Forum Opéra

La traviata — Paris (Bastille)

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
26 septembre 2014
Venera Gimadieva, l’autre Violetta triomphe

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en 3 actes (1853)

Livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce La Dame aux camélias de Dumas fils (1852)

Pensez à réserver avant ou après votre spectacle au restaurant du Palais Garnier

Détails

Mise en scène
Benoît Jacquot
Décors
Sylvain Chauvelot
Costumes
Christian Gasc
Lumières
André Diot
Chorégraphie
Philippe Giraudeau

Violetta Valéry
Venera Gimadieva
Flora Bervoix
Anna Pennisi
Annina
Cornelia Oncioiu
Alfredo Germont
Ismael Jordi
Giorgio Germont
Luca Salsi
Gastone
Kevin Amiel
Il Barone Douphol
Fabio Previati
Il Marchese d’Obigny
Florian Sempey
Dottore Grenvil
Antoine Garcin

Orchestre et Choeur de l’Opéra national de Paris
Chef de Choeur
José Luis Basso
Direction musicale
Dan Ettinger

Opéra national de Paris, Opéra Bastille
Vendredi 26 septembre 2014, 19h30

Vendredi 26 septembre l’opéra Bastille faisait monter sur scène la deuxième distribution de la reprise de la production de la Traviata, mise en scène par Benoit Jacquot (compte-rendu de juin ici et de début septembre là). Dans la fosse, Dan Ettinger tient la baguette ; Venera Gimadieva, Ismael Jordi et Luca Salsi qui incarnent Violeta, Germont fils et père..

La soirée commence mal. Une panne électrique retarde le début de la représentation, impossible d’éteindre le plafonnier de la salle. Elle réduira l’acte II à sa plus simple expression : le banc de pierre, seul rescapé du décors. La gêne est inexistante, tant le dispositif imaginé par Benoit Jacquot apparaît vain maintenant qu’il a disparu. Non, ce soir l’écrin est avant tout dans la fosse. Dan Ettinger est un chef exigeant, il demande à ses musiciens et à ses chanteurs une attention de tous les instants. Il faut le suivre dans les contrastes qu’il impose d’une phrase à l’autre, dans un point d’orgue impromptu qui vient allonger une note, dans les crescendi menés accelerando des scènes de tutti. Tous le suivent, sauf peut-être les chœurs de l’Opéra de Paris, un peu mous dans leurs attaques au premier acte et manquant de puissance au moment de la fête chez Violetta, une fête devenue morbide dans la vision du cinéaste. Anecdote amusante, alors que Ismael Jordi s’apprête à entonner de sa voix claire le brindisi, une sonnerie de portable retenti. Dan Ettinger maintient sa baguette en l’air, et se tourne goguenard vers le coupable le temps que celui-ci retrouve la touche « silence » de sa petite machine. Une fois le calme revenu, le chef lancera enfin la page célèbre de l’opéra. La charpente du drame, le chef l’assoit aussi sur un travail fin des pupitres et notamment des cordes : violoncelles et contrebasses sont le pivot rythmique sur lequel viennent se déposer les violons, la petite harmonie et les cuivres. Jamais clinquante, à l’opposé de la fadeur métronomique de la série de juin, cette Traviata vit pleinement et respire la justesse dramatique.

Le théâtre nait aussi de l’intelligence des chanteurs. Des comprimari, tel Florian Sempey en Marquis d’Obigny, qui en deux interventions à la ligne élégante et un regard enjôleur construit son personnage de noble frivole, et tous sont à l’avenant, sans faille et engagés.

En tête d’affiche, le Germont de Luca Salsi ne séduit pas en permanence. La faute à des attaques étrangement aspirées, des imprécisions de justesse et une accentuation quasi-systématique sur les premières syllabes des mots qui brise la ligne de son chant. Il compose toutefois un personnage tout en rigidité, tant dans le maintien que dans la voix. Son entrée en scène est presque vindicative, le « Di Provenza » inégal, la première partie étant émaillée des défauts relevés plus haut, là où la seconde partie de l’air voit se développer une belle ligne et un legato élégant, la projection et le volume du baryton italien lui assurant un beau succès auprès du public.

Ismael Jordi continue ses prises de rôle dans les grandes maisons européennes, après Londres en juillet dernier où il incarnait Leceister dans Maria Stuarda (voir compte rendu), il faisait lui aussi ses début sur les planches parisiennes. La prestation est réussie vocalement sans briller particulièrement. La technique est assurée et si la voix est claire, elle sait se parer de soleil à l’occasion, et s’appuie sur un souffle long que l’artiste sollicite en conclusion de son air du deuxième acte, en tenant la note finale assez longuement. Pourtant l’aigu n’est pas souverain et il lui manque un brin de puissance et un peu de générosité dans les variations.

Enfin, triomphatrice de la soirée, Venera Gimadieva, qui après Limoges (2013) et Glyndebourne cet été, entre autres, effectue une première parisienne parfaite. Technique, solidité des registres, beauté des aigus, elle est impériale dans le premier acte où sa longueur de souffle lui permet d’enchainer les phrases du « Sempre Libera » avec aisance et de conclure la cabalette au suraigu. Son timbre corsé et rond fait ensuite merveille dans le deuxième acte, où libérée, elle peut enfin tisser son personnage autour de demi-teintes, de piani déposés sur une fin de souffle, d’accents plus forts aussi quand la dévoyée est encore révoltée. Le troisième acte sera de la même eau : la lecture de la lettre est très convaincante et l’« addio del passato » dans des nuances piano, tout en retenue. Aux saluts, c’est une demi standing-ovation qui l’accueille. Peut-être le public parisien était-il fatigué d’une soirée qui a cumulé trente minutes de retard.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en 3 actes (1853)

Livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce La Dame aux camélias de Dumas fils (1852)

Pensez à réserver avant ou après votre spectacle au restaurant du Palais Garnier

Détails

Mise en scène
Benoît Jacquot
Décors
Sylvain Chauvelot
Costumes
Christian Gasc
Lumières
André Diot
Chorégraphie
Philippe Giraudeau

Violetta Valéry
Venera Gimadieva
Flora Bervoix
Anna Pennisi
Annina
Cornelia Oncioiu
Alfredo Germont
Ismael Jordi
Giorgio Germont
Luca Salsi
Gastone
Kevin Amiel
Il Barone Douphol
Fabio Previati
Il Marchese d’Obigny
Florian Sempey
Dottore Grenvil
Antoine Garcin

Orchestre et Choeur de l’Opéra national de Paris
Chef de Choeur
José Luis Basso
Direction musicale
Dan Ettinger

Opéra national de Paris, Opéra Bastille
Vendredi 26 septembre 2014, 19h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle