Forum Opéra

« Nachtviolen », récital Schubert, Christian Gerhaher — Verbier

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
28 juillet 2016
Christian Gerhaher contemplant une mer de nuages

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Un homme élégamment vêtu d’un habit sombre, perché sur un piton rocheux au-dessus de montagnes noyées dans la brume, contemple appuyé sur une canne, la mer de nuages. Le tableau de Caspar David Friedrich est connu : il tient lieu d’icône dès qu’il s’agit d’évoquer le romantisme allemand et trouve son équivalent musical dans les Lieder de Schubert, corpus immense composé de plus de 600 pièces, dans lequel revient comme un leitmotiv ce personnage du voyageur – der wanderer.

Considéré aujourd’hui comme un des meilleurs Liedersanger – le meilleur peut-être avec Matthias Goerne et Christoph Prégardien –, Christian Gerhaher, en l’église de Verbier, semble avoir endossé le costume de ce voyageur contemplatif, non seulement le vêtement noir et ajusté mais aussi l’humeur inquiète. Le programme proposé a déjà fait l’objet d’un enregistrement chez Sony en 2014. Sous le nom de Nachtviolet, il réunit en un cycle imaginaire 24 mélodies choisies pour leur agitation morose, intelligemment ordonnancées de manière à se succéder sans ne jamais laisser place à la monotonie, tel un camaïeu de brun dont les teintes voisines seraient assez dissemblables pour rester toujours distinctes.


© Nicolas Brodard

Le partenaire de ce voyage au cœur d’un romantisme taciturne reste Gerold Huber, pianiste bavarois avec lequel le chanteur forme un de ces tandems dont le répertoire mélodique est coutumier, duo inséparable et complice à la complicité si profonde qu’elle est invisible. Pas de regards, de sourires ou d’échanges de quelque nature que ce soit durant la soirée – à l’exception d’accolades au moment d’enthousiastes saluts – mais une communion basée sur une même concentration et une même respiration, essentielles pour la précision des attaques et la durée des silences qui, dans le répertoire de la mélodie – comme chez Mozart selon Guitry –, sont encore musique.

Contrairement à l’opéra, le lied – schubertien du moins – n’exige pas de démonstration vocale appuyée. Ni puissance, ni notes extrêmes à aller chercher au grenier ou à la cave de sa voix mais une palette de couleurs immense pour donner à entendre précisément chacune des vibrations de l’âme suggérées par la combinaison du texte et de la musique. Ces nuances de volume – du murmure au grondement, et dans le murmure comme dans le grondement, une échelle infinie de variations –, ce dégradé délicat de tons et d’accents, Christian Gerhaher les dispense d’une voix au timbre feutré, douce ou ferme au gré des poèmes. On nous dit que le chant, articulé pourtant, n’est pas toujours intelligible. Renseignements pris auprès de germanophones avertis, c’est que la prononciation, pour le baryton, importe moins que le sens. Si le mot n’est pas toujours compréhensible, l’idée, elle, s’impose à chaque fois avec évidence. La nature introvertie de l’interprétation n’a qu’un inconvénient : elle contraint le public à rester spectateur des tourments exprimés alors que la proximité induite par l’intimité du répertoire et de la salle rendrait possible davantage de complicité. Magnifique mais recroquevillé dans de sombres pensées, le voyageur reste solitaire sur son rocher.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle