Rossini est l’un des compositeurs les mieux servis à Garsington, et L’Italiana in Algeri est certainement l’un des titres les plus adaptés à l’ambiance festive des lieux. Pourtant la bonne humeur n’était pas complètement au rendez-vous ce soir, en raison d’une mise en scène trop sage et d’une scénographie tristounette. On saura gré à Will Tuckett de n’avoir pas surchargé la production de gags inutiles, mais même les scènes naturellement comiques ne font que sourire. Et il ne suffit pas de faire danser les chanteurs dans les ensembles (un lieu commun rossinien) pour donner vie à un plateau.
© Johan Persson
Heureusement, l’éxécution musicale vient globalement compenser ce manque d’énergie. Le rôle de l’Italienne est interprété par Ezgi Kutlu, d’origine … turque ! Voix de contralto sonore dans le bas de la tessiture, aux aigus impeccables et maîtrisant sans problème vocalises et variations. En Lindoro, Luciano Botelho rend justice aux difficultés de la partition, avec une bonne vocalisation, une projection correcte, mais montre la limite de ses moyens pour les nombreux suraigus, toujours exécutés mais un peu instables. Le Mustafà de Quirijn de Lang rachète par sa prestance et son abattage une technique un peu chaotique : les vocalises sont bien exécutées mais parfois le soufle manque pour terminer proprement une phrase musicale, les aigus sont impressionnants de puissance, mais parfois aboyés. Le Taddeo de Riccardo Novaro offre une voix saine, typique de baryton bouffe italien, mais à laquelle il lui manque un brin de folie dans l’interprétation. Pour une fois, le rôle d’Elvira n’est pas sacrifié, mais chanté avec panache par Mary Bevan. Le Haly de Bozidar Smiljanic et la Zulma de Katie Bray complètent parfaitement la disribution.
La direction de David Parry est vive, brillante, en tous points enthousiasmante, avec une formation impeccable de précision. Finalement, c’est surtout grâce à l’orchestre que nous vivons une « folle journée ». Quel dommage que ce chef ne soit pas plus présent en Europe !