabrice di Falco
Orchestre Baroque Ensemble
David Braccini
Paris, Eglise Saint-Germain-des-Prés, 30 octobre 2009
O quam tristis
Pour commémorer la Toussaint, l’église Saint-Germain-des-Prés proposait un concert avec le sopraniste Fabrice di Falco, surnommé « le Farinelli créole », qui a interprété le Stabat Mater de Vivaldi et le Salve Regina de Pergolèse agrémentés de deux œuvres instrumentales, la Sinfonia « al Santo Sepolcro » du prêtre roux ainsi que La Folia de Geminiani.
Dans le cadre somptueux et feutré de l’église Saint-Germain-des-Prés embaumée d’un chaleureux parfum de cierges, le concert « exceptionnel », aux dires de l’affiche, du sopraniste martiniquais a semble-t-il attiré deux types de spectateurs : les fidèles de l’église et ceux de Fabrice di Falco.
Malheureusement, le chanteur a confié à la fin de la prestation être atteint d’une laryngite depuis plusieurs jours et en effet, la voix, malgré une émission claire, présentait des imperfections. Cela explique sans doute que le chanteur ait placé de mauvaises respirations comme dans le « Ad te suspiramus » du Salve Regina de Pergolèse où l’on a pu entendre une inspiration peu heureuse entre lacri- et –morum. L’autre critique, et celle-ci pas forcément liée à la maladie, serait le passage pas toujours très unifié entre le registre de tête et de poitrine et ce, à la différence de « Farinelli [qui] en devient […] un maître absolu, montant et descendant sur trois octaves, avec une parfaite égalité de couleur ou de puissance sans le moindre changement perceptible dans la voix » selon Patrick Barbier dans son Histoire des Castrats (Grasset, 1989).
Peut-être à cause d’un manque de répétitions, l’orchestre et le soliste n’étaient pas toujours ensemble rythmiquement dans des passages lents tels que le « Quis non posset » du Stabat Mater ou plus rapides à l’image du « Propeccatis suae gentis ». A plusieurs reprises, le violon solo a été obligé de ralentir ses collègues. Malgré ces petits ajustements, c’est bien l’Orchestre Baroque Ensemble dirigé par David Braccini qui a le plus retenu l’attention. Son interprétation contrastée et virtuose de la Folia, concerto grosso de Geminiani a permis de mettre en avant la parfaite symbiose de l’ensemble composé de deux violons, d’un alto, d’un violoncelle et d’un clavecin.
Il n’en est pas de même du chanteur dont l’auteur de cet article a eu peine à évaluer les réelles possibilités. Cependant, la maladie n’a pas empêché le haute-contre d’offrir deux bis avec l’air du génie du froid du King Arthur de Purcell et le « Lascia ch’io pianga » tiré du Rinaldo de Haendel. Le sopraniste y est apparu plus à l’aise améliorant l’impression d’ensemble d’un concert dont on tire des impressions mitigées.
Anne Le Nabour