Forum Opéra

Lady Macbeth de Mtsensk — Anvers

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
29 mars 2014
Sex crimes

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Lady Macbeth de Mtsensk – Opéra en 4 actes et 9 tableaux (1934) – Livret d’Alexandre Preis et du compositeur, d’après la nouvelle éponyme de Nicolai Lestov

Détails

Mise en scène
Calixto Bieito
Décor
Rebecca Ringst
Costumes
Ingo Krügler
Eclairage
Michael Bauer
Dramaturgie
Bettina Auer

Katerina
Ausrine Stundyte
Boris
John Tomlinson
Zinovi
Ludovit Ludha
Sergej
Ladislav Elgr
Aksinja
Liene Kinča
Haveloze boer
Michael J. Scott
Pope/ oude dwangarbeider
Andrew Greenan
Commissaris
Maxim Mikhailov
Leraar/ 3e arbeider/ koetsier/ dronken gast
Vesselin Ivanov
Wachter/ onderofficier/ sergeant
Thierry Vallier
Sonjetka
Kai Rüütel
Molenaarsknecht
Simon Schmidt
1e arbeider
José Pizarro
2e arbeider
Jonathan Raman
Huisknecht
Onno Pels
Rentmeester
Thomas Mürk

Koor van de Vlaamse Opera
Orchestre
Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera
Direction musicale
Dmitri Jurowski

Vlaamse Opera, Anvers, samedi 29 mars 2014, 20h

 

De la rencontre entre Calixto Bieito, metteur en scène sulfureux, et Lady Macbeth de Mtsensk, opéra jugé dégénéré par la censure stalinienne, l’on attendait un choc. Et c’est un raz-de-marée. Une vague de de sexe et de violence qui, submergeant le public, le laisse à la fin de l’opéra pantelant mais debout afin de saluer comme il se doit les artisans de cette réussite.

Ames sensibles s’abstenir, comme on pouvait le supposer, le metteur en scène n’a pas choisi d’édulcorer le propos d’une œuvre que Staline, choqué, exigea de retirer de l’affiche deux ans après sa création. Au contraire, Bieito surligne la crudité des mots et de la musique sans pour autant renoncer à user de symboles. Ainsi, la ferme des Ismaïlov est représentée par une villa moderne sur deux étages, d’un blanc aveuglant, posée sur un plateau recouvert de boue. A la famille du riche marchand cet univers aseptisé tandis que le petit peuple patauge dans la fange. L’irruption de l’ouvrier Sergej dans la vie de Katerina ne sera pas sans conséquences sur ce décor immaculé qu’une équipe de techniciens démembrera entièrement à la fin du 3e acte afin que la maison design devienne prison. Le message se fait politique lorsque, dans le commissariat, un pauvre bougre est violenté par les policiers. Le mot « gay » tatoué au fer rouge sur sa poitrine est sans doute une allusion à l’actualité récente. Poutine et Staline, même intransigeance ? Surtout, la direction d’acteurs sidère par son acuité. Nul n’est laissé à l’abandon, chacun se plie aux situations les plus extrêmes, mettant son corps autant que sa voix au service de cette vision sans concession : pas moins d’une vingtaine de rôles, tous remarquables, sans compter le chœur, impressionnant de cohésion, les techniciens et les musiciens appelés à ajouter à l’orgie sonore sur scène ou depuis les loges.
 

A ce stade de sa carrière, John Tomlinson n’est plus un Boris exempt de reproches. La tessiture est tendue, l’intonation souvent hasardeuse, l’accident inévitable mais la composition, évidente par sa monstruosité, rend déplacées toutes considérations d’ordre vocal. Sollicité au-delà du raisonnable, Ladislav Elgr n’hésite pas à baisser son caleçon pour mieux enfourcher sa partenaire. Ce Sergej possède une ardeur animale qui n’exclut pas une forme d’élégance. Le chant est à son image : puissant, fiévreux mais racé. Face à ces deux prédateurs, Ausrine Stundyne rend coup pour coup avec une intensité qui la voit, au tomber de rideau, brisée, incapable de répondre ne serait-ce que par un sourire, aux applaudissements enthousiastes de la salle. Si l’interprète achève le spectacle dans un état qui fait craindre pour sa santé mentale, la voix, elle, du début à la fin de l’opéra, n’a jamais flanché, obéissant à toutes les sollicitations de la partition. Ce soprano à l’engagement suicidaire, épanoui et tranchant, dessine une Katerina moins rongée par l’ennui que par une sensualité impérieuse qui la pousse, demi-nue, la nuit à s’arroser d’eau glacée.

Une même volonté d’absolu caractérise la lecture de Dmitri Jurowski. Richesse des climats, science des ruptures, magie des timbres et lyrisme éperdu : l’amour que porte le directeur à cette musique transparaît derrière chaque intention. Les cris, rires et autres nuisances sonores ajoutées qui parasitent l’écoute tout au long de la soirée, jusqu’à gâcher l’effet du formidable tutti orchestral au 4e acte, ne suffisent pas à desserrer l’étreinte d’un Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera transcendé.

Prochaines représentations : 1er, 3 et 6 avril. Plus d’informations.
 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Lady Macbeth de Mtsensk – Opéra en 4 actes et 9 tableaux (1934) – Livret d’Alexandre Preis et du compositeur, d’après la nouvelle éponyme de Nicolai Lestov

Détails

Mise en scène
Calixto Bieito
Décor
Rebecca Ringst
Costumes
Ingo Krügler
Eclairage
Michael Bauer
Dramaturgie
Bettina Auer

Katerina
Ausrine Stundyte
Boris
John Tomlinson
Zinovi
Ludovit Ludha
Sergej
Ladislav Elgr
Aksinja
Liene Kinča
Haveloze boer
Michael J. Scott
Pope/ oude dwangarbeider
Andrew Greenan
Commissaris
Maxim Mikhailov
Leraar/ 3e arbeider/ koetsier/ dronken gast
Vesselin Ivanov
Wachter/ onderofficier/ sergeant
Thierry Vallier
Sonjetka
Kai Rüütel
Molenaarsknecht
Simon Schmidt
1e arbeider
José Pizarro
2e arbeider
Jonathan Raman
Huisknecht
Onno Pels
Rentmeester
Thomas Mürk

Koor van de Vlaamse Opera
Orchestre
Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera
Direction musicale
Dmitri Jurowski

Vlaamse Opera, Anvers, samedi 29 mars 2014, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle