Forum Opéra

Nabucco — Liège

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
18 octobre 2016
Leo, lion de Babylone

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Opéra en 4 parties

Livret de Temistocle Solera

Créé à la Scala de Milan le 9 mars 1842

Détails

Mise en scène

Stefano Mazzonis

Costumes

Fernand Ruiz

Lumières

Franco Marri

Nabucco

Leo Nucci

Abigaille

Virginia Tola

Zaccaria

Orlin Anastassov

Fenena

Naham Goldman

Ismaele

Giulio Pelligra

Abdallo

Papuna Tchuradze

Le grand prêtre de Baal

Roger Joakim

Anna

Anne Renouprez

Chœur et orchestre de l’Opéra de Lège

Direction musicale

Paolo Arrivabeni

Liège, Opéra, mardi 18 octobre 2016, 20h

Un critique bilieux aurait beau jeu de dénoncer les faiblesses du Nabucco de Verdi présenté en ce moment par l’opéra royal de Wallonie. La mise en scène de Stefano Mazzonis est souvent lamentable de naïveté, et ne révèle aucune idée sur le livret, lequel se trouve réduit à ses pires clichés. Jamais les personnages n’ont paru aussi peu crédibles dans leurs revirements et leurs outrances. L’opéra à la mode de nos grands-parents, soit mais les temps ont évolué, et le public ne se contente plus d’une illustration aussi sommaire. Les éclats de rire qui accueillent la destruction de l’idole de Baal à l’acte II, désarticulée de l’intérieur de façon grotesque, le montrent à suffisance. Seuls quelques beaux éclairages et des costumes originaux sauvent le spectacle du naufrage scénique.

Les chœurs sont également une déception. Par rapport à ce qu’ils avaient laissé entendre dans Turandot il y a un mois, et vue la richesse des pages écrites par Verdi, on attendait beaucoup. Las, les pièges de l’écriture à contre-temps du compositeur mettent les choristes liégeois à rude épreuve, et même le célèbre « chœur des esclaves » tombe à plat, insuffisamment investi. A la décharge des artistes, on leur accordera qu’il n’est guère aisé de donner le meilleur de soi-même dans une mise en scène qui fait bouger les masses sur scène comme dans les années 50. Le malaise est palpable.


© Lorraine Wauters – Opéra royal de Wallonie

La distribution soliste compte quelques points noirs : Zaccaria est un rôle redoutable, où plusieurs grandes basses ont laissé des plumes. Cependant, la contre-performance de Orlin Anastassov est à la limite du professionnalisme. La justesse ne semble être à aucun moment une préoccupation du chanteur, et la façon dont il tourne autour de ses notes dans l’arioso avec violoncelle au I donne le mal de mer. C’est d’autant plus dommage que le matériau vocal est de premier ordre, avec un timbre de bronze et un volume qui paraît infini. L’Abigaille de Virginia Tola appelle de nettes réserves, surtout au début de l’opéra : la voix parait d’abord criarde et sans séduction et les vocalises sont souvent savonnées. Mais les choses s’arrangent au cours de la représentation, et elle termine sur une mort pleine de dignité, qui la montre davantage aux commandes de son instrument.

Toutes ces faiblesses s’effacent comme un mauvais rêve lorsqu’entre en scène le Nabucco de Leo Nucci, autour duquel l’opéra de Liège a intelligemment bâti son marketing. Peu importe qu’il arrive sur un cheval de bois aux couleurs psychédéliques, ou qu’on le transforme en vieux hippie après que Jéhovah l’a foudroyé. Nucci a l’autorité du rôle. Est-ce à cause des 300 fois où il l’a chanté ? De sa beauté vocale, exceptionnellement préservée à 74 ans ? Des expressions millimétrées qu’il sait faire passer sur son visage ? De son économie gestuelle ? Impossible à déterminer, et on touche ici aux limites de ce qui peut se dire sur la musique et l’opéra. Nucci est Nabucco, avec la même force que ce Dieu des Hébreux qui affirme « je suis celui qui est », et il n’y a rien à ajouter à ce fait. Sa seule présence vaut le déplacement. Il serait toutefois injuste de ne pas mentionner les autres sources de satisfaction du cast. Giulio Pelligra offre un Ismaele ciselé avec art, délivrant à la fois les raffinements du bel canto le plus aérien et une puissance jamais prise en défaut. Sa bien-aimée Fenena, Nahama Goldman est une révélation : une voix bien placée, des registres homogènes, une capacité à se faire entendre dans les ensembles où le personnage est souvent englouti. Tout cela dans une silhouette aussi mince et sulpturale ? On se pince … Les seconds rôles sont tous très bien tenus, et l’orchestre de l’opéra de Liège gronde et vrombit comme on l’attend dans ce Verdi « première manière », sous la baguette sans chichi de Paolo Arrivabeni.

Il y a donc un peu de tout dans ce Nabucco liégeois, et le pire y affronte le meilleur. Mais rien que pour Nucci, qui comme le confiait un de ses collègues en fin de spectacle « a écrit l’histoire du chant », tous les amateurs d’opéra devraient faire une embardée du côté de la Cité ardente.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en 4 parties

Livret de Temistocle Solera

Créé à la Scala de Milan le 9 mars 1842

Détails

Mise en scène

Stefano Mazzonis

Costumes

Fernand Ruiz

Lumières

Franco Marri

Nabucco

Leo Nucci

Abigaille

Virginia Tola

Zaccaria

Orlin Anastassov

Fenena

Naham Goldman

Ismaele

Giulio Pelligra

Abdallo

Papuna Tchuradze

Le grand prêtre de Baal

Roger Joakim

Anna

Anne Renouprez

Chœur et orchestre de l’Opéra de Lège

Direction musicale

Paolo Arrivabeni

Liège, Opéra, mardi 18 octobre 2016, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle