Forum Opéra

Le Portrait de Manon|Le Villi — Limoges

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
23 février 2020
Souvenirs et préfigurations

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Le Portrait de Manon, opéra-comique en un acte, livret de Georges Boyer

Créé à l’Opéra-Comique le 8 mai 1894

Le Villi, opéra-ballet en deux actes, livret de Ferdinando Fontana d’après une nouvelle d’Alphonse Karr

Créé au Teatro Dal Verme à Milan le 31 mai 1884

Détails

Des Grieux / Guglielmo

Tassis Christoyannis

Anna

Joyce El-Khoury

Roberto

Lorenzo Decaro

Aurore

Sheva Tehoval

Jean

Victoire Bunel

Tiberge

Luca Lombardo

Chœur de l’Opéra de Limoges

Direction : Edward Ananian-Cooper

Orchestre de l’Opéra de Limoges

Direction musicale

Guy Condette

Opéra de Limoges, dimanche 23 février 2020, 15h

Les deux hommes ont une Manon en commun, c’est vrai. Tous deux ont une réputation de « chantres de la femme », de ces « petites femmes » qu’ils aimaient tant faire mourir à la fin de leurs opéras. S’il est possible de réunir Massenet et Puccini en une seule soirée, c’est parce qu’ils ont tous deux produit, à des moments très différents de leur carrière, des œuvres brèves, trop brèves pour vraiment occuper une représentation entière. D’une part, un débutant de 25 ans, dont Le Villi est le premier opéra, d’autre part, un compositeur quinquagénaire fêté, à qui son librettiste offre un prétexte pour revenir sur l’un de ses grands succès. Plus d’un siècle après, pour nos oreilles qui peuvent envisager l’ensemble de la carrière deux compositeurs, le rapprochement prend aussi le caractère d’un jeu, où l’on s’amuse à identifier les autocitations de Manon et à deviner le futur auteur de La Bohème. Mais curieusement, Puccini se souvient aussi, des œuvres de ses aînés, Verdi en tête, tandis que Massenet préfigure aussi certaines œuvres qu’il n’a pas encore composées essentiellement son Chérubin, où l’on retrouvera un rôle travesti et l’ambiance du pastiche néo-XVIIIe siècle.

Difficile, pourtant, de ne pas sentir un certain déséquilibre entre les deux œuvres, ne serait-ce que par la longueur : 45 minutes pour Massenet, 65 minutes, mais là n’est vraiment pas le plus important. Simple « lever de rideau » nostalgique, Le Portrait de Manon offre assez peu de choses à se mettre sous la dent, en dehors du beau monologue initial d’un Des Grieux vieilli et de l’air réservé à la soprano, sorte de sœur jumelle de la Sophie de Werther. Les amoureux ont droit à un bref duo qui joue sur l’association soprano-mezzo, le rôle du ténor étant largement sacrifié. Avec des moyens sans doute moins subtils, Le Villi frappe fort malgré une dramaturgie réduite au strict minimum : on s’aime, on se sépare, on s’oublie, on se retrouve (après la mort de la dame, devenue spectre) et l’inconstant est châtié par les Willis qui l’entraînent dans leur danse infernale. Le jeune Puccini met le paquet pour impressionner l’auditeur, et il y parvient assez bien, il faut le reconnaître.

Pour l’occasion, l’Opéra de Limoges avait fait revenir celui qui présida longtemps aux destinées de la maison : Guy Condette, dont la fougue lorsqu’il dirige le Pucini laisse absolument pantois. Vraiment la retraite semble bien loin pour le chef pourtant septuagénaire, et la prestation de l’orchestre suscite l’admiration. Celle du chœur n’est pas moins remarquable, qui confère aux esprits malfaisants toute la sauvagerie exigée par la partition.

La distribution vocale était belle, avec malgré tout quelques points moins enthousiasmants. Avec Tiberge, Luca Lombardo ajoute un rôle massenétien de plus à un palmarès dèjà impressionnant ; la voix a beaucoup perdu de sa souplesse, mais le personnage est si épisodique ce n’est pas bien grave. On est plus gêné par le manque de soleil dans la voix de Lorenzo Decaro : s’il a la solidité nécessaire, le ténor italien manque du charisme qu’on attendrait, même pour un personnage ne devant pas forcément susciter la sympathie. Face à lui, Joyce El-Khoury est souveraine et brûles les planches, même dans cette version de concert. Malgré quelques aigus peu agréables pour commencer, l’ardeur de l’incarnation et la sensualité de la voix opèrent bientôt, et l’on ne saurait résister à pareille héroïne.

Seul chanteur présent dans les deux œuvres, Tassis Christoyannis se montre particulièrement impressionnant dans l’air du père au début du deuxième acte des Villi, mais pour être nécessairement moins extraverti, son Des Grieux n’en est pas moins une superbe composition. Chez Massenet, si Victoire Bunel se fie peut-être un peu trop à la beauté de son timbre là où une diction parfois plus nette ne serait pas malvenue, Sheva Tehoval est une Aurore proche de l’idéal, par la couleur de sa voix comme par la fraîcheur de son interprétation.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Le Portrait de Manon, opéra-comique en un acte, livret de Georges Boyer

Créé à l’Opéra-Comique le 8 mai 1894

Le Villi, opéra-ballet en deux actes, livret de Ferdinando Fontana d’après une nouvelle d’Alphonse Karr

Créé au Teatro Dal Verme à Milan le 31 mai 1884

Détails

Des Grieux / Guglielmo

Tassis Christoyannis

Anna

Joyce El-Khoury

Roberto

Lorenzo Decaro

Aurore

Sheva Tehoval

Jean

Victoire Bunel

Tiberge

Luca Lombardo

Chœur de l’Opéra de Limoges

Direction : Edward Ananian-Cooper

Orchestre de l’Opéra de Limoges

Direction musicale

Guy Condette

Opéra de Limoges, dimanche 23 février 2020, 15h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle