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La traviata — Paris (Bastille)

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Spectacle
20 mai 2016
Du beau son mais peu d’émotion

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes et quatre tableaux

Livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux Camélias

Créé à Venise au Teatro La Fenice, le 6 mars 1853

Détails

Mise en scène

Benoît Jacquot

Décors

Sylvain Chauvelot

Costumes

Christian Gasc

Lumières

André Diot

Chorégraphie

Philippe Giraudeau

Violetta Valery

Maria Agresta

Flora Bervoix

Antoinette Dennefeld

Annina

Cornelia Oncioiu

Alfredo Germont

Bryan Hymel

Giorgio Germont

Željko Lučić

Gastone

Julien Dran

Il Barone Douphol

Fabio Previati

Il Marchese d’Obigny

Boris Grappe

Dottore Grenvil

Luc Bertin-Hugault

Giuseppe

Vincent Morell

Domestico

Marc Chapron

Commissionario

Andrea Nelli

Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Paris

Chef des chœurs

José Luis Basso

Direction musicale

Michele Mariotti

Paris, Opéra Bastille, vendredi 20 mai 2016 à 19h30

Sonya Yoncheva ayant dû, pour des raisons familiales, renoncer à la première de La Traviata, c’est Maria Agresta, prévue dans le rôle titre à partir du 11 juin, qui a eu la lourde tâche de la remplacer. La cantatrice italienne que l’on a pu applaudir à l’Opéra Bastille dans les rôles d’Elvira (Les Puritains) en 2013 et de Mimi en 2014 a incarné à l’automne dernier, au Théâtre des Champs-Élysées, une Norma qui n’a pas fait l’unanimité auprès du public. Le rôle de Violetta qui sollicite bien moins le registre grave convient mieux aux possibilités vocales de la soprano qui a livré un premier acte irréprochable sur un plan purement vocal : longueur du souffle, élégance du phrasé, superbes notes filées font merveille dans  « Ah forse è lui » ; la cabalette qui suit bénéficie d’impeccables vocalises et s’achève sur un solide contre-mi bémol. C’est à peine si les aigus forte nous ont paru un rien stridents. Cependant, l’on reste sur sa faim tant la cantatrice semble indifférente au sort de son héroïne et ne transmet aucune émotion ou si peu. Cette impression perdure au deuxième acte, notamment dans la grande scène avec Germont, malgré un superbe « Dite alla giovine » tout en demi-teintes. Sans doute, son remplacement au pied levé est-il responsable de cette absence  d’engagement dramatique. En fait il faudra attendre la toute fin du dernier acte pour que la soprano italienne se lâche enfin et livre une mort de Violetta touchante à défaut d’être poignante. Auparavant, son « Addio del passato » dont elle chante les deux couplets, s’achève sur un aigu triomphant, longuement tenu, qui témoigne d’une belle santé vocale, en parfaite contradiction avec la situation du personnage.

En face d’elle Bryan Hymel campe un Alfredo brut de décoffrage. Certes, les moyens sont là mais la manière brutale dont le ténor attaque les phrases et ses aigus émis en force évoquent davantage un guerrier conquérant qu’un jeune homme de bonne famille timide et réservé. Point de lyrisme ni de grâce dans cette interprétation somme toute bien peu italienne. Pourtant cet Alfredo réserve quelques moments intéressants : sa cabalette du deux « O mio rimorso ! O infamia ! » chantée avec une énergie désespérée est couronnée d’un magnifique contre-ut longuement tenu ; sa grande scène chez Flora face à Violetta, lui arrache des accents déchirants et enfin le tableau final le montre convaincant de bout en bout.

Grand habitué du rôle de Germont père qui est à son répertoire depuis de nombreuses années, Željko Lučić impressionne par l’ampleur de sa voix et les couleurs ambrées de son timbre qui font de son « Di Provenza il mar il suol » l’un des meilleurs moments de la soirée. La cabalette doublée ne manque pas non plus d’allure. Tout au plus pourrait-on lui reprocher quelques menus écarts de justesse dans les échanges avec son fils. Néanmoins, Il incarne avec conviction ce père qui se montre inflexible au deuxième acte avant d’être rongé par le remord au troisième.


© Christophe Pelé / OnP

Les seconds rôles n’appellent aucun reproche majeur, Antoinette Dennefeld est une Flora bien chantante tandis que le Docteur Grenville de Luc Bertin-Hugault est à court de souffle dans la phrase « La tisi non le accorda che poche ore ». Enfin les chœurs, bien préparés, excellent dans leurs interventions malgré le statisme que leur impose une mise en scène dans laquelle les chanteurs semblent livrés à eux-mêmes : Si Agresta et  Lučić parviennent à tirer leur épingle du jeu, Hymel se contente de postures convenues, sans imagination. Comme l’indiquait Christophe Rizoud dans son compte-rendu de la création de cette production en 2014, le travail de Benoît Jacquot s’avère bien décevant.

C’est finalement Michele Mariotti le triomphateur de la soirée : très théâtrale, sa direction alerte aux contrastes saisissants capte l’attention dès les premières mesures du prélude qui instaurent d’emblée un climat mortifère avant les éclats de la fête chez Violetta. Tout au long de la représentation, le chef italien se montre soucieux du moindre détail sans oublier de soutenir les chanteurs à qui il offre un écrin sonore somptueux.   

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Opéra en trois actes et quatre tableaux

Livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux Camélias

Créé à Venise au Teatro La Fenice, le 6 mars 1853

Détails

Mise en scène

Benoît Jacquot

Décors

Sylvain Chauvelot

Costumes

Christian Gasc

Lumières

André Diot

Chorégraphie

Philippe Giraudeau

Violetta Valery

Maria Agresta

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Antoinette Dennefeld

Annina

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