Forum Opéra

La Princesse de Trébizonde — Saint-Etienne

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
17 mai 2013
Merveille de la céroplastie

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Jacques Offenbach

La Princesse de Trébizonde
Opéra bouffe en trois actes
Livret de Charles Nuitter et Étienne Tréfeu
Créé au Théâtre de Bade le 31 juillet 1869

Mise en scène
Waut Koeken
Décors
Benoît Dugardyn
Costumes
Carmen Van Nyvelseel
Lumières
Nathalie Perrier
Chorégraphie
Joshua Monten

Zanetta
Amel Brahim-Djelloul
Le Prince Raphaël
Marie Kalinine
Trémolini
Emiliano Gonzalez-Toro
Régina
Romie Esteves
Cabriolo
Lionel Peintre
Paola
Marie-Thérèse Keller
Le Prince Casimir
Raphaël Brémard
Sparadrap
Antoine Normand
Le Directeur de la loterie
Christophe Bernard
Jeunes filles
Roselyne Giraud, Catherine Bernardini, Claire Babel, Anne Crabbe,
Catherine Séon, Stéphanie Boré
Figurants / Acrobates
Adriana Guéant, Cédric Boutet de Monvel, Sophien Fabre

Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire
Chef de chœur
Laurent Touche
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Direction musicale
Laurent Campellone

Grand Théâtre Massenet de Saint-Étienne, vendredi 17 mai 2013, 20h00

 

Avec La Princesse de Trébizonde, improbable rencontre entre une famille de saltimbanques et un duo de princes père et fils, l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne a réservé à son public une belle surprise de fin de saison. Cet hilarant opéra bouffe d’Offenbach, moins connu de nos jours mais qui connut un succès remarquable en 1869 et jusqu’à la fin du XIXe siècle, repose sur la parodie de situations convenues, le pastiche de formes théâtrales et musicales et une bonne dose de dérision et d’humour absurde. C’est une histoire de forains qui gagnent un château à la loterie puis s’y ennuient à mourir et se consolent en rivalisant de jeux de mots ; c’est un jeune prince, Raphaël, qui tombe amoureux d’une poupée de cire – la Princesse de Trébizonde – attraction foraine en réalité remplacée par Zanetta, la fille du saltimbanque Cabriolo, à la suite de son coup de plumeau malencontreux qui a cassé le nez de la figure de cire ; c’est un père princier et autoritaire, Casimir, qui doit finalement céder aux souhaits de son fils amoureux de la jeune Zanetta puisqu’il avait lui-même épousé autrefois « la célèbre plume d’acier », sœur de Paola et Cabriolo.

Jouant avec subtilité sur l’essence du comique – selon Bergson le mécanique plaqué sur du vivant -, les librettistes et le compositeur tissent des parallèles entre les poses figées des statues de cire et celles de l’aristocratie, célèbrent la rébellion du vivant contre l’esprit de système, déjouent les règles de la bienséance de classe et célèbrent les noces de la poésie et de la gouaille. À ce jeu-là, c’est Marie-Thérèse Keller qui remporte la mise : inénarrable Paola, elle lance ses répliques comme au café-théâtre, tout à la fois poissarde et grande dame, romantique et triviale, les pieds sur terre et le cœur dans les étoiles. Conformément à l’usage, les dialogues sont augmentés d’allusions à l’actualité – l’argent, l’éducation, la famille, le mariage (pour tous)… – et chacun s’en donne à cœur joie, notamment Lionel Peintre, excellent Cabriolo.

Waut Koeken a réuni tout ce monde dans un chapiteau, baraque des forains puis immense manège qui tourne comme la roue de la fortune avant de devenir la cage dorée des saltimbanques devenus châtelains. L’animation joyeuse qui règne de bout en bout repose aussi sur l’utilisation des ressources du spectacle de foire, avec paillettes et véritables acrobates, toiles tendues et mystérieuses entrées, jeux de lumières en accord avec la musique, magistralement interprétée par l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire, sous la baguette incisive et enjouée de Laurent Campellone. Le spectacle est également dans la salle : lorsqu’un intrus (Sparadrap – réjouissant Antoine Normand -, chargé de veiller sur la « candeur » du prince jusqu’à son mariage) se précipite parmi les rangées de sièges et qu’un personnage altier – le prince Casimir – surgit dans une loge de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, le directeur en personne vient s’excuser sur scène auprès du public et le chef, s’impatientant, réclame le droit de reprendre – tout cela dans une atmosphère boulevardière qui n’aurait certainement pas déplu à Offenbach.
 
Le chant, bien entendu, est aussi de la partie – non seulement avec Paola, déjà citée, mais avec le couple charmant que forment Marie Kalinine, sensible et attachant Prince Raphaël, déployant une belle voix de mezzo-soprano dans l’air des tourterelles tout autant que dans les couplets de l’irrésistible morceau d’ensemble « Ah ! J’ai mal aux dents », et la soprano Amel Brahim-Djelloul, délicate Zanetta au timbre clair et à l’émission aérienne. Leurs duos, « Quand un papa part », ou bien « Ô Malvoisie » / « Ô vin de Grèce », séduisent par l’art de donner au texte volontairement ridicule une dimension lyrique proprement émouvante.
L’autre couple, formé de la deuxième fille de Cabriolo, Regina, et de son soupirant Trémolini, est interprété avec brio par la mezzo-soprano Romie Estèves (on songe particulièrement aux couplets « Quand une femme est saltimbanque ») et le ténor Emiliano Gonzalez Toro, voix de velours et belle couleur de timbre – tous deux également excellents acteurs. Le ténor Raphaël Brémard compose un Prince Casimir de belle facture, avec un superbe phrasé et une émission aisée.

On sort joyeux et charmé d’un tel spectacle, et l’on garde longtemps dans l’oreille les airs des ensembles comme « Adieu, baraque héréditaire » (bien loin de l’asile héréditaire de Guillaume Tell !) ou encore le quintette des assiettes (« Tourne, tourne, tourne / En rapide tourbillon »). Comment ne pas être tenté de souhaiter longue vie à la Princesse de Trébizonde, lointaine préfiguration de l’Olympia des Contes d’Hoffmann, que Cabriolo présente comme « merveille de la céroplastie, la seule articulée et médaillée » !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Jacques Offenbach

La Princesse de Trébizonde
Opéra bouffe en trois actes
Livret de Charles Nuitter et Étienne Tréfeu
Créé au Théâtre de Bade le 31 juillet 1869

Mise en scène
Waut Koeken
Décors
Benoît Dugardyn
Costumes
Carmen Van Nyvelseel
Lumières
Nathalie Perrier
Chorégraphie
Joshua Monten

Zanetta
Amel Brahim-Djelloul
Le Prince Raphaël
Marie Kalinine
Trémolini
Emiliano Gonzalez-Toro
Régina
Romie Esteves
Cabriolo
Lionel Peintre
Paola
Marie-Thérèse Keller
Le Prince Casimir
Raphaël Brémard
Sparadrap
Antoine Normand
Le Directeur de la loterie
Christophe Bernard
Jeunes filles
Roselyne Giraud, Catherine Bernardini, Claire Babel, Anne Crabbe,
Catherine Séon, Stéphanie Boré
Figurants / Acrobates
Adriana Guéant, Cédric Boutet de Monvel, Sophien Fabre

Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire
Chef de chœur
Laurent Touche
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Direction musicale
Laurent Campellone

Grand Théâtre Massenet de Saint-Étienne, vendredi 17 mai 2013, 20h00

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle