Forum Opéra

Manon — Athènes

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
30 décembre 2018
Ce n’est pas là que les Athéniens s’atteignirent

Note ForumOpera.com

1

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique de Jules Massenet en cinq actes, sur un livret de Henri Meilhac et Philippe Gille, d’après le roman de l’abbé Prévost

Création à l’Opéra-Comique le 19 janvier 1884

Détails

Mise en scène

Thomas Moschopoulos

Décors

Evangelia Therianou

Costumes

Clare Bracewel

Lumière

Sofia Alexiadou

Dramaturgie

Kornilios Selamsis

Manon Lescaut

Christina Poulitsi

The Chevalier des Grieux

Ioan Hotea

Lescaut

Vangelis Maniatis

Le Conte des Grieux

Tassos Apostolou

Guillot Morfontaine

Christos Kechris

De Brétigny

Kostis Rasidakis

Un garde

Vassilis Kotsikogiannis

Poussette

Varvara Biza

Javotte

Diamanti Kritsotaki

Rosette

Athina Kastrinaki

Servante

Anastasia Christofilaki

Orchestre et chœur du Greek National Opera

Chef du chœur

Agathangelos Georgakatos

Direction musicale

Lukas Karytinos

Athènes, Greek National Opera, Stavros Niarchos Hall, dimanche 30 décembre, 18h30

Qui croirait la Grèce au bord du gouffre économique à la vue de son nouvel opéra ? Don de la Stavros Niarchos Foundation à l’état, le Cultural Center étale des formes tracées à la règle dans la baie de Faliro, à une vingtaine de minutes en voiture du centre-ville d’Athènes. L’architecte italien Renzo Piano, qui en son temps commit le Centre Georges Pompidou, a voulu le complexe tel un morceau de croûte terrestre avec au sommet une canopée censée évoquer un nuage. La bibliothèque étale ses angles en contrebas. Inaugurée en octobre 2017 par une représentation d’Elektra, la grande salle offre une capacité de 1400 places et des équipements technologiques dernier cri, dont un système de surtitrage bilingue intégré aux fauteuils. Du parterre, en dépit de panneaux de bois rouge censés réfléchir le son, l’acoustique semble perfectible. L’exiguïté des escaliers sur cinq étages à l’intérieur du bâtiment, l’absence de foyer ou plutôt son absorption par un hall d’entrée mieux adapté à un aéroport qu’à un théâtre laissent dubitatif quant à l’intimité de l’architecte avec la pratique lyrique. L’opéra ne serait-il plus une fête, et ses temples des lieux de plaisir ? Comme trop souvent dans ce genre de construction, la rigueur mathématique semble une injonction faite au rêve de passer son chemin.

Depuis qu’Elvira De Hidalgo, avant de prendre sous son aile une jeune chanteuse nommée Maria Callas, en chanta dans les années 1930 la partition, Athènes entretient une relation privilégiée avec Manon. On suppose que l’opéra de Massenet a pour les Grecs les attraits d’un exotisme « bon chic parisien », synonyme d’un univers d’élégance sophistiquée non exempt de luxure. Telle est la manière dont Thomas Moschopoulous actualise l’ouvrage. Créature extirpée d’une Fashion week à tendance sado-maso, le « Sphynx étonnant » pousse son dernier soupir dans les couloirs d’une aérogare, rendue à sa condition de technicienne de surface. C’est là l’histoire de Manon Lescaut ? Oui, quoi que puissent en penser les partisans de la plus stricte obédience au livret. Dans un décor vertical axé autour d’un tapis à bagages, devenu podium de mode lors du tableau du Cours-la-Reine expurgé de ses ballets, la lettre du récit est respectée au delta d’accessoires et de costumes empruntés à notre époque. Si d’ailleurs on se laisse prendre une nouvelle fois aux filets de l’opéra de Massenet jusqu’à renifler sur les dernières mesures, c’est en raison de l’approche scénique plus que musicale.


© Dimitris Sakalakis

Face à un chœur en déroute, Lukas Karytinos peine à recoller les morceaux d’une écriture volontairement composite. Bien que labellisé « Opéra-comique », Manon touche à tous les genres, du pastiche dix-huitièmiste aux élans pré-pucciniens. Sans mettre sur la table l’inévitable sujet de la diction française, ici allègrement négligée à l’exception de Vangelis Maniatis en Lescaut, les seconds rôles peinent à se glisser dans un format dit de caractère où compte d’abord l’art de la composition. A tout prendre, il faut des acteurs – ou du moins des diseurs – plus que des chanteurs pour croquer en quelques phrases Guillot de Morfontaine ou éviter que Rosette, Poussette et Javotte ne forment une réplique dévoyée des trois Dames de La Flûte enchantée. Et le Comte Des Grieux ne peut raisonnablement admonester son fils comme le Grand Inquisiteur Philippe II, ainsi que le propose d’une voix de stentor Tassos Apostolou.

Les deux amoureux ont été voulu plus légers que ne l’exige la tradition – et la partition. Manon peut-elle être confiée à une Reine de la nuit sous prétexte d’un air brillant au 3e acte ? Christine Poulitsi a certes la silhouette du rôle mais pour une « petite table » au dessin pur, combien de faussetés et de duretés. Ian Hotea chantait Almaviva dans Il barbiere di Siviglia cet été à Orange et cet automne à l’Opéra national du Rhin. En écoutant le jeune ténor roumain se débattre avec des Grieux, on comprend pourquoi Juan-Diego Florez, autre contraltino rossinien qu’il n’est pas interdit de prendre pour modèle, a attendu une vingtaine d’années pour ajouter le rôle à son répertoire. Non l’air du rêve, que des registres habilement mixés posent en apesanteur, mais tout le tableau de Saint Sulpice où la voix donne l’effet d’une coque de noix sur une mer déchaînée. Le naufrage est évité de justesse, mais ce n’est pas rendre service à de jeunes artistes que les mettre ainsi en danger. Le public, dissipé durant la représentation, réserve cependant un triomphe à l’ensemble des artistes. Si tout le monde est content, pourquoi se remettre en question ? Ainsi va trop souvent l’art lyrique aujourd’hui.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

1

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique de Jules Massenet en cinq actes, sur un livret de Henri Meilhac et Philippe Gille, d’après le roman de l’abbé Prévost

Création à l’Opéra-Comique le 19 janvier 1884

Détails

Mise en scène

Thomas Moschopoulos

Décors

Evangelia Therianou

Costumes

Clare Bracewel

Lumière

Sofia Alexiadou

Dramaturgie

Kornilios Selamsis

Manon Lescaut

Christina Poulitsi

The Chevalier des Grieux

Ioan Hotea

Lescaut

Vangelis Maniatis

Le Conte des Grieux

Tassos Apostolou

Guillot Morfontaine

Christos Kechris

De Brétigny

Kostis Rasidakis

Un garde

Vassilis Kotsikogiannis

Poussette

Varvara Biza

Javotte

Diamanti Kritsotaki

Rosette

Athina Kastrinaki

Servante

Anastasia Christofilaki

Orchestre et chœur du Greek National Opera

Chef du chœur

Agathangelos Georgakatos

Direction musicale

Lukas Karytinos

Athènes, Greek National Opera, Stavros Niarchos Hall, dimanche 30 décembre, 18h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle